Coupe du monde de football 1998… 20 ans après ?

 

De multiples facteurs interfèrent et entrent en jeu dans la performance d’une équipe. Cependant, deux éléments paraissent prépondérant comme clefs de voute du succès et des  victoires : la cohésion et la communication.

« La performance individuelle, ce n’est pas le plus important. On gagne et on perd en équipe » Zinedine Zidane.

Si la cohésion et la solidarité sont des facteurs essentiels, la communication joue un rôle fondamental. La communication entre les joueurs bien sûr, mais surtout la communication de l’entraîneur envers ses joueurs.

Quand on parle de communication, on pense aux mots verbalisés bien sûrs mais pas seulement. Pour certains spécialistes, 93% de la communication est non verbale. On y inclus alors les attitudes, les postures, les mimiques, le ton de la voix… Ce sont des éléments primordiaux en communication.

 

Revenons sur le discours d’Aimé Jacquet avant le début de la coupe du monde en 1998, présenté dans ce formidable documentaire « Les yeux dans les bleus ».

Son attitude au début de la causerie exprime de la sérénité, du calme, son ton de voix est doux, rassurant.

Et il commence par : « Chaque fois que l’on est sur le terrain, c’est tout du bonus pour nous » « … parce que nous allons faire un long parcours » Son discours exprime toute sa certitude sur le succès de l’équipe et l’amène à se projeter, très rapidement, vers ce long et magnifique parcours.

« Et il faudra être prêts vendredi, et prêts ensuite » « J’aime bien aussi qu’il y ait une responsabilité collective » « Il va falloir être costauds et solidaires parce que l’on va en subir des chocs et des émotions et quel beau truc à vivre… un moment inoubliable dans votre vie de footballeur ». On y voit les conditions nécessaires à la réussite :

–          « Être prêt » parce qu’un match se gagne en partie…avant le match,

–          La responsabilité de chacun est essentielle dans la construction d’une réussite collective,

–          L’exploit ne peut s’inscrire uniquement dans les émotions qui le guident.

Il n’évoque pas la pression, le stress, la peur mais orientent les joueurs sur ces émotions « positives » et intenses, sur la rareté d’un tel ressenti, de la chance de cette opportunité qu’ils ont de vivre un tel évènement. Il donne ainsi des repères sur le déroulement de cette compétition.

Puis, il enchaine sur un ton plus appuyé, plus déterminé et plus tonique : « Utiles pour l’équipe et efficaces…et venez pas m’emmerder…Fixez-vous des objectifs ! Tous ! Qu’est-ce que je peux faire ? » Il insiste sur la notion du collectif : de l’importance de mettre le talent individuel au service du collectif pour être efficace. Il met en valeur aussi la nécessité de se fixer individuellement des objectifs. La fixation d’objectifs est un outil puissant en préparation mentale. Aimé Jacquet utilise comme fil conducteur de son discours, la responsabilité de chacun.

« Jouer comme vous le savez, simplement. Mettez-vous dans vos meilleures dispositions. En respectant le jeu que chacun va pratiquer comme à l’entraînement. » Jouer simple, comme à l’entrainement permet d’aborder les matchs avec confiance de faire « juste ce que l’on sait faire », sans « sur-jouer ».

« Fixez-vous des objectifs, demandez-vous ‘’Qu’est-ce que je dois faire ?’’ » Trois éléments reviennent régulièrement dans le discours d’Aimé Jacquet comme une prise de conscience, un ancrage fort pour la suite de la compétition : Se fixer des objectifs individuels ; entrer rapidement dans la compétition ; et se responsabiliser.

Enfin, Aimé Jacquet se retourne vers chacun des joueurs et exprime ce qu’il attend de lui, son registre de jeu et ses failles à combler. C’est le fameux « Muscle ton jeu Robert. Si tu ne muscles pas ton jeu, fais attention ! », en utilisant un ton péremptoire, le doigt pointé comme menaçant.

« Zizou, meneur ça veut dire : l’obligation de mettre en route le jeu pour les autres » « Toujours en première intention pour que tes attaquants soient dans les meilleures dispositions » « Tu as un peu exagéré ces derniers temps. Je sais, il y avait 50 milles au Maroc qui scandent ‘’Zizou, Zizou’’.C’est normal… » Il le recadre sur son poste de jeu et insiste sur la nécessité de se mettre au service des autres et du collectif. Il emploie un ton amusé, un peu ironique mais avec beaucoup d’empathie.

« Et je finirais par Steph. Tu as marqué combien de buts? » [Stéphane Guivarc’h)  : « 40 », Aimé Jacquet : « En ce moment, il est dans une période de doutes. Il attend le déclic. Le déclic vient à ceux qui sont audacieux, qui sont persévérants et ceux qui sont intelligents » « Respect total des attaquants. Respect total des attaquants parce que j’étais incapable d’être attaquant» Quel meilleur discours pour rassurer, redonner confiance ? Aimé Jacquet exprime sa confiance pour ce joueur. Le message est fort. Trois éléments facteurs de la réussite apparaissent ici : l’audace, la persévérance et l’intelligence !

Nul doute que Didier Deschamps sera trouver les mots et adopter la bonne attitude pour emmener ses joueurs vers le succès.

 

Nathalie Crépin