La Préparation mentale : un outil au service du dirigeant

 

Le monde de l’entreprise et le monde sportif ont de nombreux points communs. Au travers de cet article, nous allons tenter de montrer en quoi la préparation mentale souvent préconisée chez les sportifs, peut être un atout précieux dans le monde de l’entreprise. Des thématiques transverses, comme la performance, la santé, la gestion du stress, la gestion des émotions sont connexes aux différents acteurs.

Des magazines spécialisés comme Management, les Echos, Be a boss, poussés par les mesures de l’Etat, conseillent dans le monde post covid de se réaliser via la création de son entreprise. Les livres de développement personnel et autres accompagnements type coaching promettent un individu libre et sans attache capable de créer sa propre activité auto-réalisatrice (Live mentor, Change, Edoni, pour ne citer que les plus connus).

Pour autant, Julia de Funes, dans son ouvrage « Le développement (im)personnel[1] », nous invite à être vigilant sur le fait que ces types d’accompagnement enferment le chef d’entreprise dans une image stéréotypée : une personne forte, enthousiaste et toujours positive, qui contrôle son destin. Image pas toujours représentative de la réalité.

Pour atteindre l’objectif personnel de réalisation de soi sans s’enfermer dans un perfectionnisme à outrance, le chef d’entreprise comme le sportif ont besoin de certaines habiletés mentales. Il s’agit de passer du statut d’amateur à celui de haut niveau, du statut d’auto-entreprise à celui de chef d’entreprise.

Selon l’Observatoire de santé au travail AMAROK[2] le capital santé des dirigeants constitue le premier actif immatériel de la P.M.E.. Par écho la santé du chef est la pierre angulaire d’un fonctionnement pérenne de l’entreprise. Plus concrètement, la qualité du sommeil et la capacité à gérer stress, pression et émotions, impactent directement les choix stratégiques.

Véritable homme-orchestre, le chef d’entreprise a souvent fait de son projet professionnel son projet de vie. Les petits tracas du quotidien usent considérablement ses ressources. En effet, il est enjoint d’agir en permanence dans sa vie privée et dans sa vie professionnelle. Diriger exige un engagement important en temps et en énergie souvent au détriment des activités familiales et de loisirs.

 

Mais de quelle pression parlons-nous ? Au cours de notre expérience, nous remarquons que nos patients chefs d’entreprise refusent la vulnérabilité. Ils mettent un point d’honneur à montrer que tout va bien. La pression est due à la croyance qu’il ou elle doit être au top toujours et dans tous les domaines : « je ne peux pas faillir ». Cette pression est très factuelle, ils portent souvent la responsabilité de faire vivre leur famille. Autre point, l’entreprise a été créée et organisée de façon à ce que tout repose sur eux.

 

Face à une difficulté, au spectre du burn-out ou tout simplement à un rythme de vie effréné malmenant l’équilibre, le chef d’entreprise conscient de son manque de temps et soucieux de sa santé recherche un accompagnement concret visant son développement.

 

Psychologue du travail en libéral, j’ai vu depuis quelques années augmenter les demandes de suivi individuel et collectif. Cette modification des besoins a impacté l’offre d’accompagnement. J’ai donc souhaité ajouter une corde à mon arc en me formant à la préparation mentale.

Intéressons-nous, maintenant au profil de ces nouveaux clients, patients, …

Ce témoignage est à considérer comme une expérience que je vous  livre, ni plus, ni moins. Il est le fruit d’une simple observation de mon activité depuis une dizaine d’années. En aucun cas il ne constitue une donnée pure.

Quel est le profil de mes clients ?

  • 1 femme pour 10 hommes
  • entre 40 et 50 ans
  • la demande fait suite à une rupture personnelle (ex : divorce) ou professionnelle (ex : dépôt de bilan). C’est la majorité des cas.
  • un profil hyperactif (multi-activité, profil de personnalité à « engagement » très fort, valeurs de loyauté)
  • pas ou peu diplômé, souvent autodidacte
  • une blessure personnelle impactant la confiance en soi, l’image de soi (ex : syndrome de l’imposteur)
  • une incapacité à concevoir l’échec
  • une forte créativité
  • un très bon niveau d’énergie

Je cite M CC,  «  être autodidacte avec un bon bagout relationnel et une grosse force de travail restent encore les meilleurs alliés pour se réaliser ». La création d’une entreprise apparait aussi comme un moyen de réparer une blessure. Un peu comme cet art japonais qui consiste à mettre une feuille d’or sur la fêlure (Kintsugi).

Voici quelques questions entendues, qui traduisent le doute et la peur de passer à côté de sa vie personnelle : Suis-je à la hauteur ? Ai-je fait les bons choix ? Quid de l’équilibre avec ma vie de famille et ma santé ? Comment être plus performant tout en protégeant ma santé ? Quel sens donner à ma vie, dans laquelle l’entreprise a tellement de place ? Tout cet investissement de ma part vaut-il le coup ?

La baisse des performances se matérialise par de mauvaises prises de décision, des troubles du sommeil, une irritabilité et disons-le, par moment une prise de produit dopant quelle que soit sa forme.

L’enjeu de l’accompagnement pourrait s’apparenter à la problématique suivante : Comment rétablir l’équilibre pour maintenir voire augmenter mes performances tout en protégeant ma santé et ma famille ?

 

Concrètement, comment se déroule un accompagnement ?

 

Un premier rendez vous sert à analyser la demande :

 

Quelle est la situation aujourd’hui ?

  • En quoi est-elle insatisfaisante ?
  • Quels en sont les inconvénients ?
  • Qu’y a-t-il de bon dans la situation présente ?
  • Quels sont les avantages à la garder telle quelle ?

 

Plusieurs questions sont ainsi nécessaires pour avoir une représentation au plus juste de la demande et définir les axes de travail. C’est au cours de ce travail de départ que spontanément la personne se livre. Des outils projectifs comme des jeux de cartes avec des animaux totem, des vidéos, des dessins sont souvent utilisés.

 

Le deuxième rendez-vous est consacré au chef d’entreprise au travers de sa personnalité, son identité professionnelle et personnelle, son mode de management et sa vision stratégique. Des questionnaires peuvent être utilisés pour appuyer la démarche (NEOPIR personnalité, WAIS IV pour le QI, Spotlight® performance comportementale, ….)

 

L’addition des deux rendez-vous me permet de créer une carte mentale de la problématique : d’où je pars ?

 

Il nous reste à définir où je veux aller. J’ai créé spécifiquement un livret d’accompagnement basé sur l’IKIGAY, (qui signifie « la vie », « ce qui vaut la peine », « la priorité, l’initiative » et « la beauté, l’élégance »). Les outils issus de la préparation mentale structurent de façon méthodique les points d’avancée des habiletés nécessaires au chef d’entreprise.

 

En fonction de la demande, je crée en étroite collaboration avec la personne un accompagnement défini par un nombre de séances et structuré par un objectif à chaque séance. La fixation d’objectifs via la méthode SMART (Simple, Mesurable, Atteignable, Réaliste et Temps) est notre fil conducteur. Un livret stagiaire, des vidéos et podcasts constituent, entre autres, des supports hors accompagnement.

La préparation mentale d’un chef d’entreprise suppose aussi une bonne hygiène de vie. Des conseils en micro nutrition, sur le sommeil, l’activité physique et l’aspect psychologique font ainsi partie de l’offre d’accompagnement globale. Cette démarche holistique peut se faire soit au cabinet soit en partenariat avec les professionnels référents.

 

Quelques exemples d’outils utilisés en préparation mentale :

La focalisation de l’attention vers ce que je cherche à obtenir : Cohérence cardiaque pour augmenter la concentration et la gestion du stress. Travail sur les pensées parasites (discours interne, restructuration du discours, travail sur les biais cognitifs).

La gestion des émotions : travail au niveau psychocorporel, développement de nouvelles stratégies de régulation, transmutations.

La gestion du temps et des priorités : définition de l’équilibre, mise en place de routine de performance.

 

Quels résultats peut-on attendre ?

Simplement l’atteinte de ces objectifs par la définition d’une ligne directrice permettant de maintenir l’équilibre vie pro et vie perso.

Une amélioration des prises de décisions par le développement d’habiletés cognitives et émotionnelles.

Une capacité à être plus créatif par un mindset de type recherche de solutions.

 

Article rédigé par Hélène Sido.

 

[1] De Funes Julia, Développement (im)personnel, Les éditions de l’Observatoire, 2019.

[2] http://www.observatoire-amarok.net

Mindfulness Pleine Conscience pour la Performance

Mon avis sur l’ouvrage: 

« Mindfulness Pleine Conscience pour la Performance » écrit par Jean Fournier et Marjorie Bernier.

Article rédigé par Yancy Dufour

La Mindfulness constitue l’outil principal de la 3ème vague des TCCE (Thérapies Comportementales, Cognitives et Émotionnelles). Je l’ai intégrée dès le début des années 2000 dans mes cours en faculté puis dans le cadre de la Préparation Mentale (PM) auprès des sportifs. J’ai moi-même réalisé un protocole MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction) et plein d’autres formations en méditation, j’ai beaucoup expérimenté. J’ai donc un point de vue personnel, théorique et pratique, sur sa pertinence et son utilisation.

Jean Fournier et Marjorie Bernier, chercheurs reconnus en psychologie du sport, ont sorti cet ouvrage en avril 2023.  Ils travaillent sur cette thématique depuis une vingtaine d’années et leur proposition de programme de PM des athlètes via la Mindfulness m’intéresse fortement. Jean Fournier (président de la Société Française de Psychologie du Sport) m’a gentiment offert cet ouvrage et j’avais hâte d’en faire la lecture.

Pleine Conscience pour la Performance : la Mindfulness est une pratique attentionnelle !

Dès le départ je suis en adéquation avec les auteurs qui choisissent volontairement le terme de Mindfulness plutôt que méditation. Il s’agit d’un entraînement de l’attention ou de la pleine conscience et il est préférable d’éviter toute association avec spiritualité, religion ou philosophie. Ce point de vue est très pertinent dans le cadre de la PM chez les sportifs car il exclut toute vision un peu « nébuleuse » de cette pratique en proposant des outils concrets.

La Mindfulness : un axe d’intervention critiquable, si unique

En début d’ouvrage, les auteurs résument le travail des préparateurs mentaux à une lutte contre les pensées négatives, affirmant que les préparateurs mentaux sont dans l’hyperpositivisme et le contrôle. Je comprends cette critique, certains fonctionnent ainsi, mais cette vision n’est certainement pas réaliste des bonnes PM réalisées sur le terrain.

Mettre en avant une méthode en commençant par critiquer ce qu’il se fait, avec une vision très réductrice, ne me semble pas être une démarche très louable. Je ne suis pas d’accord avec leur description de la PM telle qu’elle est réalisée d’après eux.

Il est fréquent d’entendre des psychologues du sport partisans de la Mindfulness de ne jurer que par cette thérapie en rejetant les approches comportementales et cognitives des TCCE. Plusieurs arguments peuvent être avancés contre ce point de vue. Il est injuste de rejeter des outils qui ont fait leur preuve. Les différentes approches peuvent coexister. La réalité du terrain nous montre que toutes les méthodes ne fonctionnent pas avec tous les sportifs. Il n’est pas si simple que cela de sensibiliser à la Mindfulness. Etc.

Pour ma part, fort conscient par exemple du manque d’efficacité immédiat de la Mindfulness, et côtoyant quotidiennement le monde la performance centrée sur des résultats rapides, je sais très bien qu’il est très intéressant de commencer par des outils comme les routines de performance, l’imagerie mentale, le switch, la fixation d’objectifs… avec une présentation allant dans le sens de la pleine conscience, mais de ne pas présenter directement la pleine conscience. Cette mise en avant exclusive de la Mindfulness est critiquable. Elle peut être justifiée scientifiquement mais pas quant au terrain et sa complexité.

Un programme PCP (Pleine Conscience pour la Performance) très bien construit

Le programme proposé par les auteurs me semble très pertinent et cohérent. Il est articulé autour de 3 axes :

Axe 1 : Pleine Conscience (comment développer sa pleine conscience ?)

Étape 1 : comprendre et s’engager dans le programme. « Faire avec » ses pensées, émotions et sensations plutôt que de « lutter contre ».

Étape 2 : 6 semaines d’entraînement. D’abord entraîner la lucidité (par exemple 10 minutes de concentration tous les jours sur sa respiration, + scans corporels rapides), puis entraîner l’acceptation (prendre de la distance par rapport à ses pensées : pensées qui passent en arrière-plan comme un train, pensées qui glissent…) et enfin entraîner de manière spécifique (proposition très intéressante de séances de pleine conscience intermittentes : alterner entre une concentration de pleine conscience pendant 30 secondes ou 1 minute et une activité libre qui occasionne des distractions).

Étape 3 : préparer les compétitions (appliquer : Prendre Conscience, Accepter et Se reconcentrer en compétition).

Axe 2 : Points d’Attention (sur quoi se concentrer pour performer ?)

Dans cette partie vous trouverez une description efficace des éléments pertinents sur lesquels le sportif doit focaliser son attention (différences entre points d’attention interne ou externe, entre débutants et experts, associatifs versus dissociatifs). Les discussions et controverses sont intéressantes.

Axe 3 : Routines (comment avoir des routines efficaces ?)

Dans cet axe, les auteurs intègrent ce qui a été travaillé dans les deux axes précédents dans un outil connu en PM : les routines de performance. Elles sont ici limitées majoritairement à des actions courtes et spécifiques. Ils proposent la structure suivante :

1 : faire la transition avec un Scan ;

2 : faire un choix, prendre une décision ;

3 : se focaliser sur ce qu’on a à faire.

En fin d’ouvrage figurent un chapitre avec quelques éléments scientifiques justifiant la Mindfulness dans le sport, ainsi qu’une boite à outils avec des séances audio gratuites et des exemples d’exercices.

Je recommande cet ouvrage. Il a été écrit par des personnes investies dans la psychologie du sport, qui maitrisent leur thématique, avec des appuis scientifiques, tout en créant un protocole de terrain qui me semble pertinent et que je vais tester auprès de sportifs, tout en conservant le point de vue que je défends : la Mindfulness s’inscrit dans un moyen/long terme et dans la complémentarité des divers outils des TCCE.

Yancy Dufour

Psychologie des sportifs : Comment rester compétiteur pendant le confinement

Alors que le calendrier sportif n’a jamais été aussi vide, les athlètes de haut niveau doivent poursuivre leurs entraînements, mais sans objectif ni compétition à l’horizon. Leur esprit guerrier peut être mis à mal pendant ce confinement. L’objectif pour eux est donc d’optimiser cette pause imposée pour consolider leur mental d’athlète.

Témoignage de Nathalie Crépin dans l’article rédigé par Apolline Merle pour France Tv Sport le 1er mai 2020.

Quand on regarde le calendrier sportif pour les prochains mois, on a l’impression de s’aventurer dans une grande traversée du désert. Un grand vide qui n’est pas sans conséquences pour les athlètes et qui rend difficile toute projection. Mais ce grand vide et cette perte de repères peuvent perturber l’esprit de compétition, essentiel pour tout athlète de haut niveau.

A l’image du physique, le mental sans entraînement, peut être mis à rude épreuve. “Comme le physique, il peut y avoir aussi une part d’innée dans le mental, mais il faut malgré tout beaucoup de travail derrière. Plus vous allez le travailler et plus vous allez le développer, analyse Nathalie Crépin, psychologue du sport et préparatrice mentale. Sur des périodes comme celle que nous vivons aujourd’hui, si vous le travaillez moins, la capacité sera elle aussi moindre. En revanche, plus il y aura un travail en amont, plus cela va être facile de le retrouver, tout comme l’aspect physique.

Motivation et routine de performance

Lya Auslander, docteure en psychologie et experte en sport, santé et préparation mentale, explique elle que ce n’est pas l’esprit de compétition qui se perd mais plutôt les routines de performance. “Ces routines sont des schémas de pensées, d’actions ou d’images que l’on reproduit systématiquement avant d’exécuter une performance. Elles optimisent la motivation. Le confinement les a déréglées. C’est pour cela qu’il faut un maintien des repères et de la discipline de vie afin de se préparer à la reprise.” Pour cette spécialiste, l’esprit guerrier des sportifs peut-être “en sourdine sans échéance définie”. Mais la situation reste délicate pour certains professionnels, à tel point que Lya Auslander fait le parallèle avec la blessure physique. “Certains vivent cette période comme s’ils avaient vécu une blessure soudaine, qui a demandé un arrêt intempestif et avec une incertitude sur la reprise.”

On ne peut pas parler d’esprit de compétition, sans parler de la motivation. Alors que les athlètes sont confinés et sans compétition au calendrier, il est difficile pour eux de garder la motivation de poursuivre l’entraînement. “Dans notre monde, le tempo des sportifs est donné par les compétitions. Les entraînements sont toujours préparés en fonction des événements. Ces moments sont organisés et rythmés par des temps de travail avec des intensités différentes, des stages et des moments de repos, analyse Meriem Salmi, psychologue à Paris et experte à l’Insep. Or aujourd’hui, comme il n’y a pas de date de reprise, les sportifs ressentent une sensation de vide.”

Pour combler ce manque, certains sportifs comme le perchiste Renaud Lavillenie, qui affrontera Armand Duplantis depuis son jardin dans un concours inédit à distance le 11 juin, se trouvent des challenges à relever depuis leur domicile. “La compétition leur manque beaucoup. Ils ont un vrai besoin de retrouver cet esprit-là pendant le confinement”, analyse encore Meriem Salmi.

Alors, face au désarroi des athlètes, les psychologues du sport tournent le problème à l’envers, et affirment que cette période de confinement est propice au travail sur l’aspect psychologique. “On essaie de s’entraîner autrement, en s’orientant davantage sur la concentration, sur des éléments qu’on ne travaille pas d’habitude par manque de temps. Un travail qui pourra être utile à la sortie du confinement”, souligne-t-elle.

“Le confinement est un vrai moment de compétition pour eux”

Il y a deux caractéristiques psychologiques importantes du sportif de haut niveau, et que l’on retrouve d’ailleurs dans cette situation de confinement, c’est la capacité de se dépasser et de s’adapter, approfondit Nathalie Crépin. On va donc travailler sur cette ‘niaque’, cette combativité, ce dépassement de soi et cette capacité à se projeter, mais aussi axer sur un travail de fond sur la connaissance de soi, se recentrer sur soi, repenser ses objectifs, et comment faire de ce moment inédit un défi. Car, pour les athlètes, le confinement, est un vrai moment de compétition.”

Si les trois expertes reconnaissent que les sportifs déjà accompagnés sur le plan psychologique seront surveillés, il faut toutefois avoir une attention particulière avec ceux qui ne le sont pas. D’ailleurs, le confinement a pu être bénéfique pour ceux qui n’avaient pas de suivi psychologique jusqu’à présent. “Certains ont pris conscience qu’il fallait être suivi sur le plan mental, et que le confinement s’y prêtait”, indique Nathalie Crépin.

Les jeunes sportifs davantage concernés

En revanche, l’âge et la maturité des sportifs peuvent être des facteurs plus ou moins puissants dans cet esprit de compétition perturbé. Les sportifs expérimentés, qui ont des années de pratique de leur sport derrière eux, et l’habitude des imprévus, le propre de la compétition, auront moins tendance à se démotiver que les plus jeunes, qui n’ont soit pas encore d’accompagnement psychologique soit qui n’ont pas encore commencé de préparation mentale. “Les jeunes athlètes peuvent avoir plus de difficultés à gérer cette notion d’imprévus, tout simplement parce qu’ils ne l’ont jamais vécu”, ajoute Nathalie Crépin.

Alors, comment aider les athlètes qui perdent de leur esprit guerrier ? Pour qu’ils retrouvent ‘leur niaque’, Nathalie Crépin insiste sur le travail des objectifs. “A court terme, il faut axer sur la capacité de dépassement de soi et bien comprendre quel aspect mental je vais travailler précisément. A moyen terme, il s’agit de réfléchir à la manière dont je vais mettre en place les objectifs fixés, quels seront les obstacles et les incertitudes. En posant ces jalons, les sportifs peuvent ainsi se projeter et retrouver cette combativité.”

Retrouver une combativité et pourquoi pas, ressortir plus fort de ce confinement. “Se questionner sur le sens de notre sport, comprendre pourquoi on le fait, s’il s’agit d’un désir de reconnaissance, une envie de médailles ou simplement pour nous-même, pose Lya Auslander, permettra aux athlètes d’en ressortir grandi.

 

Article rédigé par Apolline Merle,

Publié le 1er mai 2020 sur France Tv Sport:  Retrouver l’article ici

Mobiliser des ressources pour activer le changement et gagner en efficacité durant cette période

Si je souhaite agir différemment (autres ressentis, émotions, pensées, comportements), voir et faire les choses autrement me parait indispensable.

Si je ne change rien, je produirai des situations identiques à celles du départ.

« La folie est de toujours se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent« . Albert Einstein

En voyant bon nombre d’articles, nous pouvons lire : il ne faut pas faire ceci ou cela, il faut faire ceci ou cela, éviter ceci ou cela… La période est difficile, inattendue, on parle de doutes de suppositions, d’avenir mais…

Pour la première fois en tant qu’athlète ou personne : « j’ai le temps » de travailler sur moi sans pression temporelle, de résultat, d’enjeu, de sélection. J’ai le temps de prendre le temps (même si cela fait peur, il y a tellement à potentialiser durant cette période) afin de construire, avec de l’aide ou non, mes axes d’évolution et d’intégration de nouvelles « lignes de codes cognitives », d’un nouveau réseau de connexions synaptiques°, bref de façon de penser et donc d’agir et vice et versa.

            C’est-à-dire, de manière imagée, développer le réseau de communication de mon système nerveux. (En d’autres mots passer de la 2G à la 5G interne!!!)

—————————————————————————————————————————–

Voici une métaphore afin d’expliquer mes propos :

  • Si je pose mes « valises pleines » au début de cette période, lorsque je les reprendrai je ne pourrai utiliser uniquement ce que j’ai laissé dans ma valise et rien n’aura changé ou si peu, si ce n’est le degré « d’humidité » qui correspondra à l’anxiété / incertitude liée à la reprise
  • Si je prends le temps de changer le contenu de ma valise ainsi que de garder les vêtements qui me plaisent, je pourrais choisir de « m’habiller comme je veux » lors de la reprise et avoir d’autres choix possibles

L’humidité correspond en termes d’image à toute l’anxiété, culpabilité, stockée (durant cette période) dans la valise si elle n’a pas été ouverte et à toute celle qui  sera engendrée par la reprise si aucun travail n’a été effectué.

—————————————————————————————————————————–

Fréquemment, lors de situations imprévues émotionnellement fortes ou « pressurisantes », le cerveau reptilien peut enclencher un de nos 3 comportements de base qui sont, le fuite, l’inhibition ou l’agression, que l’on pourrait traduire ici, comme l’évitement, le laisser faire ou le déni et la suractivité inadaptée.

A l’origine, dans le monde sauvage, le stress est un mécanisme qui permet d’assurer la survie individuelle. Il y a en fait 3 stress, ou 3 modalités de stress: La fuite, la lutte et l’inhibition. Les 3 stress sont pilotés par l’hypothalamus qui est une partie primitive du cerveau, et ces 3 comportements sont donc partagés par la plupart des animaux, dont l’humain. (J FRADIN)

 

Le postulat de départ est donc de faire un état des lieux grâce à l’aide d’un « body scan » et « mental scan* » hors jugement de mon équilibre physique et mental comme point de départ. Je pose la synthèse du Scan sur un papier ou sur ordi simplement, pour y revenir ensuite. Je peux y associer une musique, une image, un personnage de pâte à modeler ou un dessin que je façonne en fonction de ce constat de base. (Ce petit travail en lien avec les canaux sensoriels appelés VAKOG)** https://www.youtube.com/watch?v=amJoA_fPe2U

Une fois le scan fait, je vais me poser quelques questions, parmi ces exemples, afin de définir des objectifs clairs de changement. Car ce dont je suis persuadé, c’est de profiter de cette période pour remplir « ma valise ».

  • Qu’est-ce que je veux exactement pour moi ?
  • Qui je veux être comme personne, comme athlète ? (par exemple, comment je veux réagir face à telle ou telle situation ? quoi mettre en place pour être efficace ? Qu’est-ce que je veux penser de moi si je me regardais ?…)
  • Quelles ressources ai-je et lesquelles ai-je envie d’avoir pour atteindre mon rêve ou mes objectifs ?
  • Qu’est-ce que je ne veux plus ?
  • Qu’est-ce que je ne veux plus voir se produire ?
  • Comment ai-je évolué (ou pas) depuis le début du confinement ?
  • Qu’ai-je développé pour aller vers une évolution de moi-même ?
  • Comment je veux agir à la fin de cette période dont je ne connais pas la fin exactement ?
  • Comment je peux utiliser chaque instant pour me poser en conscience ou pour travailler sur ce que je ne prends pas assez le temps de travailler habituellement ou que je n’ai jamais osé travailler?

 

L’idéal est de faire ce travail de manière accompagnée, mais il peut bien évidemment se faire de manière autonome.

Après avoir répondu aux questions (toutes ou parties) que l’on a choisies, telles quelles ou modifiées, je vous conseille de concrétiser ou matérialiser les objectifs recherchés en y associant une musique, une image, une sculpture en pâte à modeler ou un dessin qui  représenteront l’état ou le fonctionnement, ou le comportement recherché.

Ces associations vous permettront de définir et d’avoir une vision claire de vos axes d’évolutions et de mettre les moyens correspondant en place.

Pour rendre plus concret cette anamnèse, vous pouvez utiliser le principe des cartes heuristiques ou « Mind Map » (dessinées ou dématérialisées) qui permettent d’avoir une vision claire entre l’objectif à atteindre et le chemin pour y parvenir***.

Pour cela voici un exemple d’entraînement mental à base d’imagerie° mentale accompagné, et effectué avec un escrimeur pour travailler sur des situations problèmes vécues antérieurement. L’athlète s’est fixé entre autre comme objectif d’être plus efficace dans les situations de difficultés émotionnelles. Après avoir mis en place le protocole de relaxation préalable pour travailler en Imagerie,  l’athlète se plonge mentalement dans le début de ce match problématique.

°L’activité d’imagerie est une expérience symbolique, qui réfère à des processus mentaux mais qui peut renvoyer à n’importe quel registre sensoriel.» (Hardy et Jones, 1994). La représentation mentale d’un mouvement et son exécution réelle activent des structures cérébrales communes (e.g. Decety et al., 1994 ; Gerardin et al., 2000 ; Lotze & Halsband, 2006) et s’accompagnent de modifications physiologiques et psychologiques périphériques comparables (e.g. Decety et al., 1991 ; Guillot & Collet 2005b),

Cliquez sur le lien pour visionner la vidéo

 

  • Contexte originel: lors d’une compétition internationale

– Juste avant d’entrer sur la piste en match de tableau, je suis inquiet quant au déroulé du match. J’ai peur de l’issue du match, je n’ai pas bien tiré en poule je suis inquiet, je me sens tendu et crispé….

Description résumée des ressentis et images du sportif :

Je suis à l’intérieur de moi, je suis juste avant de rentrer sur la piste

Je suis debout, je trépigne, je suis tendu, je me projette dans le match. Je vois l’adversaire et je suis centré sur lui,

Je me dirige vers la piste, je mets mon masque et je me branche, je me demande ce que l’adversaire va faire, je me sens lourd

En garde, prêt, aller, je suis spectateur, je n’arrive pas à prendre de décision, c’est l’adversaire qui fait tout, j’attends et je prends la touche….

A ce moment il est proposé  à l’athlète de faire un stop et de rembobiner au départ. On enclenche le film en introduisant des situations travaillées au préalable.

Résumé :

  • Tu t’assieds, tu te poses, tu respires, à chaque expiration, tu acceptes de te détendre et tu t’ancres dans le moment comme à l’entrainement. Tu vas chercher dans ton esprit, ton jeu, ton rythme, ta distance, tes points forts. Que ressens-tu ? Que vois-tu? …

(Je suis posé et je suis centré sur ce que je sais faire. Je suis dans le moment)

  • Tu montes sur la piste (masque et branchement) Que ressens-tu? Que vois-tu?

(Je prends le temps et je choisis une action, je suis le patron, je vais l’amener dans ma distance…)

  • En garde, prêt, allé, que ressens-tu? Que vois-tu?

(Je bouge et je suis calme et détendu. Je décide et je l’oblige à venir, j’impose le rythme)

  • Ok tu sors de toi comme si tu te regardais sur une séquence vidéo, que ressens-tu? Que vois-tu?,

(Je suis mobile, je mets du rythme, je dirige)

  • Cela correspond-il à ce que tu ressens à l’intérieur? (Oui, je fais ce que je sais faire)
  • Ok, maintenant tu enregistres dans chaque partie de ton corps et de ton cerveau ce ressenti de confiance en lien avec l’imagerie de correction de départ.
  • Quand c’est enregistré, quand tu le décides tu reviens avec moi ici et maintenant en Visio…
  • Tu travailles cette situation tous les jours ou plus et on fait le point la prochaine fois.

Nous allons jusqu’à la fin du premier extrait. Ce qui est extraordinaire dans ce travail c’est qu’à partir du moment où le sportif arrive à enclencher un état d’esprit différent, il trouve en autonomie l’escrime qu’il souhaite mettre en place et reprend le contrôle.

Ces situations « problèmes » reconditionnées/reprogrammées par répétition mentale (changement des lignes de code mentale) se substitueront aux anciennes enregistrées cognitivement lors des évènements sportifs passés. Elles pourront être ancrées dans le cerveau et comme routines de performances° sous forme de ressources à activer le moment souhaité.

°Routines de performance : « La routine est un ensemble de schémas de pensées, d’actions ou d’images, que l’on reproduit systématiquement avant d’effectuer une performance » (Crews & Boutcher, 1986). Afin d’atteindre la ZOF (Zone Optimale de Fonctionnement) en influant sur l’activation et permettant de réguler Stress et émotions.

Bien sûr d’autres situations peuvent être travaillées telles que le renforcement des points forts, blessures, confiance en soi, technique gestuelle etc… Ce protocole ne sert pas uniquement à régler des problématiques mais bien à être congruent entre ce que l’on veut et ce que l’on fait…

De manière fonctionnelle, il est beaucoup plus efficace pour ce type de travail de fractionner l’entrainement mental (accompagné ou non) en plusieurs petites sessions par semaine, pour qu’il soit régulier et non pesant. Pour cela il est bon de définir l’organisation de la semaine à l’avance en utilisant par exemple la matrice « Eisenhower » (Urgent/important****)

Bien évidemment l’idée n’est pas ici de vous détailler l’utilisation des outils mais de vous donner envie d’aller chercher des ressources (même à distance) qui vous permettront de construire et d’utiliser vos propres outils dans le but de mettre en place des comportements adaptés pour être efficace sur le terrain.

Cette période au départ vue comme un problème, un frein ou quel qu’autre difficulté est une période qui peut permettre de devenir proactif, créateur de sens, acteur, faire quelque chose de productif pour soi. Devenir qui l’on souhaite devenir.

 

L’important n’est pas ce que l’on a dit ou vécu mais ce que l’on en fait !!!!

Comme nous pouvons le lire fréquemment, l’utilisation d’outils tels que la méditation, le Mindfulness, la cohérence cardiaque, la sophrologie, aident à la gestion de la période. Ils permettent de gérer l’incertitude, l’anxiété, le stress, et c’est fondamental. Nous parlons ici d’utiliser cette période dans le but de s’entrainer mentalement et de se préparer à être plus fort et efficace notamment dans un domaine laissé pour compte la plupart du temps à savoir l’entrainement mental.

A la fin de la période nous procèderons de nouveau à un état des lieux sur le même principe qu’au départ. Nous comparerons les éléments associés au départ, aux objectifs et ceux actuels. Voir les éléments à conserver et/ou à modifier pour valider les nouveaux comportements ou schémas de pensée nouvellement acquis.

*Mental & Body Scan : Imaginez que vous êtes dans un scanner et explorez votre corps vos émotions, vos ressentis de la tête aux pieds. Evaluer et identifier les types et les zones de tensions en les chiffrant de 0 à 10.
** VAKOG : Est la représentation des différents canaux sensoriels par lesquels nous filtrons les informations des messages reçus. Visuel-Auditif-Kinesthésique (toucher)-Olfactif-Gustatif. Nous les utilisons tous bien entendu mais 1 voire 2 sont prioritaires et vont colorer les messages. L’identification de ces canaux prioritaires permettra d’individualiser le travail et le langage.

*** Mind Mapping : « Mind Mapping: C’est une représentation visuelle des idées et informations sous forme de schéma appelé Mind Map (ou Carte mentale). Un sujet central, des sujets principaux et secondaires, des relations ou branches, organisent les idées selon une vue Hiérarchique et Associative avec des codes visuels ». https://www.mind-mapping-decision.com/mind-mapping-definition/

****Méthode Eisenhower : Hiérarchisation en terme d’Urgence et d’Importance des tâches à effectuées (définir pour vous l’urgence et l’importance, avant de classer les éléments. Par exemple : Urgence = dans les deux jours. Important = prioritaire)

 

 

 

 

 

Stéphane LIMOUZIN,

Préparateur mental au CREPS de Reims,

Membre du C.R.O.P.S.,

Comité de pilotage « Dimension mentale » à L’INSEP

Préparateur Mental Fédération Française d’Escrime…

L’EFT et le sport : un duo gagnant

Et si la généralisation de l’EFT dans le domaine sportif permettait à nos athlètes de booster leurs performances ? Selon les études disponibles sur l’utilisation de l’EFT Clinique dans le domaine du sport (basket-ball, football, volleyball et golf), les résultats sont bénéfiques, notamment au niveau de l’angoisse de performance. L’IFPEC vient de terminer une première formation à l’EFT auprès de préparateurs mentaux dans le cadre du CROPS à Lille.

L’une des toutes premières recherches sur l’EFT et le sport a été réalisée en 2009 aux USA par Dawson Church sur l’utilisation de l’EFT pour améliorer les performances du lancer franc des joueurs de basket-ball[1]. Elle compare les performances de joueurs universitaires d’élite grâce à un essai randomisé contrôlé[2]. Une différence statistiquement significative entre les deux groupes a été observée pour les lancers francs. Au post-test, les joueurs qui ont bénéficié d’une seule séance d’EFT (de 15 minutes) se sont améliorés en moyenne de 20,8 %, tandis que le groupe témoin qui a bénéficié d’une séance « placebo » a diminué en moyenne de 16,6 %. Il est par ailleurs intéressant de noter que le pourcentage de lancers francs a fait l’objet d’études approfondies en tant que mesure d’une variété d’interventions, y compris les TCC (Thérapies cognitivo-comportementales), pour voir s’il peut être modifié par la technique administrée pour réduire le stress.

S’inspirant de ces résultats prometteurs, une seconde étude a été réalisée en Angleterre sur une équipe féminine de football pour évaluer l’impact de l’EFT sur la réussite de pénaltys[3]. Là encore, les résultats ont révélé une différence statistiquement significative entre les deux groupes qui pourrait être liée à une diminution des niveaux d’anxiété grâce à l’EFT.

Une autre étude intéressante, toujours conduite par Dawson Church en 2012, explore comment l’EFT peut augmenter la confiance des joueuses de volley-ball féminin en matière de performance sportive[4] avec une seule séance. Là encore, la pratique de l’EFT, même de manière brève, permet de réduire l’impact émotionnel des souvenirs traumatisants liés à la performance sportive et mener à un niveau de confiance accru chez les athlètes.

Le golf, considéré comme le plus « émotionnel » de tous les sports a lui aussi fait l’objet de recherches et de programmes spécifiques, notamment aux USA, tant il permet de d’améliorer le handicap des joueurs quel que soit leur niveau ou de supprimer les « yips », ces fameuses contractions que l’on rencontre fréquemment chez les joueurs professionnels.

Le CROPS (Centre Ressources en Optimisation de la Performance et en Psychologie du Sportif) a organisé une première formation à l’EFT Clinique, que j’ai eu le plaisir d’animer au nom de l’IFPEC, au sein de la Faculté des Sciences du Sport et de l’Éducation Physique de Lille à laquelle ont participé 22 professionnels de la préparation mentale, dont son président Yancy Dufour, docteur en psychologie[5], et toute son équipe ainsi que de nombreux préparateurs mentaux issus du Diplôme Universitaire de Lille.

 

 

Cette première marque une étape importante car tous ces professionnels sont en activité et accompagnent des équipes nationales, des fédérations françaises ou encore des athlètes olympiques et de haut niveau.

J’aurais également le plaisir de participer aux 10 ans du Diplôme Universitaire de Lille « Préparation Mentale et Psychologie du Sportif » en mai prochain (Reporté à cause du COVID-19) et d’y tenir une conférence sur la psychologie énergétique et la préparation mentale ainsi que des ateliers découverte à l’EFT Clinique.

 

PROCHAINE FORMATION DU C.R.O.P.S. SUR L’EFT: les 12 et 13 novembre 2020!!

Informations: ici

Jean-Michel Gurret

https://ifpec.org

Jean-Michel Gurret a fondé et préside l’IFPEC . Il est psychothérapeute, inscrit sur le registre national de l’ARS, praticien en EFT, en hypnose Ericksonienne et en cohérence cardiaque. Il est également formateur en EFT, certifié par différents organismes dont les associations américaines ACEP et EFT Universe. Il est l’auteur de “Finis les chagrins, les peurs et les colères avec l’EFT” paru aux Editions Leduc.s en octobre 2016, “Le petit livre de l’EFT” paru aux Editions First en janvier 2016, “Mieux vivre avec l’EFT, c’est malin” paru aux Editions Leduc.s en octobre 2014, “EFT Libération émotionnelle” paru en novembre 2013 aux Editions Leduc.s et de “Maigrir et rester mince avec l’EFT” (Editions Leduc.s en janvier 2011). Il a également traduit et adapté “L’EFT pour les Nuls” aux Editions First, en 2012.

 

[1] Church, D. (2009). L’effet de l’EFT (Emotional Freedom Techniques) sur les performances sportives : A Randomized Controlled Blind Trial. The Open Sports Sciences Journal, 2, 94-99. Résumé et l’article complet : http://bit.ly/2Qp6RVJ
[2] Un essai randomisé contrôlé (ERC), essai contrôlé randomisé, essai comparatif randomisé (ECR) (de l’anglais randomized controlled trial ou RCT) ou encore essai contrôlé aléatoire (ECA) est un type d’étude scientifique utilisé dans de multiples domaines (psychologie, soins infirmiers, éducation, agriculture, économie) et en particulier en médecine où il occupe un rôle prépondérant. En médecine fondée sur les preuves ceux-ci sont considérés comme faisant partie des meilleurs moyens (en anglais « gold standard ») d’évaluer les effets bénéfiques et néfastes d’approches thérapeutiques (médicaments, soins, pansements, dispositifs médicaux, chirurgie, etc.) comparées les unes aux autres.
[3] Llewellyn-Edwards, T., et Llewellyn-Edwards, M. (2012, printemps). L’effet de l’EFT (techniques de liberation émotionnelle) sur la performance au football. Journal for the National Council of Psychotherapy, 47, 14-19.
[4] Church, D, & Downs, D. (2012). Sports confidence and critical incident intensity after a brief application of Emotional Freedom Techniques: A pilot study. The Sport Journal, 15, 2012. Résumé et l’article complet http://bit.ly/342PmP3
[5] Enseignant titulaire en Psychologie à la FSSEP de Lille depuis 2003, président du CROPS depuis 2011, responsable des Diplôme Universitaire (DU) : « Préparation Mentale et Psychologie du Sportif », « Yoga : diffuser le yoga et l’adapter pour tous » ; responsable des  Attestations Universitaires d’Enseignement Complémentaire (AUEC) : Initiation aux techniques de bien-être, Préparation Mentale Collective

 

 

La sophrologie pour tous les sportifs

 

La préparation mentale et la sophrologie ne sont pas réservées aux sportifs de haut niveau ! Elles concernent toutes les catégories d’âge et tous les niveaux y compris le simple pratiquant loisir ou le compétiteur en devenir !

*Texte en partie inspiré d’un précédant article disponible dans le magazine Sophrologie pratiques et perspectives n°25

Enfilez votre survêtement et vos baskets, l’entrainement va commencer !

C’est à l’occasion de la table ronde sports, danse et sophrologie du dernier congrès national de la sophrologie à Lyon, que Richard Esposito m’a proposé l’écriture d’un article collectif pour le magazine « Sophrologie – pratiques et perspectives ». Sylvie ESPELLET et Sara TEBBAKH SURREL ont bien voulu partager leur expérience et enrichir cet écrit. L’article s’inspire d’actions menées dans l’enceinte même du club de sport ou en cabinet, en séances individuelles ou collectives.

Afin de proposer un article à la fois singulier et source d’inspiration pour les sophrologues et les apprentis sophrologues parfois peu accoutumés au public sportif mais également aux entraineurs et aux sportifs, nous cheminerons d’une habilité mentale de base à une autre parmi la respiration, la relaxation, l’imagerie mentale, et l’autosuggestion.

Quelques conseils pour débuter notre échauffement !

Généralement les séances en groupe ont pour principal objectif l’apprentissage ou l’entrainement des habilités ou compétences mentales de base (respirer, se relâcher, etc.) sans chercher à répondre directement à une problématique spécifique compétitive ou liée à l’entrainement. C’est pourquoi, on parle parfois d’éducation à la préparation mentale ou d’accompagnement mental à l’entrainement. Ces séances peuvent s’effectuer en dehors des séances de sport ou faire partie intégrante de la séance d’entrainement sportif. Leurs durées varient de 10 minutes à 30 minutes environ. 1 séance par semaine durant la saison sportive ou 3 cycles de 6 à 12 séances suffisent pour cet apprentissage ou cet entrainement mental général.

Les séances individuelles, quant à elle, répondent habituellement à une demande précise, bien souvent directement liée à une problématique compétitive. Elles nécessitent l’élaboration d’un programme d’entrainement mental personnel. Une séance dure 45 minutes à 1 heure environ. Bien souvent, 3 à 5 séances suffisent pour régler un problème de stress inhibiteur précompétitif par exemple et parfois 10 à 12 séances seront nécessaires pour assurer le réel suivi d’un sportif pour une problématique particulière.

Mais attention, afin de renforcer l’adhésion et l’implication du sportif et de l’entraineur lors des séances collectives, les techniques et les exercices proposés seront contextualisés, c’est-à-dire en lien direct avec les besoins des sportifs à l’entrainement ou en compétition. Ainsi, le thème de chaque séance collective aura pour origine une problématique, émanant du groupe. Une fois la compétence mentale plus ou moins commune déterminée, elle « légitimera » l’apprentissage d’exercices d’habilités mentales de base. La respiration, la relaxation, l’imagerie mentale, et l’autosuggestion seront alors abordés progressivement isolés et associés au fil des séances pour aboutir tout naturellement à des séances ou techniques complètes de Sophrologie : sophro-acceptation progressive, sophro-programmation du futur, sophro-substitution mnésique, etc.

Ces pratiques collectives seront bien sûr complétées par un entrainement individuel et autonome (répétition vivantielle). Dès lors, le choix des exercices revêt un caractère stratégique non négligeable. Voilà ce qu’en pense Sylvie :

« Nous avons souvent tendance à croire qu’accompagner des sportifs nécessite de grandes compétences aussi bien dans le sport concerné que dans l’apport d’exercices de préparation mentale. Pour avoir eu la chance d’accompagner de très nombreux sportifs de tous niveaux, et ce dans des sports ayant des besoins bien différents les uns des autres (ski alpin, fond, biathlon et danse sur glace), je me suis rendu compte que plus les exercices que l’on propose sont simples, aussi bien par leur apprentissage que par leur facilité de réalisation, plus ils sont facilement reproductibles. Ils sont du coup plus utilisés et donc plus efficaces ! »

 

Des rappels techniques et des mises en situations, buvez un peu d’eau l’entrainement commence !

Les séances collectives et individuelles de sophrologie du sport (ou Sophrosport®) et les exercices qui les composent permettent d’optimiser la séance de sport en apprenant aux pratiquants, entre-autre, à mieux gérer les temps de récupération, à renforcer leur motivation et favoriser leur apprentissage technique grâce à une meilleure concentration. Ces séances permettront également le cas échéant, d’optimiser les performances en compétition en apprenant aux sportifs, entre-autre, à réguler leur niveau d’activation, à favoriser leur confiance, à gérer leur peur, à optimiser leur discours interne et à limiter le stress précompétitif inhibiteur.

 

La respiration est associée à la capacité du sportif à se calmer ou se dynamiser grâce à l’inspiration, l’expiration et l’apnée. Les exercices proposés ci-après sont principalement inspirés des techniques sophrologiques spécifiques du 1er degré.

Voici 3 exercices, qui après avoir été appris avec le sophrologue sont à expérimenter par le sportif. La proposition de programmation de l’entrainement individuel pourrait-être la suivante :

Le 1er et le 2ème jour faites l’exercice n°1 toutes les heures depuis votre réveil jusqu’à votre coucher ou au moins 8 fois dans la journée. Le 3ème et le 4ème jour faites l’exercice n°2 au moins 5 fois dans la journée et le 5ème et 6èmejour, faites l’exercice n°3 au moins 3 fois dans la journée.

Exercice n° 1

Après une expiration normale, vous inspirez en gonflant le ventre comme s’il était un ballon, puis expirez lentement en rentrant légèrement le ventre. Recommencez 3 à 5 nouveaux cycles de respiration avant de respirer à nouveau normalement.

Exercice n° 2

Après une expiration normale, vous inspirez par le nez pendant 4 secondes environ. Retenez votre respiration 4 secondes, puis expirez 8 secondes. Recommencez 3 à 5 nouveaux cycles de respiration avant de respirer à nouveau normalement.

Exercice n° 3

Après une expiration normale, vous inspirez doucement par le nez en gonflant le ventre comme dans l’exercice n°1. Quand votre ventre est rempli, sans le dégonfler, continuez à inspirer en laissant la cage thoracique se remplir à son tour. Enfin, une fois la poitrine remplie d’air, continuez à inspirer et laissez les épaules aller vers le haut et légèrement vers l’arrière pour faire passer l’air aux sommets des poumons. Puis expirez lentement. Recommencez 3 à 5 nouveaux cycles de respiration avant de respirer à nouveau normalement.

Pour ces 3 exercices le sportif adopte, de préférence, la position assise ou debout. L’inspiration et l’expiration s’effectuent calmement sans forcer.

Sara : « Pour gérer mon stress, j’utilise un exercice de respiration en cohérence cardiaque : J’expire pendant 6 secondes et j’inspire pendant 4 secondes. Mon ventre se gonfle à l’inspiration et se dégonfle à l’expiration. Parfois j’utilise cette vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=bM3mWlq4M8E , je cale ma respiration dessus et je refais plusieurs fois l’exercice si nécessaire, généralement dans l’après-midi avant mon combat et juste avant de mettre ma combinaison. »

Sylvie a choisi de partager avec vous un exercice de respiration simple mais loin d’être simpliste pour autant ! : « Quand je demande à mes jeunes sportifs quels exercices ils utilisent le plus, ils me répondent à l’unanimité : « le Triangle ». Cet exercice répond à leurs besoins sur la concentration, la gestion du stress, la gestion des émotions… et trouve sa place à différents moments de leur compétition. »

L’exercice du triangle se pratique le temps nécessaire selon le moment de son utilisation :

–          Après un temps de détente musculaire, visualisez la forme d’un triangle.

–          Sur chacune des inspirations par le nez, suivez la partie montante du triangle, lentement en prenant conscience de l’air qui rentre.

–          Sur chacune des expirations (par la bouche ou le nez), dessinez la partie descendante du triangle.

–          Suspendez l’air sur sa base.

Voici quelques témoignages de jeunes sportifs suivis par Sylvie :

Marie, danseuse sur glace en couple, utilise l’exercice du triangle avant et/ou après son temps de détente et de visualisation de son programme et souvent juste avant d’entrer sur la glace (accompagné de ses mots ressources). Cela lui permet de se rendre disponible à 100 % et d’augmenter sa concentration et sa mémorisation.

Emilie, biathlète, utilise l’exercice du triangle essentiellement au moment des tirs. Lors de sa transition entre la partie endurance (fond) et la partie tir qui nécessite un retour au calme rapide et un temps d’extrême précision et de concentration.

Adrien, skieur alpin, lui, l’utilise juste avant de se lancer dans le parcours. Il utilise le triangle pour se concentrer, se mettre dans sa bulle, et bien préparer son départ. Puis il prend une profonde inspiration en serrant fortement ses poings sur ses bâtons, et relâche sur l’expiration, 3 ou 4 fois de suite pour l’énergie. Puis après une profonde inspiration, c’est parti pour le grand départ !

Une première pause s’impose, le temps de quelques respirations en conscience et c’est reparti !

La relaxation est associée à la capacité du sportif à ajuster son niveau d’activation, c’est-à-dire à se détendre ou se dynamiser physiquement et/ou mentalement en fonction des besoins. Les exercices proposés ci-après sont principalement inspirés des exercices spécifiques et de la relaxation dynamique du 1er degré.

Voici 2 exercices, qui après avoir été appris avec le sophrologue, sont à expérimenter par le sportif. La proposition de programmation de l’entrainement individuel pourrait-être la suivante :

Pendant les 6 prochains jours pratiquez l’exercice n°1 une ou deux fois dans la journée, si possible en début d’après-midi ou juste après votre entrainement sportif ou même avant de dormir. Pratiquez l’exercice n°2 deux fois dans la journée, de préférence le matin et juste avant votre entrainement sportif.

Exercice n° 1

Assis ou allongé sur le dos les bras le long du corps, les yeux fermés vous prenez conscience de votre respiration pendant 20 à 30 secondes. Puis vous prenez conscience de la forme et de la position de votre corps pendant 20 à 30 secondes. Ensuite, en inspirant de préférence par le nez et en expirant lentement, relâchez successivement pendant 20 secondes environ chacune des parties de votre corps :

–       Le visage (front, yeux, bouche, joues).

–       Le cou, les épaules, les bras et les mains.

–       Le dos et les lombaires (bas du dos).

–       Les pectoraux (poitrine) et l’abdomen (le ventre).

–       Le bassin (les fesses), les jambes et les pieds.

Puis restez ainsi 2 minutes et détendez-vous à l’écoute de votre corps.

Enfin, si vous ne pratiquez pas cet exercice juste avant de dormir, inspirez profondément par le nez et expirez par la bouche plusieurs fois. Ouvrez les yeux et placez-vous en position assise si vous étiez allongé. Bougez tout votre corps et après quelques secondes reprenez le cours de votre journée.

 

Exercice n°2

Debout, les yeux ouverts ou fermés de préférence, vous inspirez profondément pendant 4 secondes en amenant le bras droit, poing fermé, à l’horizontal devant vous. En rétention poumons pleins (apnée) pendant 8 secondes environ, vous effectuez plusieurs grands cercles vers l’avant avec votre bras. Puis vous expirez activement pendant 4 secondes et le bras retrouve lentement sa position de départ. Vous effectuez ce mouvement une à trois fois avec le bras droit puis le bras gauche et terminez avec les 2 bras. Accordez-vous une pause d’intégration (écoute de votre corps) de 5 à 10 secondes entre chaque répétition.

Fermez les yeux quelques secondes, relâchez votre front, vos mâchoires, vos épaules, l’entrainement continue !

 

L’imagerie mentale est associée à la capacité du sportif à créer une expérience dans sa tête avec un ou plusieurs de ses 5 sens. Les exercices proposés ci-après sont principalement inspirés des techniques spécifiques du 2ème et du 3ème degré de la Sophrologie.

Si le sportif ou la sportive se voit, se sent et se ressent, alors tout se passe comme si l’action était réellement vécue !

Voici 3 exercices, qui après avoir été appris avec le sophrologue, sont à expérimenter par le sportif. La proposition de programmation de l’entrainement individuel pourrait-être la suivante :

Pendant les 6 prochains jours :

–       Pratiquez l’exercice n°3 le matin et/ou avant votre séance de sport.

–       Pratiquez l’exercice n°2 le soir et/ou après votre séance de sport.

–       Pratiquez l’exercice n°1 un jour sur 2 après le repas de midi et/ou au moins 1 à 2 heures avant votre séance de sport ou même avant de dormir.

–       Pratiquez l’exercice n°4 au moins une fois pendant et/ou juste après votre séance de sport.

 

 

 

Exercice n° 1

Assis ou allongé sur le dos, les bras le long du corps, les yeux fermés, vous prenez conscience pendant 20 à 30 secondes de la forme et de la position de votre corps. Puis, concentrez-vous pendant 20 à 30 secondes sur votre respiration.

Ensuite, pendant 2 à 3 minutes, projetez sur votre écran mental un paysage agréable ou un lieu que vous appréciez tout particulièrement. Ce paysage, ou ce lieu, induit en vous détente et bien-être. Il est un endroit privilégié pour vous reposer, vous régénérer et vous recentrer. Vous dirigez votre concentration mentale sur les informations qui vous sont transmises par tous vos sens et vous accueillez tout le positif de ce lieu…

Enfin, si vous ne pratiquez pas cet exercice juste avant de dormir, inspirez profondément par le nez et expirez par la bouche plusieurs fois. Ouvrez les yeux et placez-vous en position assise si vous étiez allongé. Bougez tout votre corps et après quelques secondes reprenez le cours de votre journée.

Comment identifier et situer votre écran mental ?

C’est simple, il suffit de fermer vos yeux et d’imaginer un objet (une fleur, un fruit…). Vous placez alors votre index au centre de cet objet (le bras et l’index bougent réellement). Puis, votre index immobile, vous ouvrez les yeux et votre écran mental est alors situé.

Exercice n° 2

Le début et la fin de cet exercice sont les mêmes que l’exercice précédent.

Ensuite, pendant 1 à 3 minutes, projetez sur votre écran mental un ou plusieurs souvenirs agréables : des séquences d’entrainements et/ou de compétitions réussites où vous avez été particulièrement performant par exemple. Vous dirigez votre concentration mentale sur les informations qui vous sont transmises par tous vos sens et vous accueillez tout le positif de ce souvenir.

Exercice n° 3

Cet exercice se pratique assis. Le début et la fin de cet exercice sont les mêmes que l’exercice précédent.

Ensuite, pendant 1 à 3 minutes, projetez sur votre écran mental par anticipation la réussite d’un ou plusieurs objectifs : des séquences d’entrainements et/ou de compétitions futures réussites où vous êtes performant par exemple. Vous dirigez votre concentration mentale sur les informations qui vous sont transmises par tous vos sens et vous accueillez tout le positif de ces visualisations…

Exercice n° 4

Cet exercice se pratique assis ou debout. Le début et la fin de cet exercice sont les mêmes que l’exercice précédent.

Ensuite, pendant 1 à 2 minutes, répétez mentalement avec maitrise un ou plusieurs exercices spécifiques à votre spécialité sportive : des techniques, des enchainements, etc. développés à l’entrainement. Vous dirigez votre concentration mentale sur les informations qui vous sont transmises par tous vos sens et vous accueillez tout le positif de ces répétitions mentales.

Sara : « Pour gérer mon stress à l’entrainement ou en compétition, j’utilise des exercices de visualisation où je vois des images d’enchaînements qui touchent, des images positives. »

 

Allez, dernière partie de l’entrainement avant le retour au calme, restez concentré !

 

L’autosuggestion (discours ou dialogue interne) est associée à la capacité du sportif à gérer ses pensées (leur « forme ou leur nature » et leur nombre) par l’implantation d’une pensée en soi-même par soi-même. Habileté rencontrée principalement dans les exercices des techniques spécifiques du 1er et 2ème degré.

Après avoir amorcé la définition de formules intentionnelles personnelles avec le sophrologue, celles-ci doivent-être précisées et expérimentées par le sportif. La proposition de procédure d’entrainement individuel pourrait-être la suivante :

Pendant les 6 prochains jours :

1. Commencez par choisir les 3 formules intentionnelles (une phrase courte, précise et formulée positivement) de base :

–       Une à 3 phrases pour le matin (réveil) et/ou le début de l’entrainement.

Exemple 1 – Victor, animateur de Sophrogym® : « C’est une bonne journée qui commence, je serai calme et en forme tout au long de cette journée. »

Exemple 2 – Amine 16 ans, pratiquant de Savate boxe française : « Je serai précis et explosif pendant les assauts. »

 

–       Une à 3 phrases pour les moments de doute.

Exemple 1 – Roxanne, championne de trail : « T’inquiète pas ça va bien se passer ! »

Exemple 2 – Anne, compétitrice en tennis de table : « Mon corps et mon esprit sont en harmonie ». « J’ai confiance en moi ». « Je crois en la réalisation de mes projets futurs ».

 

–       Une à 3 phrases pour les réussites et/ou la fin de la journée.

Exemple 1 – Valérie 15 ans footballeuse : « Elle est belle cette passe ». « Il est bien cadré ce tir ». « J’assure, j’assure, j’assure ! ».

Exemple 2 – Thibault, compétiteur en escrime : « Toutes les réussites de la journée, même les plus petites, vont m’aider à progresser. »

 

2. Ensuite, répétez chaque formule intentionnelle au moins 5 fois pour vous, dans votre tête au moment pour lequel elle est destinée.

 

3. Enfin, à chaque fois que vous prenez conscience d’une pensée négative, imaginez un grand panneau STOP et dites-vous mentalement « STOP ». Vous choisissez alors une pensée positive de remplacement que vous vous répétez mentalement au moins 5 fois.

Ainsi par exemple pour Jade 13 ans, championne de Karaté, la pensée suivante « T’as fait de la m…e » Devient « Soit précise, touche la cible. »

 

Sara : « Pour gérer mon stress, je fais une liste de mes forces, pendant ma préparation, et je me les remémore dans les moments de doute. »

 

Bravo ! Votre séance se termine. Prenez le temps de soufflez et de boire un peu avant de poursuivre avec quelques conseils et un petit bilan en guise de retour au calme !

 

Bien sûr la liste, non exhaustive, d’exercices et de techniques qui vous sont présentés dans cet article et, que vous maitrisez sans doute pour la plupart, ne sont qu’un début, une entrée vers le développement des composantes mentales de la performance sportive.

De plus, le pratiquant pourra opportunément utiliser ces exercices dans le cadre de ses projets extra-sportifs dès qu’il en ressentira le besoin. Cela marquera d’ailleurs une forme d’appropriation et de maitrise technique.

Osez franchir les portes du club de sport ! N’attendez pas que le champion du monde vous appelle ! Proposez un ou plusieurs cycles de 6 à 12 séances collectives, jusqu’à 12 participants dans l’idéal. Non seulement l’accès à la sophrologie sera ainsi facilité (coût, temps, lieu) pour les sportifs, mais en plus cela sera de nature à développer votre activité (en séance individuelle notamment) dédié à ce public. Bien sûr cela sera également l’occasion de débuter une fructueuse collaboration avec les entraineurs qui sont bien souvent demandeur.

L’essentiel réside dans la pratique, le reste n’est que bavardage !

C’est pourquoi, avant de se quitter, je vous propose de fermer les yeux, de prendre conscience de votre respiration et de votre corps pendant quelques secondes. Ensuite, pendant 1 à 2 minutes, projetez sur votre écran mental, par anticipation, des séquences d’animation de séances collectives avec des sportifs ou vous vous voyez et vous vous sentez particulièrement légitime et efficace par exemple. Dirigez votre concentration mentale sur les informations qui vous sont transmises par tous vos sens et accueillez tout le positif de ces visualisations…

Je vous souhaite de belles aventures dans les contrées passionnantes du facteur mental de la performance sportive !

Victor Sebastiao, janvier 2020.

Victor SEBASTIAO est professeur de sport, conseiller à la préparation mentale des équipes de France de SAVATE boxe française. Il est également sophrologue, formateur, superviseur et auteur de plusieurs ouvrages pédagogiques.

 

Sylvie ESPELLET est sophrologue, conférencière, formatrice et auteur. Elle est riche de 10 ans d’expérience dans le monde du sport de haut niveau, notamment au sein du pôle espoir de Villard de Lans.

 

Sara TEBBAKH SURREL est Championne de France élite A et Championne d’Europe en Savate boxe française, Championne de France en Full contact, vainqueur de la coupe du monde WAKO.

Préparation Mentale et Entreprise

La Préparation mentale : un outil au service du dirigeant

 

La préparation mentale et le monde de l’entreprise… 2 mondes apparemment que tout oppose et pourtant…

 

Nous entendons lisons qu’il faut créer son entreprise, devenir maître de son avenir professionnel… La société renvoie l’image d’un chef d’entreprise fort qui contrôle son destin, enthousiaste et positif. Le capital santé des dirigeants constitue le premier actif immatériel de la PME ; par conséquent sa santé et par écho ses habiletés mentales sont la pierre angulaire d’un fonctionnement pérenne. Dans ce sens les choix stratégiques dépendent de leur sommeil, de leur capacité à gérer le stress, la pression et plus globalement leurs émotions.

 

Ces derniers soumis à leur propre pression et celle de leur environnement peuvent craquer, souvent en silence d’ailleurs de peur d’alerter inutilement famille, salarié, client, banquier….

Les jeunes créateurs sont souvent soumis à des épreuves physiques et psychologiques dans la conduite et le développement de leurs affaires. Pour autant, l’observatoire AMAROK, remarque que les dirigeants des PME, commerçants accordent peu de temps et d’intérêt à leur santé.

 

Véritable homme-orchestre, le chef d’entreprise a souvent fait de son projet professionnel son projet de vie. La plus grande nocivité vient des petits tracas du quotidien qui usent considérablement ses ressources. En effet, il est enjoint d’agir en permanence dans sa vie privée et dans sa vie professionnelle. L’angoisse de la création et des responsabilités sont conditionnées par la capacité de l’entrepreneur à résister à la pression. Diriger exige un engagement important en temps et en énergie souvent au détriment des activités familiales et de loisirs…

 

Face à une difficulté, au spectre du burn out ou tout simplement à un rythme de vie effréné malmenant l’équilibre, le chef d’entreprise soucieux de son temps et de sa santé recherche un accompagnement concret visant son développement.

 

Psychologue du travail en libérale et préparatrice mentale, nous avons vu depuis quelques années augmenter les demandes d’accompagnement individuel et collectif. Certes la psychologie a encore de beaux jours devant elle mais ce n’est pas la psychologue qu’ils viennent chercher mais une réponse plus concrète et plus rapide à des questionnements du quotidien.

 

La question du pourquoi tant recherché par les psychologues laisse la place belle au comment, plus facilement compatible avec les contingences de l’entreprise ; la question sous-jacente est également celle de la rentabilité de l’investissement temporel. Ne dit-on pas le temps s’est de l’argent.

 

Alors intéressons-nous aux profils de ces nouveaux clients, patients, … laissez-nous préférer le terme simple et générique de personnes.

 

Ce témoignage est à considérer comme une expérience que nous vous livrons, ni plus, ni moins.

 

Le chef d’entreprise qui s’adjoint un préparateur mental a le profil suivant :

– 1 femme pour 10 hommes

– Personne qui a entre 40 et 50 ans ; sa demande fait suite à une rupture personnelle ou professionnelle (majorité des cas)

– Profil haut potentiel, hyper actif

– Pas ou peu diplômé souvent autodidacte

– Une blessure personnelle impactant la confiance en soi, l’image de soi

– Souvent un syndrome de l’imposteur : également appelé syndrome de l’autodidacte, induit une forme de doute maladif chez les personnes qui en sont victimes. Ces doutes les incitent à nier la propriété de tout accomplissement, qu’il soit professionnel ou privé.

 

 

En France, la voie entrepreneuriale, reste encore une possibilité de réalisation de soi lorsqu’on a peu ou pas de diplôme. Selon les personnes rencontrées, le fait d’être autodidacte avec un bon bagout relationnel et une grosse force de travail restent encore les meilleurs alliés pour se réaliser. Ils sont intelligents, nous parlons de cette intelligence qu’on nomme bon sens, doté d’un excellent relationnel, d’une incapacité à concevoir l’échec et d’une créativité hors norme. Nombre d’entre eux arrivent en rendez-vous avec des cahiers, des schémas, des articles ou des morceaux de feuilles de restaurant où les projets sont griffonnés au gré de leurs vagabondages cérébraux

 

 

Au niveau psychologique, nous retrouvons une histoire personnelle émaillée par un ou des évènements de vie ayant ébranlé la confiance en soi. Il en découle une construction du monde bien particulière ou pourrait-t-on dire des habiletés mentales orientées vers la recherche de solution. Concrètement, pas d’autre choix que de s’en sortir.

 

 

Au vu de la description de ce profil, nous pouvons nous interroger sur les motifs de rendez-vous. Et bien cette fameuse fracture de confiance en soi… l’hyper investissement émotionnel, la fatigue, la foultitude de projets et ce cerveau qui ne cesse de penser, n’arrive pas à combler ces questions existentielles suis-je à la hauteur, ai-je fait les bons choix, quid de l’équilibre avec ma vie de famille et ma santé…. Comment être plus performant tout en maintenant ma santé … Car oui c’est souvent le spectre du burn out de l’épuisement professionnel qui est sous tendu par un épuisement cognitif et émotionnel qui amène ces chefs d’entreprise à oser frapper à la porte d’un cabinet.

Egalement et malheureusement, la chute via le dépôt de bilan renvoie aux doutes : qui suis-je dans cette rupture professionnelle au vu du coût investissement/rétribution personnelle ? Le parallèle avec les sportifs arrêtés par une blessure ou une fin de carrière est alors assez évident.

 

La question de la baisse des performances se matérialise par des mauvaises prises de décision, des troubles du sommeil, une irritabilité et disons-le par moment une prise de produit dopant quelle que soit sa forme.

L’enjeu pourrait s’apparenter à comment rétablir l’équilibre pour maintenir voire augmenter mes performances tout en maintenant ma santé et ma famille.

 

Concrètement comment se déroule un accompagnement. Il convient de bien comprendre cette histoire personnelle et de rechercher la faille en terme de confiance en soi. Quelle que soit la demande, cette question mérite toute notre attention. Bien souvent elle est la racine du mal. Puis par le biais de schémas, type carte mentale nous réalisons un diagnostic. Nous complétons ces cartes mentales par des tests spécifiques et l’addition des 2 parties nous offrent une photo de la personne qui sera la base de l’accompagnement.

 

Nous tenons à décentrer la personne du cognitif c’est à dire de la pensée pour la ramener à des choses plus intuitive au travers de son corps (relaxation, méditation, respiration, exercices créatifs).

 

Sou couvert du verbe « oser », nous accompagnons la personne vers la gestion des peurs et plus globalement la question émotionnelle.

 

Après cette phase de prise de conscience de diagnostic nous établissons un programme d’accompagnement où la personne est actrice et responsable de son projet.

 

Nous œuvrons à fournir l’ossature méthodologique, à créer avec elles les outils médiateurs de compréhension mais c’est elle qui par la réalisation des exercices prend pleinement en main son accompagnement. Ce dernier est jalonné à raison d’un rendez-vous tous les 15 jours, chaque séance a son objectif et ses exercices associés.  Un livret d’accompagnement et une évaluation régulière de l’avancée sont garants de la bonne démarche.

 

La préparation mentale d’un chef d’entreprise passe donc en revue 4 piliers essentiels qui sont : l’alimentation, les ressources, le sommeil et les liens sociaux

 

Quels résultats peut-on attendre ? La définition d’une ligne directrice permettant de maintenir l’équilibre vie pro et vie perso, le développement d’habiletés cognitives et émotionnelles qui sont le garant de prises décisions adéquates, l’éloignement du spectre du burn out et osons le dire du bien-être voire de la sérénité avec une requalification de la place du travail.

 

Hélène Sido

Psychologue du travail, Préparatrice Mentale, Membre du C.R.O.P.S.

Dans les coulisses des chambres d’appel

 

Quelle place du mental dans la chambre d’appel en athlétisme?

Dans cet article publié dans « Athlé magazine » d’avril-mai 2019, le journaliste Cyril Pocréaux nous dévoile les coulisses des chambres d’appel dans l’athlétisme. Retrouvez des témoignages de différents athlètes de très haut niveau (Leslie Djhone, Vanessa Boslak, Mélina Robert-Michon etc…) ainsi que les éclairages de Florence Delerue, psychologue du sport et préparatrice mentale, membre du C.R.O.P.S. sur ce sujet passionnant.

Lire l’article: Athlé magazine

Retrouvez l’intégralité de cette revue ici: https://www.athle.fr/asp.net/main.shop/shop.aspx?productid=299

Intégration de la préparation mentale dans l’entrainement de l’athlète. Initier le changement

 

1. Pourquoi parler ici d’entrainement mental plutôt que de préparation mentale ?

Modifier ses habiletés ou aptitudes mentales est complexe. La notion de changement est difficile et souvent accompagnée de périodes de doutes. Pour cela, il est nécessaire de « s’entrainer » mentalement, c’est-à-dire mettre en place des habitudes nouvelles, de nouveaux comportements grâce à la répétition pour que ceux-ci deviennent automatisés et puissent être utilisés en situation de compétitions et/ou en situations difficiles. Il n’existe pas de « bonnes » ou de « mauvaises » habitudes mais seulement des habitudes, pour la plupart déclenchées par des stimuli, informations ou ancrages. Ces déclencheurs ont été enregistrés consciemment ou inconsciemment, ils déclenchent un comportement, une décision volontaire ou non, une réaction ou un geste adapté ou non.

Les habitudes sont ancrées à vie et nous ne pouvons quasiment pas les modifier. Par contre, nous avons la possibilité d’en créer de nouvelles, qui à force de répétitions prennent la place des précédentes. Il est donc nécessaire pour le joueur de s’entrainer mentalement. Une fois les nouvelles habitudes acquises, il est important d’être conscient qu’un jour « différent des autres », en état de fatigue prononcée ou d’énervement accru, les anciennes habitudes peuvent ressurgir, ce qui implique que l’entrainement mental soit permanent.

Nous ne pouvons pas dissocier l’athlète de l’individu. En effet, l’athlète fait partie de l’entité, « individu ». Par conséquent, il existe un aller/retour permanent au sein de cette « pluralité personnelle », le travail mental devant s’étendre à toutes les facettes de la personne. Ainsi, le travail mental doit dépasser le simple cadre du jeu. S’entrainer mentalement ne veut donc pas dire s’entrainer uniquement sur le court, mais aussi tous les jours en dehors du terrain de tennis. C’est pourquoi il est complexe pour l’entraineur de tennis d’être aussi « préparateur mental ». La mission de celui-ci est d’entrainer et d’amener le joueur à un niveau de performance optimal sur le terrain. Entrainer implique une posture et un relationnel spécifique, une relation entraineur/entrainé dédiée à l’activité. La posture du préparateur mental est différente et ponctuelle, au service du joueur et de l’entraineur, avec un œil extérieur, dans l’ombre. Son but est de rendre le joueur autonome. La relation est donc différente. Ceci étant, l’entraîneur a la possibilité d’intégrer dans ses pratiques, des outils d’entrainement mental afin de potentialiser la performance du joueur et sa propre pédagogie. L’objectif de ce chapitre est de présenter un ensemble de connaissances à destination de l’entraîneur de tennis pour l’aider dans ce rôle en lui proposant des pistes de travail concrètes et sérieuses. Ainsi, les entraineurs peuvent intégrer un travail d’optimisation de performance dans leur pédagogie et bénéficier d’une vision beaucoup plus large que celle uniquement accordée à la technique, au physique et aux résultats du joueur. Le cas échéant, il peut aussi se faire accompagner par un préparateur mental, comme cela se fait beaucoup à l’étranger depuis un certain temps.

2. Place de l’aspect mental dans l’entraînement du joueur de tennis

L’aspect mental est encore minoritaire aujourd’hui en France, même si sa place tend à prendre de plus en plus d’importance. La technique reste encore trop souvent le premier axe d’apprentissage en France alors que c’est moins le cas dans beaucoup d’autres pays où le jeu et l’efficacité priment. Il me semble qu’actuellement nous prenons du retard par rapport à beaucoup d’athlètes et d’entraineurs étrangers qui ont compris et intégré ce travail depuis une bonne dizaine d’années. Sans conteste, la technique est un outil fondamental et elle doit être travaillée et retravaillée sans relâche afin de l’automatiser. Toutefois, elle reste un moyen, un outil au service du jeu et de l’intention. Or, on constate que les habitudes culturelles liées à la place de l’apprentissage technique chez les entraineurs de tennis restent profondément ancrées dans la pédagogie et dans la profession. Pourtant, il est capital de prioriser l’intention vers l’efficacité dans la mise en place des schémas neuropsychologiques au niveau cérébral. Il ne s’agit évidemment pas de minimiser la place de la technique dans l’entraînement mais procéder différemment peut amener de nouveaux comportements plus performants. En musique, par exemple, la technique et la vélocité sont fondamentales, mais ce sont bien la qualité du son et la transmission des émotions qui priment. Etre « prisonnier » de sa technique, si maitrisée soit-elle, peut empêcher l’efficacité et la transmission des émotions. Le rôle de l’apprentissage de la technique est de pouvoir l’utiliser en fonction de n’importe quelle situation et de pouvoir s’en détacher.

3. Pourquoi intégrer l’entrainement mental dans les entrainements et dans la pédagogie de l’entraineur ?

Le temps de jeu effectif représente 10 à 30 % du temps d’un match de tennis. Par conséquent, le temps au cours duquel le joueur n’est pas effectivement en train de jouer et où il fait face à ses propres émotions et réflexions est colossal (entre 70 et 90 % de la durée d’un match). Paradoxalement, à l’entraînement ce rapport est très souvent inversé ! Ce constat débouche sur une première piste de réflexion de taille : l’entrainement correspond-il aux exigences rencontrées en match ? Combien de temps les joueurs et les entraîneurs consacrent-ils à travailler et à aborder les phases de « non jeu » : préparation juste avant le match ou récupération juste après, changements de côté, phases entre les points, juste avant de servir, juste avant de retourner ?

Un autre paramètre doit être considéré : pour pouvoir utiliser une habileté ou une aptitude, il faut l’avoir travaillée en amont un certain temps, en dehors et sur le terrain. Il ne suffit pas de faire trois respirations abdominales avant de servir ou d’utiliser un peu l’imagerie mentale au changement de côté en visualisant un coup pour que cela soit efficace. Le travail de répétition et de mise en place reste fondamental, ce qui nécessite qu’il soit intégré dans la programmation au même titre que les autres facteurs de performance du joueur. En incluant cette démarche dans sa pédagogie, l’entraîneur va pouvoir transmettre un grand nombre d’éléments de différentes façons : par son discours, par les situations mises en place, par les rétroactions et surtout par l’utilisation du « non-verbal » adapté au joueur. L’exploitation des différents canaux sensoriels permet d’optimiser la communication avec le joueur.

Si l’entraineur est « habité » et convaincu de l’utilité de ce travail, ses interventions seront plus percutantes et adaptées. Par conséquent, il est nécessaire de se poser plusieurs questions afin de définir votre démarche et votre profil d’entraîneur (Miley et Crespo, 1999).

– Qui souhaitez-vous être comme entraineur ?

– Comment souhaitez-vous réagir dans telle ou telle situation ?

– Quel travail désirez-vous proposer selon ce que vous cherchez à obtenir et en fonction des caractéristiques de votre joueur ?

Cela implique de modifier ses pratiques en tant qu’entraîneur et accepter de se remettre en question. Modifier ses habitudes, sa pédagogie est affaire de changement et comme chacun le sait le changement est difficile et ne se résume pas à une affaire de volonté. Combien d’entraineurs se sont déjà filmés en séance ou ont fait intervenir quelqu’un extérieur pour s’auto-confronter et modifier leurs propres pratiques ? Accepter le changement, modifier ses pratiques, déterminer comment on apprend (donc réussit et échoue) et intègre les choses, tout cela n’est pas facile pour le joueur comme pour l’entraineur. Le changement entraine une rupture, une perte de repère, une désorganisation momentanée et des doutes qui provoquent une profonde révolution dans ses pratiques. Pour modifier son approche de l’entrainement, il s’agit d’en finir avec une conception où « l’entraineur dans sa tour d’ivoire » diffuse de manière hétéronome un savoir dont il pense être le seul à connaître le chemin de la réussite. Il est fondamental de reconsidérer le public des jeunes joueurs de tennis avec leurs caractéristiques propres, leurs évolutions, leurs motifs d’agir, leurs codes sociaux et relationnels (Gaillard, 2014), afin de mieux appréhender l’entrainement et sa programmation. Aujourd’hui, il est compliqué d’appliquer une pédagogie d’entrainement traditionnelle car les repères des jeunes ont évolué sous l’influence des nouvelles technologies. Le rôle et la place des parents et des éducateurs ont été bouleversés dans notre société actuelle (Gaillard, 2014).

Comme l’affirme Jean Paul Gaillard (2014), « le pire est porté :

– par nos nostalgies et notre repli sur nos modèles éducatifs et pédagogiques que l’on défend comme des vérités universelles et atemporelles, alors-même que nous les sentons devenir obsolètes et de moins en moins efficaces,

– par notre répulsion de l’inintelligible et par notre focalisation craintive sur ce qui disparait, associée à une cécité sur ce qui émerge et remplace ce qui disparait.

Le meilleur est porté par un regard de curiosité et d’inventivité sur ce qui émerge et qui remplace ce qui disparait. Ce type de regard nous impose un retour à l’apprentissage par essai-erreur, sachant que l’erreur nous est par définition douloureuse à supporter. Cette posture réclame donc de la part de l’entraineur et du joueur du courage et le développement d’un sentiment de responsabilité personnelle ».

D’un point de vue de la pédagogie d’enseignement, il semble intéressant de passer de l’hétéronomie à l’autonomie. Selon Gaillard (2012), l’hétéronomie désigne une production de savoirs qui est l’apanage de spécialistes. Elle se base sur une « pédagogie d’enseignement directive fondée sur la soumission de l’élève, mais aussi du maître, à un savoir extérieur : « je t’explique ce que tu dois faire comme je l’ai appris… ». A l’inverse, l’autonomie correspond à la construction de savoirs à partir de sa propre expérience. « Elle implique une pédagogie d’initiative et d’expérimentation fondée sur la co-production d’un savoir personnel, sans cesse négocié avec les savoirs existants : « montre-moi et fais-moi comprendre comment tu le fais… » (Gaillard, 2012).

Stéphane Limouzin

Confidences d’un préparateur mental

La préparation mentale au sein de la Fédération Française de Savate Boxe Française et DA

Article* rédigé par Victor SEBASTIAO conseiller à la préparation mentale des équipes de France de SAVATE boxe française depuis 2011 et membre du C.R.O.P.S.

A vous, curieux qui lisez ces lignes, je vous livre le bilan de 7 années de mon activité professionnelle concernant le développement du facteur mental de la performance. Pour ce faire, je choisi d’apporter des éléments de réponses à des questions que je me pause ou qu’on m’a posés dans la mesure où elles sont à la fois les fruits, les conséquences et les fondements de l’ensemble des actions que je mène :

Doit-on parler de préparation psychologique ou de préparation mentale dans le domaine sportif ?

Pour moi, dans la mesure où l’on considère que la préparation mentale ou psychologique de la performance sportive relève d’une approche pédagogique, alors oui, il s’agit de la même chose. Toutefois, je préfère utiliser l’appellation « préparation mentale » pour les pédagogues du sport comme moi et réserver l’appellation « préparation psychologique » aux psychologues et aux médecins. Dès lors que l’intervention du praticien a pour objet le traitement de pathologies induites par une activité extra-sportive ou même sportive, on entre dans le champ thérapeutique et cela ne concerne plus la préparation mentale ou psychologique mais relève davantage d’un suivi psychologique.

La préparation mentale est une affaire de spécialistes ou bien ce rôle doit être rempli par l’entraineur ?

La préparation mentale ne peut être dissociée des autres facteurs de la performance (physique et technico-tactique). La préparation du sportif est un tout ! L’entraineur en est un des responsables avec le sportif dans la mesure où son rôle est de favoriser l’émergence de la performance. Pour autant, l’entraineur n’est pas un préparateur mental. En effet, bien souvent, il n’a ni la démarche adéquate, ni la formation spécifique. De plus, il est par nature très impliqué affectivement dans le projet sportif ce qui ne lui permet pas toujours d’avoir le recul nécessaire pour identifier et traiter objectivement une problématique mentale. Par ailleurs, la relation entre l’entraineur et le boxeur est parfois au centre de la problématique du sportif. Parfois, cet état de fait conduit l’entraineur en tant que « manager » à faire appel aux services d’un préparateur mental.

La préparation mentale c’est plutôt un travail de longue haleine ou la recherche d’un déclic ?

Si un déclic est une prise de conscience, alors la préparation mentale est un travail de longue haleine ponctué par une succession de déclics ! Dans l’idéal, la préparation mentale se fait en amont, dans l’anticipation. Elle doit être envisagée à l’égale de la préparation physique et technico-tactique, passant par une période de formation et beaucoup d’entraînement. Ma mission de conseiller à la préparation mentale des équipes de France de SBF me conduit bien souvent à agir dans l’urgence. Dans ce cas, avec le sportif, nous faisons du mieux que nous pouvons. Et oui, ni magie, ni magicien et encore moins de baguette magique pour la préparation mentale !

 Certains sportifs préparant une échéance importante semblent manquer de motivation.  Comment comprendre cela ?

La motivation ou plutôt l’envie c’est l’étincelle de la réussite, c’est la clé de voûte du système d’entrainement ! Une échéance importante. Oui, mais pour qui ? A l’origine du manque de motivation qui engendre une moindre implication dans le projet sportif, je retrouve presque à chaque fois le même scénario : la phase de détermination de l’objectif sportif, qui est l’outil de base du renforcement de l’envie, est occultée ou trop peu développée par le sportif et l’entraineur. Qu’est-ce que tu veux ? Ton objectif ne dépend-il que de toi ? En quoi cet objectif est-il important pour toi ? Quels freins pourrait-il y avoir ? etc. De plus, cultiver le plaisir de la pratique engendre la satisfaction et renforce l’envie.

 Quelles sont les compétences et formations nécessaires et obligatoires pour être préparateur mental ?

Il y a des connaissances et des compétences nécessaires, parmi lesquelles on retrouve :

–       Les données et les concepts fondamentaux de la psychologie du sport.
–       La maitrise d’outils d’évaluation et de diagnostique (tests, entretiens).
–       La maitrise de techniques d’optimisation de la performance (respiration, relaxation, imagerie mentale, gestion des pensées, etc.)
–       L’accompagnement du bien-être du sportif, etc.

Concernant les formations et qualifications (diplômes) obligatoires, pour être préparateur mental, la règlementation française n’en prévoit pas. Aussi, Je recommande le Diplôme Universitaire « Préparation mentale et psychologie du sportif » de Lille 2 (www.preparationmentale.fr). Pour ma part, je suis devenu préparateur mental il y a environ 25 ans lorsque je me suis formé en sophrologie (master en sophrologie de la Fondation Alfonso Caycédo) et spécialisé en sophro-pédagogie sportive.

 Certains athlètes ne veulent pas disputer de rencontre sans la présence de leur entraineur. Doit-on le comprendre ou est-ce anormal ?

Il n’est pas du ressort du préparateur mental et toujours « dangereux » pour lui de s’insinuer dans la relation entre l’entrainé et l’entraineur. Il en va de même pour les relations intimes qui unissent l’athlète à sa famille. Néanmoins, la détermination du problème et de la demande du sportif concerne parfois directement ses relations avec son entraineur. Le principe que je respecte est le suivant : la détermination et la mise en œuvre des objectifs conduisant à la fois à la réussite de son projet sportif et de son bien-être incombent au sportif. Le préparateur mental éclaire et accompagne le choix du sportif objectivement et dans la mesure du possible il évite tout jugement de valeur. Les seuls cas où je ne respecte pas ce principe c’est lorsque le comportement, ou l’emprise de l’entraineur, est tel qu’il occasionne une réelle souffrance pour l’entrainé pouvant s’apparenter à du harcèlement. J’ai été par 2 fois amené à en informer le médecin de l’équipe de France.

Je considère l’entraineur comme « le maître d’œuvre » de la performance au service du sportif. Le boxeur, lui, demeure l’architecte de sa propre performance et non pas un simple acteur, voir une marionnette. C’est lui qui choisit !

La Préparation mental est réservée aux athlètes de haut niveau ?

La préparation mentale concerne tous les niveaux et toutes les catégories d’âge, du simple pratiquant loisir, au finaliste des championnats du monde. Aussi, chaque club de SBF n’étant pas doté d’un préparateur mental, l’apprentissage ou l’entrainement des habilités mentales de base (respiration, relaxation, imagerie mentale, gestion des pensées, gestion des émotions, etc.) sans chercher à répondre directement à une problématique compétitive spécifique incombe à l’entraineur. On parle alors d’accompagnement mental à l’entrainement. On n’a pas attendu d’avoir des préparateurs physiques dans les clubs pour faire faire de la corde à sauter ou des pompes aux pratiquants ! Ces séances peuvent aisément être animées par un entraineur sensibilisé à l’accompagnement mental ayant suivi un complément de formation.

 Doit-on suivre le sportif en compétition ?

L’autonomie du boxeur est non seulement recherchée, mais aussi presque toujours imposée par les impératifs matériels (temps, finances). Il m’est arrivé d’intervenir pendant des tournois, notamment pour aider le sportif à gérer l’échec et à se remobiliser pour l’épreuve suivante mais la technique utilisée était déjà maitrisée par le sportif.

L’outil vidéo couplé avec les informations transmises par l’entrainé et l’entraineur permettent parfois des prises de conscience lors des séances de préparation mentale.

 Doit-on être un expert de la SBF ?

Maîtriser la discipline me permet d’être plus efficient en termes de communication mais me perturbe parfois dans le nécessaire recul permettant l’écoute des besoins du sportif.

La plupart du temps, en dehors de mes missions professionnelles auprès de la fédération, lorsque je m’occupe d’un sportif, je n’ai peu ou pas de connaissances techniques concernant sa discipline.

 Un peu d’humilité et de rêve pour conclure !

Avant mon activité vers une plus grande prise en compte du facteur mental de la performance, près de 90% des titulaires des équipes de France de SBF étaient médaillés aux championnats internationaux et près de 80% d’entre eux obtenaient la médaille d’or. Des lors, il m’était difficile de viser une amélioration de ces résultats parfois perçus comme contreproductif au regard de l’indispensable développement internationale de la discipline. Ce manque de « pression » liés aux résultats ne contribue pas à priori au développement de la PM au sein de la FFSBF DA. C’est pourquoi mon activité a été dès le début de mes travaux orientée plus vers l’accès au haut niveau que vers les résultats sportifs internationaux. Le retour d’activité des athlètes de haut niveau fait à leur entraineur de club et la formation des cadres sportifs mise en œuvre accentuent l’impact de mon activité sur les 770 clubs. Cela engage l’avenir de la fédération aussi bien dans son identité que dans son développement.

A tous les curieux qui m’ont lu jusqu’au bout, je dis merci et à bientôt pour d’autres aventures !

 Victor Sebastiao

*Texte en partie inspiré d’un précédant article disponible sur e-sporting-coach.