Coupe du monde de football 1998… 20 ans après ?

 

De multiples facteurs interfèrent et entrent en jeu dans la performance d’une équipe. Cependant, deux éléments paraissent prépondérant comme clefs de voute du succès et des  victoires : la cohésion et la communication.

« La performance individuelle, ce n’est pas le plus important. On gagne et on perd en équipe » Zinedine Zidane.

Si la cohésion et la solidarité sont des facteurs essentiels, la communication joue un rôle fondamental. La communication entre les joueurs bien sûr, mais surtout la communication de l’entraîneur envers ses joueurs.

Quand on parle de communication, on pense aux mots verbalisés bien sûrs mais pas seulement. Pour certains spécialistes, 93% de la communication est non verbale. On y inclus alors les attitudes, les postures, les mimiques, le ton de la voix… Ce sont des éléments primordiaux en communication.

 

Revenons sur le discours d’Aimé Jacquet avant le début de la coupe du monde en 1998, présenté dans ce formidable documentaire « Les yeux dans les bleus ».

Son attitude au début de la causerie exprime de la sérénité, du calme, son ton de voix est doux, rassurant.

Et il commence par : « Chaque fois que l’on est sur le terrain, c’est tout du bonus pour nous » « … parce que nous allons faire un long parcours » Son discours exprime toute sa certitude sur le succès de l’équipe et l’amène à se projeter, très rapidement, vers ce long et magnifique parcours.

« Et il faudra être prêts vendredi, et prêts ensuite » « J’aime bien aussi qu’il y ait une responsabilité collective » « Il va falloir être costauds et solidaires parce que l’on va en subir des chocs et des émotions et quel beau truc à vivre… un moment inoubliable dans votre vie de footballeur ». On y voit les conditions nécessaires à la réussite :

–          « Être prêt » parce qu’un match se gagne en partie…avant le match,

–          La responsabilité de chacun est essentielle dans la construction d’une réussite collective,

–          L’exploit ne peut s’inscrire uniquement dans les émotions qui le guident.

Il n’évoque pas la pression, le stress, la peur mais orientent les joueurs sur ces émotions « positives » et intenses, sur la rareté d’un tel ressenti, de la chance de cette opportunité qu’ils ont de vivre un tel évènement. Il donne ainsi des repères sur le déroulement de cette compétition.

Puis, il enchaine sur un ton plus appuyé, plus déterminé et plus tonique : « Utiles pour l’équipe et efficaces…et venez pas m’emmerder…Fixez-vous des objectifs ! Tous ! Qu’est-ce que je peux faire ? » Il insiste sur la notion du collectif : de l’importance de mettre le talent individuel au service du collectif pour être efficace. Il met en valeur aussi la nécessité de se fixer individuellement des objectifs. La fixation d’objectifs est un outil puissant en préparation mentale. Aimé Jacquet utilise comme fil conducteur de son discours, la responsabilité de chacun.

« Jouer comme vous le savez, simplement. Mettez-vous dans vos meilleures dispositions. En respectant le jeu que chacun va pratiquer comme à l’entraînement. » Jouer simple, comme à l’entrainement permet d’aborder les matchs avec confiance de faire « juste ce que l’on sait faire », sans « sur-jouer ».

« Fixez-vous des objectifs, demandez-vous ‘’Qu’est-ce que je dois faire ?’’ » Trois éléments reviennent régulièrement dans le discours d’Aimé Jacquet comme une prise de conscience, un ancrage fort pour la suite de la compétition : Se fixer des objectifs individuels ; entrer rapidement dans la compétition ; et se responsabiliser.

Enfin, Aimé Jacquet se retourne vers chacun des joueurs et exprime ce qu’il attend de lui, son registre de jeu et ses failles à combler. C’est le fameux « Muscle ton jeu Robert. Si tu ne muscles pas ton jeu, fais attention ! », en utilisant un ton péremptoire, le doigt pointé comme menaçant.

« Zizou, meneur ça veut dire : l’obligation de mettre en route le jeu pour les autres » « Toujours en première intention pour que tes attaquants soient dans les meilleures dispositions » « Tu as un peu exagéré ces derniers temps. Je sais, il y avait 50 milles au Maroc qui scandent ‘’Zizou, Zizou’’.C’est normal… » Il le recadre sur son poste de jeu et insiste sur la nécessité de se mettre au service des autres et du collectif. Il emploie un ton amusé, un peu ironique mais avec beaucoup d’empathie.

« Et je finirais par Steph. Tu as marqué combien de buts? » [Stéphane Guivarc’h)  : « 40 », Aimé Jacquet : « En ce moment, il est dans une période de doutes. Il attend le déclic. Le déclic vient à ceux qui sont audacieux, qui sont persévérants et ceux qui sont intelligents » « Respect total des attaquants. Respect total des attaquants parce que j’étais incapable d’être attaquant» Quel meilleur discours pour rassurer, redonner confiance ? Aimé Jacquet exprime sa confiance pour ce joueur. Le message est fort. Trois éléments facteurs de la réussite apparaissent ici : l’audace, la persévérance et l’intelligence !

Nul doute que Didier Deschamps sera trouver les mots et adopter la bonne attitude pour emmener ses joueurs vers le succès.

 

Nathalie Crépin

 

Le mental dans le rugby

« Le Rugby se joue avec les mains, mais se gagne souvent avec les pieds » G. LAGORCE …et le mental !

Le rôle du buteur est souvent déterminant dans la quête du résultat positif. La régularité est la donnée essentielle permettant de caractériser le très bon buteur. Elle allie les composants physiques, techniques mais également psychologiques nécessaires dans le geste du tir au but. Un travail en préparation mentale est un atout majeur dans la recherche d’efficacité. Les plus grands buteurs ont eu ou ont recours à un préparateur mental.

Le buteur répète son geste des centaines de fois afin que celui-ci devienne un véritable automatisme. Sur le terrain il accomplit méticuleusement les mêmes « routines » avant de frapper le ballon.

Le buteur a la lourde responsabilité de convertir par des points au tableau d’affichage ses tentatives de transformations ou de pénalités. Il passe alors d’une situation collective de jeu à une situation individuelle de tir au but. Le tir au but est un geste technique complexe. Il doit faire face à de nombreux facteurs générateurs de stress ou de distractions : les partenaires, les adversaires, le public (supporteurs et adversaires) les médias, la météo, mais aussi selon le moment du match (moments clés et déterminants pour remporter le match par exemple). Lors des coups de pied de pénalité, le buteur est le point de convergence de toutes les attentions, et de toutes les attentes ! Il doit donc avoir une gestion mentale de ce moment si particulier, un travail en amont sur la gestion de ses émotions, du stress, de sa concentration et de sa capacité à rester dans sa bulle.

Des routines permettront à chaque buteur de se « mettre dans sa bulle » lors des tentatives de transformations ou de coup de pied de pénalité. Ces routines sont travaillées, apprises, répétées, automatisées pour lui permettre une efficacité maximale.

« L’excellence est un art que l’on n’atteint que par l’exercice constant. Nous sommes ce que nous faisons de manière répétée. L’excellence n’est donc pas une action mais une habitude » Aristote.

Nous pouvons identifier 5 temps différents dans la routine du buteur :

1 Annonce du Coup de Pied de Pénalité

2 Pose du Tee

3 Prise de marque

4 Tps de concentration

5 Frappe et Résultat

 1. Annonce du CPP : 1er temps critique pour le buteur où celui-ci doit prendre les responsabilités de cette action pouvant être décisive pour le résultat. C’est le moment où le buteur est seul face à cette action et la pression et doit rentrer dans sa bulle. Le buteur recherchera immédiatement le relâchement, la baisse du rythme respiratoire et cardiaque afin de récupérer et d’éliminer les éventuels difficultés somatiques. Le discours interne pourra être un outil de préparation mental important. « Je reste détendu et fais le vide, m’étire légèrement. »

2. Pose du tee : Temps plus technique où le buteur prend en compte plusieurs éléments extérieurs comme la distance, l’angle, les conditions climatiques… et regarde la cible afin de positionner son ballon. Le buteur continue son travail de récupération et de relâchement. « Je sens bien le ballon et je visualise une transformation réussie, comme à l’entrainement ».

3. Prise de marque : Temps également technique où le buteur prend ses marques de manière précise et minutieuse. La respiration est là aussi très importante afin de réguler son activation et sa concentration. « Je visualise la réussite. Je perçois chaque pas que je fais ».

4. Temps de concentration : 2ème temps critique pour le buteur. Tous les éléments précédant le temps de concentration doivent permettre au buteur d’être dans sa Zone de Performance (ex : Calme, concentré et relâché). Le discours interne, la visualisation (de la frappe, de la trajectoire du ballon…) en alternant une focalisation de l’attention alternativement sur le ballon et sur les poteaux, la respiration…. seront autant d’éléments qui permettront d’atteindre cette zone de performance.

5. La frappe et le résultat : La frappe est un nouvel élément technique. La focalisation de l’attention sur le ballon (sur la zone précise à frapper) permettra au buteur de rester concentrer sur l’exécution du mouvement pendant toute la course d’élan.

Routines 2 Routines 3 Routines

 

En cas de réussite, l’ancrage de la performance permet d’augmenter le capital confiance.

En cas d’échec, il sera fondamental de passer à l’action suivante. Après un échec, l’utilisation des techniques du Switch faciliteront le passage des pensées négatives aux pensées positives.

Le coup de pied de pénalité fait donc appel à un certain nombre d’outils en préparation mentale, organisés en routines de performances qu’il est nécessaire d’automatiser et de travailler de façon très régulière. Chaque buteur organise ses  routines de performance, en fonction de ses propres caractéristiques, de son expérience, de ses spécificités techniques et de sa Zone de Performance.

Un principe important de la routine du buteur est de se centrer bien plus sur le processus que sur le résultat.

On se rend bien compte de l’importance des routines pour les buteurs avec des exemples connus comme Johnny Wilkinson, Christophe Deylaud ou encore Frédéric Michalak.

« Buter, c’est un métier ou les artisans réussissent mieux que les artistes… » G. LAPORTE

Jonny Wilkinson a travaillé à la réorganisation de ses priorités avec son préparateur mental (il le voyait une fois par semaine) :« Pour moi, l’important n’est pas le résultat. Il ne vient qu’en troisième position. Ce qui compte avant tout, c’est l’intention. Au début de ma carrière, je recherchais la perfection dans le résultat. J’ai appris il y a environ cinq ans que ça ne marcherait pas et réalisé que cela allait peut-être me tuer. Ensuite, donc, la réalisation. Il est possible de trouver la perfection, mais pas tout le temps, puisque nous sommes des êtres humains. En revanche, l’intention, on la maîtrise, on peut choisir pourquoi on fait les choses » 

A méditer…

Nathalie Crépin

Quelle motivation à courir un Marathon ?

 

Les personnes extérieures au marathon peuvent penser que courir 42,2km relève du masochisme !

L’image d’un athlète pris de crampes ou vomissant sur le côté de la route, à l’agonie en franchissant la ligne d’arrivée (avec cette impression qu’il soulève deux parpaings au lieu de ses jambes) pose en effet la question de l’intérêt d’une telle pratique. Voir un sportif blanc comme un cachet d’aspirine, avec des lèvres violettes et les joues creusées donne, il est vrai, davantage l’image de la souffrance que celle du plaisir
Cet article n’a pas pour objectif d’évoquer les pathologies possibles liées aux sports répétitifs, aux pratiques extrêmes. Nous pensons ici à la dépendance/addiction à l’activité physique (ne pas supporter de ne pas courir) encore appelée bigorexie, à la dysmorphophobie (crainte obsédante d’être laid, malformé), à l’anorexie athlétique (faire de l’exercice de façon excessive pour contrôler son poids : recherche du corps parfait), etc. Les psychologues ont d’ailleurs énormément de travail face à ces comportements déviants. Cet article n’a pas non plus pour objectif de discuter de l’athlète de très haut niveau, dont souvent la rage de vaincre provient d’une réelle souffrance (la résilience : renaître de sa souffrance).

Non, nous souhaitons juste montrer, en toute simplicité, qu’avec une bonne vision de la pratique sportive et une bonne préparation mentale, il est possible de courir un Marathon avec une forte motivation intrinsèque, source d’un profond bien-être ! Tout est histoire d’équilibre, de norme, de juste milieu… et la psychologie du sport est alors d’une aide précieuse !

Qu’entend-on par motivation intrinsèque ?

Selon les spécialistes de la motivation, on peut distinguer deux grandes forces qui poussent à l’action :
-le joggeur peut courir pour des raisons extrinsèques : perdre du poids, conserver sa fierté (vouloir gagner un défi avec un collègue de travail), rechercher la reconnaissance sociale…
-le joggeur peut courir pour des raisons intrinsèques : c’est l’activité même, la course à pied, qui est source de plaisir.
Les recherches montrent clairement que la motivation extrinsèque ne contribue pas à une motivation persistante dans le temps. On remarque toutefois que certains commencent la pratique avec des raisons externes et basculent ensuite sur une motivation intrinsèque, ce qui finalement peut être considéré comme positif…
Quelles peuvent donc être ces sources de plaisir dans la course à pied ?

Les différents types de motivation intrinsèque :

Il est classique de distinguer 3 types de motivation Intrinsèque (MI).
-La MI à l’accomplissement : réussir ses fractionnés, voir son kilométrage semainier augmenter, constater que les performances s’améliorent…
-La MI aux sensations : ressentir davantage de légèreté, avoir une fréquence cardiaque basse et apprécier cela…
Ces sensations sont d’autant plus intéressantes qu’elles sont personnelles… On peut avoir l’impression d’être bon « à son niveau », par exemple un coureur à 5 minutes au kilomètre sur un marathon peut avoir l’impression de courir « super » vite, que ses jambes déroulent, de « claquer la perf »… alors que celui à 4 minutes peut ressentir de la lourdeur et pourtant il va objectivement beaucoup plus vite. Ceci permet de conserver sa motivation quand les temps diminuent avec l’âge (si l’on est centré sur des objectifs de processus et non de résultat… voir + bas).
On pense généralement à ces deux types de motivation mais on occulte bien souvent le troisième et pourtant cela peut être une forte source de MI :
-La MI aux connaissances : découvrir que nous avons une Vitesse Maximale Aérobie : VMA (et aller acheter les magazines de course à pied pour essayer de comprendre) et de ce fait là lire des documents sur les processus physiologiques, sur les outils de mesure : les tests existants, acheter un cardiofréquencemètre puis une montre GPS… Se rendre compte ensuite qu’il faut optimiser d’autres facteurs pour progresser : mieux s’étirer et donc rechercher les différentes méthodes d’étirements (étirements activo-dynamiques, méthodes avec contraction-relâchement…), les techniques de gainage, l’hydratation, la nutrition… Le coureur devient un expert. Exemple : le soin des pieds (comment couper ses ongles, comment râper les cornes, à quelle période par rapport à la compétition…), quel type de pied (pied pronateur, supinateur, universel) et donc quel type de chaussure ? Etc.

Il existe des outils comme l’EMS-28 (Brière et al, 1995) permettant d’évaluer par sport quels types de motivation caractérisent une personne. Le sujet obtient ainsi ses scores de MI à l’accomplissement, aux sensations, aux connaissances mais aussi ses scores sur les différents types de motivation extrinsèque et amotivation (qui ne sont pas l’objet de cet article).

Les facteurs de MI

Dans une perspective eudémoniste de la santé, défendue notamment par Ryan et Deci (2001), le bien-être est indissociable de la satisfaction des besoins fondamentaux de compétence, d’autodétermination et d’appartenance sociale. Ces 3 facteurs sont fortement sollicités lors d’un marathon.
-le sentiment de compétence : se fixer un objectif difficile et l’atteindre, constater au cours de ses entraînements ses temps progresser, etc, favorisent cette impression de s’accomplir, d’efficacité grandissante.
-le sentiment d’autodétermination : remarquons que ce sport ne nécessite aucun apprentissage, il n’y a pas d’obligation d’apprentissage de techniques et la liberté individuelle est forte : aller courir les jours et aux heures souhaités, se fixer ses propres courses, son propre temps à réaliser, etc, contribuent au fait de se sentir responsable, d’être acteur de ses actes. La course à pied est un sport avec un nombre de non licenciés assez impressionnant, preuve de cette envie de fonctionner en liberté.
-le sentiment d’appartenance sociale : courir avec des amis du village, créer des liens forts, se retrouver lors de courses, avoir l’impression avant, pendant et après la course que tous appartiennent à la même famille, etc, créent de la cohésion sociale, donnent le sentiment d’appartenir à un groupe.

Différentes techniques de préparation mentale permettent d’optimiser la motivation intrinsèque, en voici deux exemples :

La fixation d’objectifs
Il s’agit d’apprendre par exemple à se fixer des buts de processus (terminer avec de bonnes sensations, en savourant pleinement) et non de résultats (battre le temps de telle personne)… à se fixer des objectifs précis, difficiles, à long terme avec des sous-buts intermédiaires (descendre sous les 3h dans 2 années mais d’abord réaliser plusieurs 10km en un peu moins de 40’ dans les 6 prochains mois…). Voir fiche pratique « les principes de la fixation d’objectifs », ou les articles « fixation d’objectifs » ou encore « se fixer des objectifs sportifs » de Nathalie Crépin et Florence Delerue sur le site du CROPS.

Les routines de performances
Il s’agit d’apprendre à gérer son activation et son stress, de quelques jours avant la compétition à l’instant « t » de la course en ayant les bons comportements, les bonnes pensées, le bon dialogue interne, les bonnes images, être capable de switcher lors de pensées négatives, d’être centré sur soi et sur les infos pertinentes de l’environnement, de respirer avec le ventre… (voir également la fiche « les techniques de préparation mentale » sur le site du CROPS).
Fonctionner de manière optimale lors d’un marathon peut amener l’athlète à ne pas ressentir ce fameux « mur » et à atteindre l’état de Flow, état d’expérience optimale, état de grâce (Csiksentmihalyi, 2004).

Conclusion

De nombreux marathoniens courent avec cette motivation intrinsèque décrite dans cet article. Chez eux tout est plaisir et finalement peu de moments sont perçus comme de la souffrance, si ce n’est une course très mal gérée.
On peut donc dire que les efforts, perçus comme de la souffrance parfois par des spectateurs extérieurs à ces pratiques, sont finalement facteurs de bien-être chez les marathoniens. Ne pas fournir d’efforts et dire que la course à pied c’est dur, c’est en fin de compte céder à la facilité. Certains revendiqueront l’hédonisme : se faire plaisir et ne pas aller «bêtement suer sur le bitume ». Le plaisir est certes un élément du bien-être mais il n’est pas suffisant, faire des efforts pour courir 42,2km est une véritable source de bien-être. Effort et bien-être ne sont donc pas antinomiques mais complémentaires.
Il est alors tout à fait normal, dans ce processus, de vouloir passer du 10km au semi-marathon puis au marathon. Une fois son premier marathon réalisé, cela n’est pas pathologique, si ce n’est pas un besoin compulsif, si cela ne s’effectue pas au détriment de la vie familiale… de vouloir tenter de grands marathons : Paris, Amsterdam, Londres, Chicago… A remarquer encore une fois que bien souvent ces sorties se font en groupe (d’amis coureurs, en famille) et qu’elles sont associées à des visites culturelles, encore une fois : éléments de motivation intrinsèque !
Les souvenirs de son arrivée à Central Park à New York, le passage sous la porte de Brandebourg à Berlin… deviennent des images de référence, des ancrages émotionnels positifs réutilisables lors de moments difficiles.
Et il n’est donc pas anormal de vouloir ensuite s’offrir des épreuves mythiques dans des sports identiques ou proches : la diagonale des fous, l’Ultra Trail du Mont Blanc, l’ironman d’Embrun, etc. Tant qu’il ne s’agit pas de besoin compulsif, d’une recherche infinie d’endorphines, d’exutoire familial et/ou professionnel, tant que l’athlète sait s’arrêter quand il sent une blessure arriver, tant qu’il ne manifeste pas de signes de sevrage physique et psychologique lors d’un arrêt du sport obligatoire… tout cela est finalement très humain et sain. Nous ne trouvons généralement pas malsain de voir un jardinier, amateur de fleurs, agrandir son jardin avec de nouvelles variétés et consacrer davantage de temps à sa passion.
Alors si ce n’est pas encore fait, à quand votre prochain marathon ?

Yancy Dufour

Références :
Brière, Nathalie M., Robert J. Vallerand, Marc R. Blais et Luc G. Pelletier. 1995. Développement et validation d’une mesure de motivation intrinsèque, extrinsèque et d’amotivation en contexte sportif: l’échelle de motivation dans les sports (EMS). International Journal of Sport Psychology, vol. 26, p. 465-489.
Csikszentmihalyi M. (2004). Vivre. La psychologie du bonheur. Pocket.
Ryan R.M., Deci E.L. (2001). On happiness and human potentials: a review of research on hedonic and eudaimonic well-being. Annual Review of Psychology, 52, p.141-166.

Se préparer mentalement avec la sophrologie

« Plus qu’une minute et on y va ! »

Palais des sports de St Fons, stade Pierre de Coubertin ou Palais omnisport de Bercy, il est là, bras musculeux, torse en sueur, visage tendu enduit de vaseline, poings serrés dans les gants. Il respire.
Championnat de ligue, de France ou tournoi international peu importe… Il repasse inlassablement dans sa tête les options technico-tactiques qu’il a choisis avec son entraîneur. « Commencer fort pour surprendre, le provoquer en poings dans la 2ème, récupérer pendant la 3ème et faire le forcing en pieds les 2 dernières reprises »…
Une musique rythmée clôt ses pensées, la voix du présentateur annonce son nom, son soigneur lui tape sur l’épaule « aller c’est à toi garçon ! ». Il rentre dans la lumière, il entre en action, se dirige vers l’enceinte, le public est là, bruyant, il ne le voit pas, il est prêt !
« Saluez-vous, en garde, allez ! ».
Lui, c’est peut-être vous compétiteur, novice ou star des rings. Lui, c’est peut-être votre petit cadet qui monte sur le ring pour la première fois, ou votre champion qui dispute les finales du championnat du monde. Lui, c’est peut-être votre ami, votre frère ou votre enfant. Lui, c’est un boxeur ! Mais ça aurait put être un basketteur, un golfeur ou un gymnaste car dans le théâtre de la compétition sportive, c’est toujours la même pièce qui se joue.

Vous le savez, il ne suffit pas d’avoir une droite à la Tyson pour remporter un combat, pas plus qu’il ne suffit d’avoir la condition physique d’Amélie Mauresmo pour gagner un tournoi de tennis. Chaque saison sportive apporte son lot de sportifs « archi-favoris » qui perdent parce qu’ils ont négligé leur préparation mentale.
C’est devenu une habitude d’attribuer victoires et défaites au « mental ». On entend partout : « C’est mental, le mental a fait la différence… il a un bon mental… ce qui lui manque, c’est le mental… il faut travailler son mental… »

La préparation mentale est la nouvelle vedette du sport moderne. Il n’est pas un article de journal, pas une analyse de match, pas un portrait de champion qui ne fasse référence à la fameuse « préparation mentale ». La préparation mentale est mise à toutes les sauces, mais comment se prépare-t-on mentalement ?

La préparation mentale…
Pour Lars-Eric Unestahl (1986), l’entrainement mental a pour but de permettre au sujet de contrôler ses pensées, ses attitudes, ses actions afin de pouvoir éventuellement les changer. Il repose sur l’idée qu’au même titre que la force musculaire peut être améliorée par l’entrainement, la force mentale peut être développée par l’exercice.

Pour Jean Fournier (1998), la préparation mentale est « la préparation à la compétition par un apprentissage d’habilités mentales et d’habiletés cognitives, dont le but principal est d’optimiser la performance personnelle de l’athlète tout en promouvant le plaisir de la pratique et en favorisant l’atteinte de l’autonomie ».

Aussi, le champ de la « préparation mentale » en sport relève d’une approche pédagogique en vue d’aider le sportif à donner le meilleur de lui-même (utiliser au mieux ses ressources) dans le cadre de la compétition, mais aussi de l’entraînement.
L’objectif de la préparation mentale du sportif est d’amener ce dernier à mettre au point une « boîte à outils mentale » personnalisée qu’il pourra utiliser en autonomie. Cela permettra au sportif d’agir aussi bien sur l’aspect physiologique et émotionnel (ce qu’il ressent) que sur l’aspect cognitif (ce qu’il pense) et comportemental (ce qu’il fait). C’est-à-dire sur les 3 composantes conditionnelles et coordinatifs mentaux de la performance.
La notion de plaisir dans la pratique sportive nous rappelle que les sportifs ne sont pas des machines à performance, mais bien des êtres humains à la recherche d’un épanouissement personnel. Le plaisir renvoie également au Graal de la préparation mentale : « le flow » ou « la zone » comme le nomment les sportifs. C’est-à-dire l’ « état de grâce » intrinsèquement agréable qui se manifeste pendant la perception d’un équilibre entre les compétences personnelles et la demande de la tâche. En résumé, « jouer comme dans un rêve ».

Un peu d’histoire…
Il y a de nombreuses années que des techniques de préparation mentale sont intuitivement utilisées par des sportifs, mais ce n’est que depuis la fin des années 1960 qu’elles font l’objet de recherches scientifiques et qu’elles prennent progressivement de l’importance dans la préparation du sportif. En 1991, le premier congrès mondial d’entrainement mental à Örebro (Suède) place définitivement la préparation mentale comme une partie intégrante du processus de l’entrainement du sportif au même titre que la préparation technique et physique.
En parallèle, la Sophrologie fait son apparition et si le professeur Alfonso Caycedo est le père de la Sophrologie (1960), le docteur Raymond Abrezol, est le père de la Sophro-pédagogie sportive. En effet, déjà en 1967, il participait à la préparation de l’équipe de ski Suisse, marquant ainsi l’entrée de la Sophrologie dans le monde du sport. Depuis, la sophrologie sportive n’a cessé de se développer et on la trouve aujourd’hui dans toutes les disciplines sportives : tir à l’arc, équitation, saut à la perche, tennis, boxe, tir sportif, athlétisme, rugby etc. De plus, elle concerne tous les niveaux, du simple pratiquant loisir, au finaliste des jeux olympiques. Des auteurs comme le professeur de sport Luis Fernandez, depuis les années 1980, ou le docteur Edith Perreaut-Pierre, depuis les années 1990, se font l’écho des fondements de la Sophrolo-pédagogie sportive et ont largement contribué par leurs travaux et leurs publications à son évolution et son développement. Aujourd’hui, des écoles de sophrologie intègrent dans la formation qu’elles dispensent des modules de spécialisation « Sophrologie et sport ».

La préparation mentale, pourquoi et comment ?
La liste qui suit, sans être exhaustive, présente les principales indications de la préparation mentale :
• Favoriser la récupération
• Réguler le niveau d’activation (calmer ou dynamiser)
• Objectiver la fixation des buts (sportif et extra-sportif)
• Clarifier les facteurs de motivation (intrinsèque et extrinsèque)
• Renforcer la confiance en soi
• Limiter les pensées négatives et renforcer le discours interne positif
• Gérer ses émotions, principalement la peur et la colère
• Optimiser la concentration
• Faciliter l’apprentissage technique sportif
• « Apprivoiser » le stress précompétitif inhibiteur
• Favoriser les relations au sein du groupe ou de l’équipe (entraîneurs, partenaires d’entraînement, etc.)

Pour répondre à ces problématiques le préparateur mental peut utiliser entre autre, outre des entretiens et des tests, des outils composés à partir des 4 éléments principaux suivant :
• La respiration
• La relaxation
• L’autosuggestion (gestion des pensées)
• L’imagerie mentale (utilisation de tous les sens pour créer une expérience dans sa tête)

La Sophrologie, quant à elle, doit son utilisation précoce dans le cadre de la préparation mentale, à la richesse, l’adaptabilité et l’efficacité de ses méthodes, techniques et principes. Parmi les techniques les plus couramment utilisées on trouve :
• La Sophro Respiration Synchronique (respiration pour se relaxer)
• La Sophronisation de Base (relaxation physique et mentale)
• La Sophro Acceptation Progressive (envisager positivement le futur)
• La Sophro Programmation du Futur (« programmer » positivement une compétition)
• La Sophro Correction sérielle (préparer un long déplacement en avion par exemple)
• La Sophro Présence du Positif (respiration pour se dynamiser positivement)
• La Sophro Substitution Mnésique (gérer la contre-performance par exemple)
• La Sophro Correction Gestuelle (Facilité l’apprentissage d’un geste technique)
• Relaxation Dynamique (relaxation en mouvement)

Comme la préparation physique et technico-tactique, la préparation mentale passe par une période d’évaluation des besoins, d’apprentissage des techniques, d’entraînement, et de mise en application. De plus, la préparation mentale est présente tout au long de la saison sportive, mais elle revêt des formes différentes et utilise des outils spécifiques en fonction des temps d’entrainement ou de compétition. Elle s’intègre aussi bien avant, pendant et après l’épreuve sportive. Elle devient singulière en s’adaptant aux besoins de chaque sportif.

Au regard des principales indications de la préparation mentale, 2 axes d’intervention sont possibles :
• Un axe général (séance en groupe principalement), qui consiste à l’apprentissage ou l’entrainement des habilités mentales de base sans chercher à répondre directement à une problématique compétitive spécifique. On parle alors parfois d’éducation à la préparation mentale ou d’accompagnement mental à l’entrainement. Ces séances peuvent s’effectuer en dehors des séances de sport ou faire partie intégrante de la séance d’entrainement sportif. Leur durée varie de 6 minutes à 30 minutes environ. Elles peuvent, parfois, être animées par un entraineur formé à la préparation mentale et concernent tous les pratiquants sportifs. 1 séance par semaine durant la saison sportive suffit pour cet apprentissage ou cet entrainement mental général.

• Un axe spécifique (séance individuel principalement), qui nécessite l’élaboration d’un programme d’entrainement mental personnel répondant à une demande précise bien souvent directement liée à une problématique compétitive. Dans ce cas, l’intervention d’un préparateur mental est nécessaire. Une séance dure 1 heure environ. Bien souvent, 1 à 3 séances suffisent pour apprendre à se relaxer et récupérer, 3 à 5 séances pour régler un problème de stress et 10 à 12 séances seront nécessaires pour assurer le réel suivi d’un sportif pour une problématique particulière.

La préparation mentale du sportif est souvent un travail d’équipe ! Equipe constituée par le sportif lui-même qui doit adhérer à la démarche et s’investir, parfois de l’entraîneur qui pourra être à l’origine de l’intervention du préparateur mental (pour l’équipe comme pour un sportif) et parfois du médecin qui pourra être à la fois demandeur de l’intervention et une personne ressource lorsque la prise en charge du sportif relèvera davantage du champ thérapeutique que pédagogique.

« Stop, saluez-vous, dans vos coins » annonce l’arbitre.
C’est fini.
Ses épaules se relâchent, il souffle, son visage se décrispe, son cœur bat fort.
Ses supporters l’acclament, il les salue. Son entraîneur lui enlève les gants, « ça va être juste ! ». Il boit une gorgée, la tête lui tourne.
« Au centre, résultat » appelle l’arbitre.
Il se dirige vers le centre du ring, salut à nouveau son adversaire, lui aussi a l’air épuisé, son visage est marqué. L’arbitre saisit leurs poignets, le présentateur annonce son nom, l’arbitre lui lève le bras. Il sourit, la fatigue a disparu, il est heureux.
Il a gagné!

Victor Sebastiao

Le démon du « mieux »

 

Le mieux est l’ennemi du bien

Les procédures, les outils, les diagnostiques de la Préparation mentale ne sont pas forcément aussi compliqués que cela semble être. Parfois les notions les plus évidentes, les plus simples, celles qui devraient nous « crever » les yeux sont celles qui ont le plus de mal à être mises en lumière. D’ailleurs, certaines expressions largement utilisées « l’air de rien » ont tendances à générer plus de problématiques que de solutions. Prenons donc l’exemple de cette fameuse phrase :  « On peut toujours faire mieux ».

Qui n’a pas eu en tête ou entendu, par un parent, un entraineur, un professeur, l’idée que l’on peut toujours faire mieux ou qu’il y a toujours mieux à faire, quel que soit les situations.

Cependant, nous sommes nous posé la question de ce qui pouvait être provoqué lorsque nous entendions, ou voulions faire « mieux ». Mieux que quoi ?, mieux que qui ?, mieux que quand ? Et tout simplement, que veux dire faire mieux ?

Définition de « Mieux » : d’une manière meilleure, plus convenable (Larousse)

Nous pouvons donc déduire que pour « faire mieux » il faut déjà avoir produit quelque chose. Par conséquent, dans un premier temps, il faut donc déjà avoir effectué un acte avant de vouloir le faire mieux. Nous savons par ailleurs que la confiance en soi est la croyance en la capacité de réussir. De ce fait la confiance pour être nourrie, semble nécessiter la satisfaction (j’ai bien fait) des actes produits. Ainsi la notion d’accomplissement pourra émerger.
Mieux pourra être entendu alors par : faire « plus bien » que bien. Ce qui implique alors qu’avant de faire mieux il faut avoir déjà « fait bien » ou reconnu d’avoir « fait bien » ou bien fait.

 A son tour que veut dire avoir bien fait ?

Bien fait, n’est pas d’avoir réussi, car réussir, implique un résultat, et un résultat est la conséquence d’une opération. C’est-à-dire une succession de situations dans lesquelles nous avons pu faire notre maximum, en fonction du moment et de la forme du moment.
En d’autres termes, nous pouvons traduire que bien faire est un processus de réalisation d’objectifs intermédiaires (performance et processus) qui mis bout à bout donne le maximum de chances de réussite. De ce fait, si la réussite n’est pas au bout du chemin, nous ne pouvons rien nous reprocher car nous avons fait tout ce qui était dans nos possibilités, (potentialité).

Prenons l’exemple d’un alpiniste qui ne regarderait uniquement la montagne à grimper afin de prévoir son ascension. La tâche serait rude à envisager : par quel bout commencer? Par contre si celui commence à déterminer le chemin à emprunter et à le diviser en étape, il pourra se préparer au mieux pour chaque étape qui enchainées, devrait le conduire au sommet.
Dorénavant lorsqu’il regarde la montagne, il ne la voit plus mais s’offrent à ses yeux les différentes étapes fixées. (Cf. schéma).

Montagne

Après fixation d’objectifs :

Fixation d'objectifs

 

En accordant de l’importance aux étapes et aux objectifs intermédiaires, on ne voit plus l’objectif de résultat et ainsi la tâche devient beaucoup plus accessible par une succession de réussites qui amène logiquement vers le succès final. On ne voit plus la difficulté première.

Après l’adage, « le mieux est l’ennemi du bien ». Accordons nous donc la possibilité de « faire bien » (notion de satisfaction, d’accomplissement) et de le reconnaître (auto efficacité (Bandura)), avant de vouloir faire mieux. Car, vouloir faire mieux en permanence, implique que nous ne sommes jamais satisfaits de ce que nous faisons. Notre confiance et notre estime de soi dépendent aussi de notre capacité à être content de nous afin de conserver une motivation (envie d’agir) croissante.

Par conséquent, il semble que l’idée de « faire mieux » soit beaucoup plus néfaste qu’elle ne parait, étant donné que dans la notion du « mieux faire permanent », il y a le sentiment d’insatisfaction du travail accompli. En effet toujours vouloir faire mieux, empêche la notion d’accomplissement et projette inéluctablement vers le futur, interdisant tout ancrage dans le présent, créant ainsi une instabilité émotionnelle. Nous ne pouvons agir que sur des situations vécues dans le présent.

« Oublie ton passé qu’il soit simple ou composé, participe à ton présent pour que ton futur soit plus que parfait »
A toute personne voulant d’elle-même, faire toujours mieux. A toute personne (parent ou entraineur, professeur) induisant de manière récurrente l’idée que l’on peut toujours faire mieux, attachez-vous et prenez le temps en premier lieu à reconnaitre ce qui est bien fait dans une situation pour en déduire ce qui doit être amélioré avant de vouloir mieux faire immédiatement (L’erreur est la petite lanterne qui met en lumière ce qui doit être encore travaillé).

Stéphane LIMOUZIN

Augmenter ses performances grâce à l’imagerie motrice

 

L’imagerie « motrice » (IM) (ou imagerie de « reproduction ») est le fait d’imaginer un mouvement ou un geste technique sans manifestation physique observable. Les premières nombreuses études sur imagerie et sport se sont principalement concentrées sur le fait que l’imagerie motrice pouvait favorisait l’apprentissage moteur, l’amélioration de la technique ou de l’habileté sportive en vue d’optimiser la performance sportive. De ce fait, nous pouvons souvent entendre dire qu’un « un geste imaginé équivaut à un geste réalisé ». Mais qu’en est-il exactement ? Depuis plusieurs années les neurosciences et la psychophysiologie tentent de répondre à cette question et ont effectivement mis en avant des similitudes entre mouvement réel et imaginé.
D’abord, notons des similitudes au niveau de l’activation des structures cérébrales. En 2008, Hanakawa et Al., ont mis en évidence ces similitudes.

Imagerie motrice

Les zones en bleu turquoise indiquent les aires cérébrales activées par l’imagerie motrice. Les zones en violet indiquent les aires cérébrales activées par le mouvement réel. Les zones en bleu foncé indiquent que les aires cérébrales qui sont activées à la fois par le mouvement réel et imaginaire. L’intensité des activations cérébrales au cours de l’IM est toutefois réduite comparativement à celle induite par le mouvement volontaire (Lotze et Halsband, 2006).

Ensuite, notons une similitude comportementale : l’isochronie. Beaucoup d’études ont identifié une forte corrélation entre les durées des mouvements réels et imaginés (Decety et al., 1989 ; Munzert, 2002 ; Papaxanthis et al., 2002).

Guillot (2008) précise qu’il y aurait donc un risque potentiel de transformation involontaire du mouvement, lorsque le travail mental ne respecte pas le principe de l’isochronie. En effet, Boschker et al.(2000) ont testé des sujets ayant appris une séquence de 12 mouvements rythmiques des membres inférieurs (déplacements d’appuis) à vitesse « normale », puis ont été répartis dans 5 groupes : pratique physique ralentie, pratique physique accélérée, imagerie motrice ralentie, imagerie motrice accélérée et condition contrôle. Les résultats ont montré qu’un entraînement mental accéléré ou ralenti pouvait modifier la vitesse d’exécution réelle du mouvement. Ces résultats ont été également observés par Guillot (2008) chez des judokas de niveau national (ceintures noires).

L’auteur précise : « ces effets témoignent à la fois des dangers et des bénéfices que peut procurer la non-conservation des caractéristiques temporelles du mouvement pendant l’imagerie. Elle peut conduire le sujet à modifier involontairement la vitesse d’exécution, probablement au détriment de la qualité du mouvement. Au contraire, un sujet capable de reproduire la durée du mouvement pendant l’imagerie pourrait, dans un deuxième temps, modifier volontairement sa durée pour corriger une gestuelle ou gagner en vitesse d’exécution ».

Enfin, notons des similitudes au niveau de l’activation du système nerveux autonome (neurovégétatif). Selon Di Rienzo (2013), au cours de l’imagerie motrice, il y aurait une certaine préservation de la commande neurovégétative au niveau de l’activité cardiorespiratoire et électrodermale.

Nous pouvons donc, mettre en évidence, l’intérêt d’intégrer l’imagerie mentale aux entraînements des sportifs. D’autant plus, que celle-ci ne génère pas de fatigue neuro-musculaire par rapport aux entraînements réels (Rozand et Al., 2014). Il n’a plus qu’à…

Sylvain Baert

Toutes les questions que vous êtes en droit de vous poser sur la préparation mentale…

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3d man pushing a puzzle pieces into its placeQu’est-ce que la préparation mentale ?
Son intérêt, son efficacité, sa démarche…

Le mental est-il si important dans la performance du sportif ?

« Je crois que c’est l’aspect mental qui est la partie essentielle du tennis mais les gens ne le savent pas. »
Boris Becker,
ancien tennisman.

« Le talent gagne les matches, mais le travail d’équipe et le mental remportent les championnats. »
Michaël Jordan, ancien basketteur.

« Je considère que le rugby, de par ses caractéristiques, va proposer aux hommes un grand combat, un combat d’affirmation, un combat de domination, et que la performance passe par la maîtrise du stress et des émotions. »
Daniel Herréro (entraîneur de rugby).

« Il faut être ni stressé sinon tu perds tes moyens, ni trop décontracté sinon tu ne prends pas conscience de l’enjeu. Tu dois donc trouver le juste milieu. En partant à l’OM puis au milan, j’ai pris l’habitude d’avoir le bon comportement: savoir être un combattant et rester lucide en même temps, mais aussi se mettre un supplément de pression sans pour autant être en difficulté. C’est une question d’équilibre. »
Marcel Dessailly (footballeur).

Ces quelques citations de sportifs ou d’entraîneurs mettent en avant le rôle déterminant « du mental » dans la performance.

[sws_green_box box_size= »778″] Le « mental » est considéré par bien des acteurs du monde sportif comme le facteur discriminant, l’élément qui fait la différence pour atteindre la plus haute marche du podium. [/sws_green_box]

La pyramide de la performance illustre également le niveau d’expertise du sportif. Si le physique est la base de toute pratique sportive, l’apprentissage technique est fondamental chez le pratiquant débutant. Puis quand le niveau d’expertise augmente, l’apprentissage sera d’avantage axé sur la tactique.
Au plus le niveau d’expertise est élevé, au plus la préparation mentale devient discriminante dans la performance, pour atteindre l’état optimal de performance.

Son efficacité semble reconnue par les acteurs du monde sportif, mais qu’en est-il des études scientifiques sur le sujet ?

coaching1De multiples études scientifiques se sont penchées sur la question de l’efficacité ou non de la préparation mentale sur la performance. Ne sera présentée ici qu’une synthèse de ces études tant leur nombre est important.

Une enquête effectuée sur 235 athlètes canadiens ayant participé aux Jeux Olympiques de Los Angeles et de Sarajevo en 1984 ont montré que les 75 sportifs « médaillés » ont tous étaient capables d’identifier les facteurs psychologiques ayant permis leurs performances, mais aussi que tous s’étaient donné comme objectif de développer systématiquement leurs habiletés mentales aux cours de leurs préparations pour les Jeux Olympiques ( Orlick et Partington, 1988).

De même, lors d’entretiens structurés, des golfeurs professionnels ont confirmé utiliser des procédures de préparation mentale pour se préparer aux compétitions. L’exemple du golfeur Tiger Woods illustre, pour certains à outrance, la prépondérance des facteurs psychologiques sur la performance.

Greenspan et Feltz (1989) ont recensé 23 études et toutes relatent l’efficacité de divers types d’intervention psychologique sur l’amélioration de la performance compétitive.

Landers (1983) a analysé 60 études portant sur le sujet. Les résultats de ces études montrent des différences notables entre les groupes de sportifs ayant bénéficié d’un entraînement mental et les autres sur la performance. 85% des sportifs ont enregistré des bénéfices en termes de performance (Weinberg et Williams, 2001).

Des études effectuées sur des joueurs de tennis :
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Sur 115 joueurs de tennis professionnels interrogés, presque tous ont affirmé utiliser une forme de technique mentale pour améliorer leurs performances.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] De même, les joueurs les mieux classés utilisaient de manière plus intensive les techniques de préparation mentale.

Si les études citées précédemment semblent toutes aller dans le sens d’une efficacité indéniable de la préparation mentale, certaines infirmes ces résultats.

[sws_blue_box box_size= »778″] Pourquoi certaines études scientifiques infirment l’efficacité de la préparation mentale sur la performance et surtout pourquoi y-a-t’il encore une telle réticence à recourir à cette pratique ? [/sws_blue_box]

Cette question est au cœur de la problématique qui entoure la préparation mentale et psychologique, et différentes explications sont nécessaires.

1. Tout d’abord, un grand nombre de ces études qui n’évoquent qu’un impact limité de la préparation psychologique sur la performance, possède des biais méthodologiques comme le nombre restreint de sportifs étudiés, des outils de préparation mentale standardisés et stéréotypés, peu pertinents au regard de la problématique des sportifs..

2. Des études parfois délibérément conçues pour obtenir ces résultats peu favorables à cette pratique.

3. Mais surtout le foisonnement de pratiques et de praticiens plus que douteux qui interviennent dans le domaine de la préparation mentale. Ce domaine récent, et en pleine expansion ces dernières années, attire un nombre croissant de praticiens sans formation, peu expérimentés dans le domaine, qui interviennent sur des sportifs, clubs ou structures parfois de renom. Ces interventions relèvent souvent plus de la manipulation que de la préparation psychologique et viennent entacher la profession dans sa totalité. La déferlante médiatique qui a suivi certaines pratiques plus que douteuses n’a fait qu’accroître la suspicion sur une profession qui a de réelles difficultés à se structurer et à se prémunir de ces abus et imposteurs.

Gageons que cette profession sera, dans les années à venir, à même de se prémunir de ces pratiques, en se structurant et en fédérant des professionnels qualifiés et compétents. C’est à ce titre l’une des ambitions du C.R.O.P.S.

[sws_blue_box box_size= »778″]

Le saviez-vous ?

La répétition mentale est un outil fréquemment utilisé dans la préparation mentale. Elle consiste à se répéter mentalement une action ou un geste en l’absence de mouvements musculaires réels. Il s’agit donc d’une activité purement psychologique.
En 1991, Decety, Jeannerod, Germain et Pastène ont pu montrer que la répétition mentale d’une activité a des conséquences physiologiques qui sont en rapport direct avec l’intensité de l’effort imaginé.
Mais de façon encore plus surprenante, Thill, 1997 montre que le fait d’imaginer un mouvement entraîne des conséquences végétatives (fréquence cardiaque, ventilation pulmonaire..) de même ampleur que celles qui accompagnent un geste réel.
La répétition mentale
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-arrowthick-1-e »] [/sws_ui_icon] Augmentation de la force musculaire du membre impliqué et cela en l’absence de contractions musculaires réelles.
Par exemple, une étude réalisée par Yue et Cole en 1992, indique une augmentation significative de la force musculaire du poignet dans des conditions de contactions isométriques maximales imaginées.
Cette augmentation de force est de :
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] 29% en cas d’exercices réels.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] 22% dans des conditions de répétitions mentales.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Seulement 3,28% en l’absence d’exercices.
[/sws_blue_box]

La préparation mentale n’est-elle destinée qu’au haut-niveau ?

Si elle s’avère efficace et déterminante dans le haut-niveau, son rôle et son impact s’expriment également chez des pratiquants débutants.
Exemple illustré par une étude sur des plongeurs débutants (Terry, Mayer et Howe, 1998) :
Un programme d’entraînement mental est proposé à des plongeurs sous-marins débutants.
Comparativement au groupe sans entraînement, ils arrivent:

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] à diminuer leur anxiété,
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] à augmenter leur confiance en soi,
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] à diminuer leur rythme respiratoire
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] et à améliorer leurs performances.

La préparation mentale présente une utilité quel que soit le niveau d’expertise du sportif. Par contre, le recours de cette pratique chez des sujets jeunes est peu pertinent.

La démarche en préparation mentale ?
Il n’existe pas de consensus sur la démarche en préparation mentale. La multitude des intervenants provenant d’horizons, de formations et d’obédiences différentes, auquel s’ajoute la jeunesse de la discipline, ne permettent pas d’ériger un protocole et une démarche consensuelle.
La démarche exposée par la suite n’est qu’une démarche parmi tant d’autres mais elle est le fruit de l’expérience et de l’échange de différents intervenants dans le domaine, et la volonté d’inscrire la préparation psychologique dans un contexte rigoureux et scientifique.
Cette démarche a pour objectif d’optimiser la performance tout en préservant la santé et l’équilibre psychique du sportif. Lire l’article : « La démarche en préparation mentale »

Bien d’autres questions subsistent sur une profession en plein essor, mais qui de par sa jeunesse offre parfois le visage d’une profession aux contours incertains.
Néanmoins sa prégnance et son efficacité sont les gageures d’une profession qui se structure et se fédère dans un même objectif : celui d’offrir aux acteurs du monde sportif des clés pour accroître leur performance tout en préservant leur équilibre et leur santé. Nul doute que ce challenge collectivement partagé sera bientôt relevé !

Nathalie Crépin et Florence Delerue.

Psychologie du sport, préparation mentale, coaching : Quelles différences ?

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CoachingSolutions
Il y a, en France, un amalgame conceptuel et méthodologique entre la psychologie du sport et la préparation mentale.

Cette opacité est surtout française. Le terme de préparation mentale est le plus fréquemment employé, mais il varie selon les pays. Dans la littérature anglo-saxonne, le terme d’entraînement mental, ou entraînement des habiletés mentales, prévaut sur celui de préparation mentale. Les auteurs germaniques parlent eux d’entraînement psychologique.

Mais un autre terme vient envahir la presse et les médias, c’est le terme de coaching. Ce terme « fourre tout » revêt une réalité tout aussi nébuleuse que sa terminologie.

Le coaching concerne l’accompagnement et l’épanouissement du client : on parle de coaching d’entreprise, de coaching de formation, de coaching conseil, de coaching de vie, de coaching de relookage…Sa prolifération dans les médias et son aspect éminemment marketing favorisent les dérives de cette profession non structurée, tant sur les compétences requises que sur une éthique de la pratique. Et certains mouvements sectaires se sont emparés de ce marché porteur, où tout un chacun, peut, demain, exercer comme coach.

Le psychologue du sport, quant à lui, possède un titre et un statut de psychologue protégé et régis par un code de déontologie. L’obtention de ce titre n’est donc délivrée qu’après un certain nombre d’années d’étude par des compétences certifiées dans le domaine. C’est « Un médiateur de sens entre la préparation mentale, le sportif et son environnement »
Gilles LECOCQ.

La psychologie du sport « est l’étude des facteurs psychologiques et émotionnels sur les performances et de l’influence de la pratique sportive sur ces mêmes facteurs »
Richard Cox (psychologie du sport, Ed De boeck).

Son objectif est d’améliorer les performances mais aussi de prendre en compte la singularité du sportif et de son environnement. Elle vise à renforcer certaines qualités inhérentes à la performance, mais aussi à harmoniser le contexte relationnel, affectif et environnemental. Elle s’intéresse donc au sportif dans sa globalité et sa singularité. Le psychologue du sport peut également proposer un travail psychologique si nécessaire ou si des troubles psychologiques se manifestent.

Marc LEVEQUE psychologue du sport et maître de conférence, propose dans son ouvrage sport et psychologie, un éclairage sur cette pratique de la préparation mentale. « La préparation mentale recouvre l’utilisation par l’athlète, à l’approche de la compétition, de techniques de contrôle de l’anxiété et de renforcement de l’efficience motrice… La préparation mentale propose un ensemble de techniques que l’athlète apprend et applique dans deux objectifs: maintenir l’efficacité du geste dans une situation de compétition et se blinder contre les influences génératrices de stress.»

Elle fait donc référence à des habiletés, des procédures et des stratégies en vue d’améliorer les apprentissages et d’optimiser les performances.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Des habiletés comme la confiance en soi, la concentration…
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Des procédures comme la relaxation, l’imagerie mentale, la fixation d’objectifs…
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Des stratégies comme le renforcement de la cohésion de groupe.

Elle utilise pour ce faire des techniques et des outils, pour la plupart, importés des pays anglo-saxon. Les techniques (voir article sur les techniques en préparation mentale) et les outils les plus fréquemment usités sont la relaxation, l’imagerie mentale, les techniques cognitives de contrôle de la pensée.

Dans le modèle nord-américain, la différence des deux approches est plus claire et elle est régit par des sociétés scientifiques.

[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Le fonctionnement nord-américain, en psychologie du sport, différencie le clinicien (le psychologue) du consultant (le préparateur mental) (Weinberg et Gould, 1995).
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Cette répartition des compétences est contrôlée par des sociétés scientifiques.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Un psychologue du sport peut former un ou plusieurs préparateurs mentaux.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] Il assure le suivi et supervise les préparateurs mentaux.

En France, cette distinction n’a pas cours même si ces deux professions connaissent de profondes mutations en vue de se structurer. Les différents acteurs du monde sportif se trouvent encore confrontés à un foisonnement d’intervenants dans le domaine de la psychologie du sport et de la préparation mentale, d’horizons et de compétences fort diverses.
Mais une volonté manifeste d’offrir un éclairage sur ces pratiques et ces intervenants est en train de se développer en France, avec la création de réseaux nationaux d’experts dans le domaine, sous l’impulsion de l’INSEP, tête de réseau du sport de haut niveau en France.

Crépin Nathalie
Delerue Florence

Quelques éléments de réflexion sur la profession de psychologue du sport…

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psychologie-du-sportDe plus en plus de sportif ont recours à des psychologues du sport. La contribution du psychologue dans le domaine sportif constitue une réalité essentielle, contemporaine en France, déjà ancienne dans certains pays. L’histoire de la psychologie du sport permet de mettre en lumière certains des enjeux présents dans ce domaine.

Les techniques d’entraînement mental regroupent un ensemble de techniques développé en psychologie et parapsychologie. Elles visent généralement à améliorer un ensemble de capacités psychiques nécessaire à la pratique sportive.
Elles s’appuient sur des techniques qui peuvent être combinées : relaxation, fixation d’objectifs, visualisation, discours interne, régulation de l’activation…
Les progrès récents de ces techniques permettent maintenant de les utiliser selon les profils et les situations de chaque sportif.

Il existe parfois une différence importante entre les techniques d’entraînement mental et les approches cliniques du sportif. Pourtant, dans le cadre de l’intervention en psychologie du sport, ces deux approches sont nécessaires et interagissent.

Les techniques d’entraînement mental
Les techniques d’entraînement mental peuvent être utilisées à deux niveaux :
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] pour optimiser la performance du sportif.
Elles permettent d’optimiser les capacités mentales du sportif. Dans ce cadre, les techniques peuvent être intégrées à l’entraînement de tous sportifs, quel que soit son niveau, son âge et les difficultés rencontrées.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] pour prévenir des difficultés psychologiques liées à la pratique sportive.

En effet, ces techniques ont également un impact important sur l’équilibre psychique du sportif. Elles permettent par exemple, d’accroître la confiance en soi, la motivation, réduire l’anxiété, agir sur la gestion du stress, la récupération, la diminution du risque de blessures…

Les difficultés que l’on rencontre dans l’utilisation de ces dispositifs relève de l’adéquation de ces techniques à une situation donnée : pourquoi le pratiquant à t’il recoure à ces techniques? Quels sont les compétences et les objectifs du praticien?

L’analyse de la situation et de l’enjeu de la demande est indispensable pour une approche pertinente :
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] concernant le pratiquant: qu’est-ce qui l’amène à solliciter ce type d’intervention ? Souhaite-t-il optimiser ses performances, rencontre t’il des difficultés depuis de nombreux mois ?
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-triangle-1-e »] [/sws_ui_icon] concernant le praticien : est-il face à une situation où l’entraînement mental est indiqué ? Est-il capable de l’évaluer?

Et surtout la question fondamentale : a-t-il la compétence pour y remédier ?

On voit depuis quelques années proliférer des individus qui s’autoproclament préparateur mental ou psychologue du sport, parce qu’ils ont reçus quelques heures de cours sur le sujet ou pire encore parce qu’ils ont consultés deux ouvrages sur le sujet..
C’est pourquoi une charte de la société Française de psychologie du sport sur l’éthique de l’intervention en psychologie du sport s’est avérée indispensable pour former les contours de la profession.

Référence :
Sport et psychologie, L’apport du psychologue aux acteurs, Marc Leveque Les cahiers de l’INSEP.
Entraînement mental et sport de haute performance, N°22 1998, Philippe Fleurance, Les cahiers de l’INSEP.

Crépin Nathalie
Delerue Florence

Les techniques de préparation mentale

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Les techniques de relaxation sont les techniques les plus utilisées : ce sont des méthodes de gestion du stress et de récupération.

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Il s’agit du Training Autogène de Schultz et de la Relaxation Progressive de Jacobson. Toutes les deux s’appuient sur une régulation du tonus musculaire pour équilibrer mentalement le sujet. Elles peuvent être utilisées seules ou bien serviront de support à d’autres méthodes.

Les avantages de ces deux techniques :
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-arrow-1-e »] [/sws_ui_icon] Elles suppriment les manifestations physiques du stress et de l’angoisse.
[sws_ui_icon ui_theme= »ui-smoothness » icon= »ui-icon-arrow-1-e »] [/sws_ui_icon] Elles améliorent la récupération physique (comme les blessures) et la récupération mental.
Nous soulignons le fait qu’il existe d’autres techniques de relaxation comme le Hatha , le yoga, l’Eutonie, mais elles semblent peut pertinentes dans le domaine sportif.

La sophrologie
Une autre technique de relaxation mais qui possède ses détracteurs.
Inventée à la fin des années 50 par A. Caycedo, il s’agit de la science de l’esprit harmonieux. Elle se veut la synthèse à la fois des recherches les plus modernes et des traditions les plus anciennes afin d’offrir une méthode adaptée à notre culture et à notre société. Elle a crée son propre fondement théorique et ses propres outils.
Cette technique doit être utilisée avec prudence et discernement car elle peut relever de praticien ayant peu de compétence dans le domaine sportif.

Les techniques de méditation
Le Yoga et le Zen, nous viennent d’Orient. Elles ont pour objectifs de permettre à l’individu de trouver le silence intérieur, une maitrise de soi et une amélioration de la concentration.
Elles sont peu utilisées dans le domaine sportif.

Les techniques cognitivo – comportementales
D’origine anglo-saxone, elles sont apparues dans les années 50. Elles ont pour objectif de modifier un comportement inadapté et non de rechercher les causes ou l’origine. Elles
vont privilégier l’ « ici et maintenant » et modifier les idées, les pensées et les sentiments négatifs qui perturbent le sportif.

a) Le biofeedback ou rétro – action biologique :
C’est une technique qui est apparu dans les années 1960. Il s’agit d’objectiver au moyen d’appareillages des fonctions physiologiques dont l’individu n’a pas toujours conscience et d’accroître ainsi son contrôle. « Le biofeedback constitue une technique qui tromperont dans un miroir intérieur particulièrement objectif, puisqu’il s’agit d’un appareil se reflétera des informations particulièrement significatives, en temps réel d’activité musculaire, cérébrale, intestinale, cutanées, respiratoires etc, revêtant diverses formes d’énergie thermique mécanique. Ainsi l’instrument confère au sujet une plus grande capacité intéroceptive et proprioceptive en lui restituant des signaux biologiques habituellement inaccessible par la seule détection somesthésiques ou sensoriels. Enrichi de nouvelles informations venant renforcer les informations nerveuses naturelles, le sportif prend conscience de façon plus précise du fonctionnement de ses muscles, de son cerveau, de son coeur, de ses vaisseaux, etc.. » (Bourgeois, 1986).
C’est une technique qui connait un essor important aux Etat-Unis, notamment dans la gestion du stress et la concentration.

b) Le Stress Inoculation Training :
Mis au point par D. Meinchenbaum à la fin des années 70. Ce dernier s’appuie sur le principe de la vaccination :  » inoculer une substance atténuée à un individu pour lui conférer l’immunité « . Pour changer la perception de la situation stressante, on apprend au sujet comment gérer stress. L’athlète est exposé au stress et apprend à faire face à des stimuli de force croissante. Un travail de relaxation complète cette technique.

c) L’arrêt de la pensée :
Il s’agit pour le sportif d’élaborer un  » stop verbal  » pour mettre fin aux pensées négatives perturbatrices et donc de les chasser. Elle permet au sportif de contrôler ses pensées.

d) La désensibilisation systématique :
Elle combine la relaxation et l’imagerie mentale. Le sportif va dresser la liste des situations anxiogènes et noter leurs intensités. Puis par la relaxation il va reprendre à son rythme la liste de ces situations et revivre ces situations mais de façon plaisante..

e) Le renforcement positif imagé :
Mis au point par Cautela, elle consiste pour le sportif après une séance de relaxation, à visualiser l’objectif qu’il veut atteindre et ainsi l’ancrer mentalement Elle s’appuie sur les méthodes de conditionnement.

f) La pensée rationnelle émotive :
Mise au point par A. Ellis, il s’agit pour le psychologue de permettre au sportif de transformer ses croyances négatives en idées positives, remplacer le  » j’essaye  » par  » je fais « .

La Programmation Neuro – Linguistique
Cette technique américaine inventée par R. Bandler et J. Grinder dans les années 70 se fonde sur l’analogie entre le fonctionnement du cerveau et celui des ordinateurs. Elle s’intéresse principalement au « comment ». Avec la notion de système, l’aspect relationnel du sportif est prépondérant. Son objectif principal est d’obtenir des changements de comportement et d’améliorer les possibilités du sujet en lui faisant adopter des attitudes et des pensées positives. Pour cela, il est important d’identifier le canal privilégié (visuel, auditif, olfactif et kinesthésique) pour établir une bonne communication. Cette technique trouve un écho favorable chez les entraîneurs qui y voit un outil de communication efficace.

Les techniques d’imagerie mentale
L’imagerie et la répétition mentale se caractérisent par la répétition symbolique d’une action ou d’un mouvement. « La répétition mentale est généralement définie comme la répétition intériorisée d’un patron moteur, sur la production concomitante de l’activité musculaire normalement requis pour l’exécution de ces patrons moteur. La répétition mentale est à l’oeuvre, par exemple, lorsqu’un individu visualise les étapes d’un mouvement complexe d’une action à exécuter. » (Denis, 1987).
Nous avons des images visuelles, auditives, olfactives et kinesthésiques. La visualisation mentale permet de changer de temps et d’espace (retour sur le passé ou projection dans l’avenir). L’imagerie mentale peut se réaliser :
– dans une perspective interne (emploi du « je ») : l’athlète est impliqué dans l’action. Il s’imagine dans son corps en train d’exécuter le geste, il ressent toutes les sensations que cela peut lui procurer (visuelles et kinesthésiques). On parle alors d’imagerie mentale associée.
– dans une perspective externe (emploi du « il ») : le sportif est spectateur de son action, il la
visualise. On parle alors d’imagerie mentale dissociée.

Cette technique peut être associée à d’autres comme la relaxation. Elle est actuellement fort prisée et semble montrer toute sa pertinence dans l’optimisation de la performance.

Références :
 » Guide pratique de la préparation psychologique du sportif « . Edgar Thill / Philippe Fleurance, Vigot,1998.
 » Psychologie du sport et de l’activité physique ». R.S.Weinberg / D. Gould, Vigot, 1997.
 » La préparation psychologique du sportif ». Raymond Thomas, Vigot, 1994.