Violences sexuelles dans le sport

Outil pédagogique « Face à la violence, je réagis »

 

Suite au témoignage choc de l’ancienne patineuse Sarah Abitbol, le ministère des sports et les médias, notamment l’Equipe et l’Obs, éclairent un sujet longuement tabou dans le sport. Pourtant, dès 2007, des campagnes de prévention avaient été proposées en France sur cette thématique. Le CROPS, en partenariat avec la DRJSCS de Lille, avait alors mené et réalise encore à ce jour, des actions de préventions contre les violences sexuelles et les discriminations dans le sport, notamment de haut niveau.

Un outil pédagogique que le CROPS a conçu est d’ailleurs en vente : il s’agit d’un jeu de société « Face à la violence, je réagis ».

Brochure

Il s’agit d’un jeu interactif et ludique pour sensibiliser, prévenir et lutter contre les violences dans le sport.

Cet outil pédagogique innovant et efficace permet de nombreux échanges et débats sur les notions de respect et de citoyenneté pour un mieux vivre ensemble ; et peut être utilisé aussi bien avec des adultes que des jeunes (à partir de 12 ans).

L’objectif de cet outil est de permettre aux participants d’identifier et de gérer les différents types de violences (psychologiques et physiques : violences sexuelles, harcèlement, discriminations, homophobies, incivilités…) mais aussi de développer les notions de citoyenneté.

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Sensibilisations sur les phénomènes de violence dans le sport

 

La violence dans le sport : deux outils de prévention et de sensibilisation pour faire face à ces phénomènes !

 

Pour quoi :

Depuis quelques décennies, la violence est devenue une question de société majeure. Devant l’ampleur du harcèlement en milieu scolaire, le Ministère de l’Education Nationale a requis un état des lieux. Selon la première enquête nationale réalisée en octobre 2011 par Eric Debarbieux au sein des collèges publics, un enfant sur 10 est victime de harcèlement au collège et 6% subissent un harcèlement sévère ou très sévère.  Les actions de préventions sur ces phénomènes de violence constituent un enjeu majeur. Des pays européens ont déjà répondu à l’urgence de cette situation et mis en place des actions de préventions qui viennent endiguer ce fléau avec un taux de réussite de 50%.

Le monde sportif est-il épargné ? Il n’en est rien. Ces actes de violences semblent non seulement récurrents mais aussi se majorer et se propager. Pire ! Ils deviennent dans certaines structures sportives de véritables codes culturels, transmis de génération en génération et sont  souvent banalisés. Le milieu sportif, et qui plus est le milieu sportif de haut niveau, s’inscrit dans un contexte particulier. La volonté, la détermination, la force, tant physique que mentale, la capacité à surmonter les souffrances et les épreuves sont magnifiées, et sont autant de vertus et de valeurs à démontrer. Dès lors les brimades, les humiliations, injures et autres ne sont que des actes qui s’inscrivent dans une capacité à surmonter les épreuves, à s’aguerrir et à développer les qualités mentales inhérentes au sport, et au sport de haut niveau en particulier.

Le milieu sportif est un milieu qui expose davantage aux violences, et aux violences sous toutes ces formes, parce que cette violence est parfois banalisée mais aussi légitimée. Dans une étude effectuée en 2008 auprès de 1400 sportifs âgés de 11 à 35 ans, 31% déclarent avoir subi des situations de violences sexuelles (harcèlement, voyeurisme, attouchement, agressions…).

Notre expérience sur le terrain nous a révélé que ces phénomènes sont récurrents à toutes les structures sportives et que ces phénomènes se majorent. La demande ministérielle d’une sensibilisation sur les violences sexuelles, sur l’homophobie et sur les discriminations va dans le sens de nos observations.

Nous avons donc conçu deux outils ludiques et pédagogiques de prévention et de sensibilisation sur les phénomènes de violences intitulés :

 Le premier outil s’intitule: Bien vivre ensemble dans son sport : parlons-en !

Le premier outil vise à libérer la parole non seulement des victimes, mais aussi des agresseurs, et la prise de conscience du rôle capital des témoins. Cet outil comprend quatre temps dans l’intervention d’une durée de deux heures environ :

  1. Présentation de quatre saynètes comme introduction aux débats.
  2. Un « jeu débat » avec des questions comme : « comment peut-on intégrer les nouveaux ? » ou encore « qu’est-ce que la loi du silence? ».
  3. Un quizz ludique comme « A quel âge est la majorité sexuelle en France », ou encore « qu’est-ce que le happy slapping ?»
  4. Un diaporama qui reprend les questions du quizz et amène l’apport juridique et les sensibilise sur les risques encourus à transgresser la loi.

Notre expérience sur 225 sportifs du Parcours d’Excellence Sportive et 42 cadres a montré toute la pertinence de cet outil qui a généré de nombreux débats et échanges et la prise de conscience pour certains de l’impact de comportements violents. Il a également permis des échanges sur le respect de soi et des autres, des stéréotypes sur la sexualité, des problématiques autres comme  les troubles des conduites alimentaires.

Le deuxième outil est un jeu de société: « Face à la violence, je réagis ! »

Face à la violence, je réagis!

 

Après la parole, l’action ! Issu des théories sur la communication engageante, il reprend les thématiques du premier jeu auxquelles se rajoutent des thématiques sur les discriminations, le racisme et l’homophobie. Particulièrement ludique, il est aussi l’occasion d’entamer des échanges et des débats.

 

 

Objectif : L’objectif de cet outil est de permettre aux adolescents d’identifier et de gérer les différents types de violences (psychologiques et physiques) mais aussi de développer les notions de citoyenneté.

Sous objectifs :

– Diffuser des informations éducatives en rapport aux violences.

– Travailler sur les représentations concernant les violences et les stratégies pour y faire face, à travers le partage de réflexions et la mise en situation.

– Développer l’affirmation de soi par la prise de parole, l’argumentation et les jeux de rôle.

– Décrypter les modes de régulation et de fonctionnement à l’intérieur du groupe.

– Favoriser la réflexion sur les conséquences de la violence et le respect de soi et de l’autre.

– Renforcer et développer des compétences pour faire face à la violence.

– Développer le sentiment d’efficacité personnelle.

–  Réinvestir les réflexions et connaissances acquises dans le premier outil et poursuivre cette réflexion.

Construction de cet outil :

Différentes études et recherches (Peterson en 2000, Albarracin en 2006) montrent que les compagnes de persuasion, si elles sont efficaces au niveau des connaissances, n’amènent pas de changement de comportement dans la temporalité. Les recherches en psychologie sociale nous apprennent que la mémorisation, la compréhension des arguments d’une campagne de prévention ne déterminent pas l’intention ou l’incitation à se comporter (Ajzen et Fishbein, 1980; Petty et Cacioppo, 1986). Suite aux travaux issus de la psychologie sociale, tels ceux de White et Joules, les résultats montrent une efficacité notoire des actions de prévention lorsque celles-ci répondent aux principes de la communication engageante ; c’est-à-dire avec un acte préparatoire, un message persuasif et un acte engageant. L’engagement dans cet acte dépend du sentiment de l’individu à être libre de s’engager dans cet acte. Autrement dit, émettre un message persuasif (« non à la violence » par exemple) ne permet pas la modification des comportements.  La transformation des comportements, si l’on veut qu’elle soit durable, nécessite à la fois une compréhension et une réflexion sur le sujet, mais surtout que le sujet soit acteur.

Le jeu de société est un acte préparatoire en ce qu’il engage le participant dans la réflexion, l’analyse de l’action à travers les questions, les mots et dessins à faire deviner et les actions à réaliser. Il rend également le public acteur de la sensibilisation.

Dans un deuxième temps, un message fort (message persuasif) est repris en fonction des réflexions et actes posés précédemment. Il véhicule des notions de citoyenneté et de respect de soi et des autres. Il implique tout à chacun à agir ou réagir face à la violence.

Enfin, l’acte engageant consiste pour le groupe à créer un blason (sorte de fanion) et un étendard qui symbolise leurs visions et leurs représentations du respect de soi et des autres. Ce blason, signé par chacun, sera repris par le groupe, qui pourra, s’il le souhaite, le mettre dans leurs lieux de vie ou d’entraînement.

La construction de ces deux outils et les actions de préventions et de sensibilisation n’ont été possibles que part un partenariat étroit et fort avec la D.R.J.S.C.S. de Lille et le soutien du C.R.E.P.S. de Wattignies. Ces actions et ces deux outils ont montré toutes leurs pertinences par la multitude et la richesse des échanges et des réflexions, les expériences relatées, les émotions générées. Mais les constats sont parfois alarmants par leur nombre mais aussi par leur gravité. Ce qui est émerge de ces actions de sensibilisation est la généralisation de ces actes violents, une méconnaissance du sujet, des pratiques violentes accentuées chez les moins de 15 ans et dans certaines disciplines sportives, des écarts d’âge dans les structures qui accentuent les phénomènes. Mais aussi, la loi du silence est une notion polémique, l’intégration des nouveaux comme une vraie problématique, et le poids des leaders comme une vraie mainmise sur le groupe. La multiplicité des actes de violences et leurs gravités, la banalisation de ces actes nous ont particulièrement interpellés.

Télécharger la plaquette de présentation du jeu « Face à la violence, je réagis! »