Augmenter ses performances grâce à l’imagerie motrice

 

L’imagerie « motrice » (IM) (ou imagerie de « reproduction ») est le fait d’imaginer un mouvement ou un geste technique sans manifestation physique observable. Les premières nombreuses études sur imagerie et sport se sont principalement concentrées sur le fait que l’imagerie motrice pouvait favorisait l’apprentissage moteur, l’amélioration de la technique ou de l’habileté sportive en vue d’optimiser la performance sportive. De ce fait, nous pouvons souvent entendre dire qu’un « un geste imaginé équivaut à un geste réalisé ». Mais qu’en est-il exactement ? Depuis plusieurs années les neurosciences et la psychophysiologie tentent de répondre à cette question et ont effectivement mis en avant des similitudes entre mouvement réel et imaginé.
D’abord, notons des similitudes au niveau de l’activation des structures cérébrales. En 2008, Hanakawa et Al., ont mis en évidence ces similitudes.

Imagerie motrice

Les zones en bleu turquoise indiquent les aires cérébrales activées par l’imagerie motrice. Les zones en violet indiquent les aires cérébrales activées par le mouvement réel. Les zones en bleu foncé indiquent que les aires cérébrales qui sont activées à la fois par le mouvement réel et imaginaire. L’intensité des activations cérébrales au cours de l’IM est toutefois réduite comparativement à celle induite par le mouvement volontaire (Lotze et Halsband, 2006).

Ensuite, notons une similitude comportementale : l’isochronie. Beaucoup d’études ont identifié une forte corrélation entre les durées des mouvements réels et imaginés (Decety et al., 1989 ; Munzert, 2002 ; Papaxanthis et al., 2002).

Guillot (2008) précise qu’il y aurait donc un risque potentiel de transformation involontaire du mouvement, lorsque le travail mental ne respecte pas le principe de l’isochronie. En effet, Boschker et al.(2000) ont testé des sujets ayant appris une séquence de 12 mouvements rythmiques des membres inférieurs (déplacements d’appuis) à vitesse « normale », puis ont été répartis dans 5 groupes : pratique physique ralentie, pratique physique accélérée, imagerie motrice ralentie, imagerie motrice accélérée et condition contrôle. Les résultats ont montré qu’un entraînement mental accéléré ou ralenti pouvait modifier la vitesse d’exécution réelle du mouvement. Ces résultats ont été également observés par Guillot (2008) chez des judokas de niveau national (ceintures noires).

L’auteur précise : « ces effets témoignent à la fois des dangers et des bénéfices que peut procurer la non-conservation des caractéristiques temporelles du mouvement pendant l’imagerie. Elle peut conduire le sujet à modifier involontairement la vitesse d’exécution, probablement au détriment de la qualité du mouvement. Au contraire, un sujet capable de reproduire la durée du mouvement pendant l’imagerie pourrait, dans un deuxième temps, modifier volontairement sa durée pour corriger une gestuelle ou gagner en vitesse d’exécution ».

Enfin, notons des similitudes au niveau de l’activation du système nerveux autonome (neurovégétatif). Selon Di Rienzo (2013), au cours de l’imagerie motrice, il y aurait une certaine préservation de la commande neurovégétative au niveau de l’activité cardiorespiratoire et électrodermale.

Nous pouvons donc, mettre en évidence, l’intérêt d’intégrer l’imagerie mentale aux entraînements des sportifs. D’autant plus, que celle-ci ne génère pas de fatigue neuro-musculaire par rapport aux entraînements réels (Rozand et Al., 2014). Il n’a plus qu’à…

Sylvain Baert