Collection C.R.O.P.S. : 1er ouvrage!

Le C.R.O.P.S. lance sa collection d’ouvrages sur la préparation mentale et la psychologie du sport!

Le premier livre s’intitule « Performance et Bien-être: 10 outils fondamentaux »,

rédigé par Yancy Dufour.

Cet ouvrage est destiné à toute personne désireuse d’améliorer simultanément performance et bien-être, pour soi ou pour les autres.

Fort de son expérience personnelle et du suivi en préparation mentale de nombreux sportifs, Yancy Dufour propose une synthèse d’outils qui lui paraissent les plus efficaces pour engendrer performance et bien-être. Dix outils (Fixation d’Objectifs, Dialogue Interne, Imagerie Mentale, Méditation, Contrôle Respiratoire,Techniques de Relaxation, Rythmes Biologiques, Communication Non verbale, Switch, Routines de Performance) répartis dans trois domaines différents: cognitif, physiologique et comportemental. Les objectifs sont à la fois le contrôle de ces processus (pour reprendre le contrôle du bateau) et/ou le renforcement (dans un but préventif ).

Chaque domaine et chaque outil sont justifiés scientifiquement, de manière accessible. De nombreux exemples de champions connus, de sportifs qu’il a suivis et de son expérience personnelle, sont proposés en illustrations.

L’être humain est un tout. Il est nécessaire de gérer chacune des trois composantes développées et donc un peu de chacun de ces outils, pour tendre vers la performance et le bien-être.

Quatre habiletés mentales sont plus particulièrement travaillées tout au long de l’ouvrage : la gestion des émotions et du stress, la confiance en soi, la concentration, la motivation.

Des parallèles sont faits avec le domaine du travail et la vie de tous les jours, secteurs où ces outils peuvent être totalement réinvestis avec les mêmes objectifs, la performance et le bien-être.

Yancy Dufour est un Sportif accompli (Judo, Rugby, Ultra-Trails), professeur Certifié d’EPS et Docteur en Psychologie. Il est enseignant titulaire à la Faculté des Sciences du Sport et de l’Éducation Physique de Lille.

Il est le créateur et responsable des Diplômes Universitaires (DU) : « Préparation mentale et psychologie du sportif », « Yoga : adapter et diff user les outils du Yoga », des Attestations Universitaires d’Enseignement Complémentaire (AUEC) : « Initiation aux techniques de bien-être », « Préparation mentale collective », « Préférences et préparations posturales, motrices et mentales ».

Il est Préparateur Mental de sportifs de niveau amateur à international, en individuel et en collectif. Il suit actuellement divers joueurs de ligue 1 dans plusieurs clubs du championnat de France. Il réalise aussi le suivi de multiples salariés en entreprise, étudiants en préparation de concours. Il est également formateur sur la performance et le bien-être en entreprise, formateur de psychologues, psychothérapeutes, coachs mentaux.

Président du Centre Ressources en Optimisation de la Performance et en Psychologie du Sportif (CROPS, www.preparationmentale.fr), il est également membre du groupe ressource « Psychologie et Performance » à l’Institut National du Sport et de l’Éducation Physique (INSEP).

Éditeur : Publishroom

338 pages ; 14,8 x 21 cm ; broché

ISBN 979-10-236-1748-1

EAN 9791023617481

Prix de vente au public (TTC) : 19 €

Psychologie des sportifs : Comment rester compétiteur pendant le confinement

Alors que le calendrier sportif n’a jamais été aussi vide, les athlètes de haut niveau doivent poursuivre leurs entraînements, mais sans objectif ni compétition à l’horizon. Leur esprit guerrier peut être mis à mal pendant ce confinement. L’objectif pour eux est donc d’optimiser cette pause imposée pour consolider leur mental d’athlète.

Témoignage de Nathalie Crépin dans l’article rédigé par Apolline Merle pour France Tv Sport le 1er mai 2020.

Quand on regarde le calendrier sportif pour les prochains mois, on a l’impression de s’aventurer dans une grande traversée du désert. Un grand vide qui n’est pas sans conséquences pour les athlètes et qui rend difficile toute projection. Mais ce grand vide et cette perte de repères peuvent perturber l’esprit de compétition, essentiel pour tout athlète de haut niveau.

A l’image du physique, le mental sans entraînement, peut être mis à rude épreuve. “Comme le physique, il peut y avoir aussi une part d’innée dans le mental, mais il faut malgré tout beaucoup de travail derrière. Plus vous allez le travailler et plus vous allez le développer, analyse Nathalie Crépin, psychologue du sport et préparatrice mentale. Sur des périodes comme celle que nous vivons aujourd’hui, si vous le travaillez moins, la capacité sera elle aussi moindre. En revanche, plus il y aura un travail en amont, plus cela va être facile de le retrouver, tout comme l’aspect physique.

Motivation et routine de performance

Lya Auslander, docteure en psychologie et experte en sport, santé et préparation mentale, explique elle que ce n’est pas l’esprit de compétition qui se perd mais plutôt les routines de performance. “Ces routines sont des schémas de pensées, d’actions ou d’images que l’on reproduit systématiquement avant d’exécuter une performance. Elles optimisent la motivation. Le confinement les a déréglées. C’est pour cela qu’il faut un maintien des repères et de la discipline de vie afin de se préparer à la reprise.” Pour cette spécialiste, l’esprit guerrier des sportifs peut-être “en sourdine sans échéance définie”. Mais la situation reste délicate pour certains professionnels, à tel point que Lya Auslander fait le parallèle avec la blessure physique. “Certains vivent cette période comme s’ils avaient vécu une blessure soudaine, qui a demandé un arrêt intempestif et avec une incertitude sur la reprise.”

On ne peut pas parler d’esprit de compétition, sans parler de la motivation. Alors que les athlètes sont confinés et sans compétition au calendrier, il est difficile pour eux de garder la motivation de poursuivre l’entraînement. “Dans notre monde, le tempo des sportifs est donné par les compétitions. Les entraînements sont toujours préparés en fonction des événements. Ces moments sont organisés et rythmés par des temps de travail avec des intensités différentes, des stages et des moments de repos, analyse Meriem Salmi, psychologue à Paris et experte à l’Insep. Or aujourd’hui, comme il n’y a pas de date de reprise, les sportifs ressentent une sensation de vide.”

Pour combler ce manque, certains sportifs comme le perchiste Renaud Lavillenie, qui affrontera Armand Duplantis depuis son jardin dans un concours inédit à distance le 11 juin, se trouvent des challenges à relever depuis leur domicile. “La compétition leur manque beaucoup. Ils ont un vrai besoin de retrouver cet esprit-là pendant le confinement”, analyse encore Meriem Salmi.

Alors, face au désarroi des athlètes, les psychologues du sport tournent le problème à l’envers, et affirment que cette période de confinement est propice au travail sur l’aspect psychologique. “On essaie de s’entraîner autrement, en s’orientant davantage sur la concentration, sur des éléments qu’on ne travaille pas d’habitude par manque de temps. Un travail qui pourra être utile à la sortie du confinement”, souligne-t-elle.

“Le confinement est un vrai moment de compétition pour eux”

Il y a deux caractéristiques psychologiques importantes du sportif de haut niveau, et que l’on retrouve d’ailleurs dans cette situation de confinement, c’est la capacité de se dépasser et de s’adapter, approfondit Nathalie Crépin. On va donc travailler sur cette ‘niaque’, cette combativité, ce dépassement de soi et cette capacité à se projeter, mais aussi axer sur un travail de fond sur la connaissance de soi, se recentrer sur soi, repenser ses objectifs, et comment faire de ce moment inédit un défi. Car, pour les athlètes, le confinement, est un vrai moment de compétition.”

Si les trois expertes reconnaissent que les sportifs déjà accompagnés sur le plan psychologique seront surveillés, il faut toutefois avoir une attention particulière avec ceux qui ne le sont pas. D’ailleurs, le confinement a pu être bénéfique pour ceux qui n’avaient pas de suivi psychologique jusqu’à présent. “Certains ont pris conscience qu’il fallait être suivi sur le plan mental, et que le confinement s’y prêtait”, indique Nathalie Crépin.

Les jeunes sportifs davantage concernés

En revanche, l’âge et la maturité des sportifs peuvent être des facteurs plus ou moins puissants dans cet esprit de compétition perturbé. Les sportifs expérimentés, qui ont des années de pratique de leur sport derrière eux, et l’habitude des imprévus, le propre de la compétition, auront moins tendance à se démotiver que les plus jeunes, qui n’ont soit pas encore d’accompagnement psychologique soit qui n’ont pas encore commencé de préparation mentale. “Les jeunes athlètes peuvent avoir plus de difficultés à gérer cette notion d’imprévus, tout simplement parce qu’ils ne l’ont jamais vécu”, ajoute Nathalie Crépin.

Alors, comment aider les athlètes qui perdent de leur esprit guerrier ? Pour qu’ils retrouvent ‘leur niaque’, Nathalie Crépin insiste sur le travail des objectifs. “A court terme, il faut axer sur la capacité de dépassement de soi et bien comprendre quel aspect mental je vais travailler précisément. A moyen terme, il s’agit de réfléchir à la manière dont je vais mettre en place les objectifs fixés, quels seront les obstacles et les incertitudes. En posant ces jalons, les sportifs peuvent ainsi se projeter et retrouver cette combativité.”

Retrouver une combativité et pourquoi pas, ressortir plus fort de ce confinement. “Se questionner sur le sens de notre sport, comprendre pourquoi on le fait, s’il s’agit d’un désir de reconnaissance, une envie de médailles ou simplement pour nous-même, pose Lya Auslander, permettra aux athlètes d’en ressortir grandi.

 

Article rédigé par Apolline Merle,

Publié le 1er mai 2020 sur France Tv Sport:  Retrouver l’article ici

« La cohésion, c’est le premier facteur de performance »

Entretien de Nathalie Crépin réalisé pour Ouest-France et publié le 6 avril 2020.

La cohésion d’un groupe implique-t-elle la nécessité d’être ensemble ?

La cohésion suppose de rester uni dans l’attente d’un objectif final. Pour y parvenir, le contact est nécessaire, mais pas seulement. Car on distingue deux types de cohésion. Il y a la cohésion sociale, qui repose sur l’ambiance et l’envie de bien vivre ensemble, ce qui requiert un minimum d’inter-relations. Et il y a la cohésion opératoire, celle qui rassemble par un objectif commun.

La cohésion sociale est-elle essentielle à la cohésion opératoire ?

On a tendance à dire qu’elle interfère sur la performance. En fait, les études montrent l’inverse. Même s’il faut une certaine homogénéité entre les deux, ce qui prime, c’est la cohésion opératoire. Vous pouvez très bien ne pas vous entendre en dehors du terrain, mais être efficaces et performants.

Ce qui importe, c’est donc d’avoir un objectif commun ?

C’est essentiel. Comme il est primordial de partager une même idée des tâches à accomplir, de toute la logistique autour de la réussite et pas forcément sur l’ambiance du vestiaire. Aller au ciné ensemble, les jeux pour se mettre en situation et créer une cohésion… Ça reste des événements créés de toute pièce, assez artificiels, qui ne favorisent pas une cohésion de manière pérenne.

Avec le confinement, comment maintenir une cohésion ?

Il faut fixer des objectifs communs. Le coach ne doit pas forcément être impliqué, c’est davantage à l’ensemble de l’équipe de les partager. Et ce n’est pas évident quand il n’y a pas de compétitions.

On peut encore former une équipe sans se voir ?

La cohésion, dans la performance d’une équipe, c’est le premier facteur. Ne pas la maintenir, c’est risquer de perdre en efficacité. C’est important de continuer de la travailler, même en dehors de tout relationnel. Le but, c’est de conserver ce lien. Ça peut être des séances d’étirement par visio-conférence, par exemple. Ou la réalisation d’un reportage photos sur les deux dernières saisons de l’équipe, pour faire ressortir des éléments qui la structurent. On peut aussi se servir du confinement comme d’un temps fort, en amenant chacun à se demander quelle force il en retire.

Il ne faut pas que les craintes individuelles l’emportent ?

On doit pouvoir exprimer ces émotions individuellement, mais dans le souci d’une expression collective. Il faut continuer d’être porté sur des objectifs communs pour ne pas se cristalliser sur l’instant présent, particulièrement anxiogène. En période de confinement, le risque accru, c’est l’individualité. Or, même dans les sports individuels, aujourd’hui, on travaille sur le collectif. En athlétisme, très peu d’athlètes s’entraînent seul. On se sert du groupe comme d’une véritable dynamique. Le collectif, c’est un vrai moteur.

Article rédigé par Jean-Marcel Boudard, Mathieu Coureau et Julien Soyer pour Ouest-France.

Retrouvez l’article: ici

Tennis, optimisation de la performance

Ce livre intitulé « Tennis, optimisation de la performance » publié en octobre 2018 est un ouvrage collectif dont Stéphane Limouzin, membre du C.R.O.P.S., a rédigé la partie liée au mental.

 

Résumé du livre:

Ce livre a été conçu comme une boite à outils qui rassemble les connaissances théoriques et pratiques en lien avec la performance du joueur de tennis et propose des pistes d’amélioration scientifiquement fondées. Cet ouvrage collectif présente une synthèse de l’ensemble des connaissances scientifiques, techniques et professionnelles actuelles concernant les différentes dimensions (physiologiques, biomécaniques, médicales, tactiques, perceptives, psychologiques, matérielles) de la performance du joueur de tennis.
Ces connaissances débouchent sur des propositions pratiques, concrètes et accessibles directement exploitables dans le milieu de l’entraînement pour perfectionner les joueurs de tennis. Ce livre fournit un maximum d’informations afin que les joueurs et leur entourage puissent faire des choix éclairés et autonomes, interroger leurs pratiques, les renouveler ou les améliorer pour optimiser leur performance.

Edition: De Boeck supérieur

Collection: Sciences et pratiques du sport

ISBN: 978-2-8073-0652-3

Format: poche

La sophrologie pour tous les sportifs

 

La préparation mentale et la sophrologie ne sont pas réservées aux sportifs de haut niveau ! Elles concernent toutes les catégories d’âge et tous les niveaux y compris le simple pratiquant loisir ou le compétiteur en devenir !

*Texte en partie inspiré d’un précédant article disponible dans le magazine Sophrologie pratiques et perspectives n°25

Enfilez votre survêtement et vos baskets, l’entrainement va commencer !

C’est à l’occasion de la table ronde sports, danse et sophrologie du dernier congrès national de la sophrologie à Lyon, que Richard Esposito m’a proposé l’écriture d’un article collectif pour le magazine « Sophrologie – pratiques et perspectives ». Sylvie ESPELLET et Sara TEBBAKH SURREL ont bien voulu partager leur expérience et enrichir cet écrit. L’article s’inspire d’actions menées dans l’enceinte même du club de sport ou en cabinet, en séances individuelles ou collectives.

Afin de proposer un article à la fois singulier et source d’inspiration pour les sophrologues et les apprentis sophrologues parfois peu accoutumés au public sportif mais également aux entraineurs et aux sportifs, nous cheminerons d’une habilité mentale de base à une autre parmi la respiration, la relaxation, l’imagerie mentale, et l’autosuggestion.

Quelques conseils pour débuter notre échauffement !

Généralement les séances en groupe ont pour principal objectif l’apprentissage ou l’entrainement des habilités ou compétences mentales de base (respirer, se relâcher, etc.) sans chercher à répondre directement à une problématique spécifique compétitive ou liée à l’entrainement. C’est pourquoi, on parle parfois d’éducation à la préparation mentale ou d’accompagnement mental à l’entrainement. Ces séances peuvent s’effectuer en dehors des séances de sport ou faire partie intégrante de la séance d’entrainement sportif. Leurs durées varient de 10 minutes à 30 minutes environ. 1 séance par semaine durant la saison sportive ou 3 cycles de 6 à 12 séances suffisent pour cet apprentissage ou cet entrainement mental général.

Les séances individuelles, quant à elle, répondent habituellement à une demande précise, bien souvent directement liée à une problématique compétitive. Elles nécessitent l’élaboration d’un programme d’entrainement mental personnel. Une séance dure 45 minutes à 1 heure environ. Bien souvent, 3 à 5 séances suffisent pour régler un problème de stress inhibiteur précompétitif par exemple et parfois 10 à 12 séances seront nécessaires pour assurer le réel suivi d’un sportif pour une problématique particulière.

Mais attention, afin de renforcer l’adhésion et l’implication du sportif et de l’entraineur lors des séances collectives, les techniques et les exercices proposés seront contextualisés, c’est-à-dire en lien direct avec les besoins des sportifs à l’entrainement ou en compétition. Ainsi, le thème de chaque séance collective aura pour origine une problématique, émanant du groupe. Une fois la compétence mentale plus ou moins commune déterminée, elle « légitimera » l’apprentissage d’exercices d’habilités mentales de base. La respiration, la relaxation, l’imagerie mentale, et l’autosuggestion seront alors abordés progressivement isolés et associés au fil des séances pour aboutir tout naturellement à des séances ou techniques complètes de Sophrologie : sophro-acceptation progressive, sophro-programmation du futur, sophro-substitution mnésique, etc.

Ces pratiques collectives seront bien sûr complétées par un entrainement individuel et autonome (répétition vivantielle). Dès lors, le choix des exercices revêt un caractère stratégique non négligeable. Voilà ce qu’en pense Sylvie :

« Nous avons souvent tendance à croire qu’accompagner des sportifs nécessite de grandes compétences aussi bien dans le sport concerné que dans l’apport d’exercices de préparation mentale. Pour avoir eu la chance d’accompagner de très nombreux sportifs de tous niveaux, et ce dans des sports ayant des besoins bien différents les uns des autres (ski alpin, fond, biathlon et danse sur glace), je me suis rendu compte que plus les exercices que l’on propose sont simples, aussi bien par leur apprentissage que par leur facilité de réalisation, plus ils sont facilement reproductibles. Ils sont du coup plus utilisés et donc plus efficaces ! »

 

Des rappels techniques et des mises en situations, buvez un peu d’eau l’entrainement commence !

Les séances collectives et individuelles de sophrologie du sport (ou Sophrosport®) et les exercices qui les composent permettent d’optimiser la séance de sport en apprenant aux pratiquants, entre-autre, à mieux gérer les temps de récupération, à renforcer leur motivation et favoriser leur apprentissage technique grâce à une meilleure concentration. Ces séances permettront également le cas échéant, d’optimiser les performances en compétition en apprenant aux sportifs, entre-autre, à réguler leur niveau d’activation, à favoriser leur confiance, à gérer leur peur, à optimiser leur discours interne et à limiter le stress précompétitif inhibiteur.

 

La respiration est associée à la capacité du sportif à se calmer ou se dynamiser grâce à l’inspiration, l’expiration et l’apnée. Les exercices proposés ci-après sont principalement inspirés des techniques sophrologiques spécifiques du 1er degré.

Voici 3 exercices, qui après avoir été appris avec le sophrologue sont à expérimenter par le sportif. La proposition de programmation de l’entrainement individuel pourrait-être la suivante :

Le 1er et le 2ème jour faites l’exercice n°1 toutes les heures depuis votre réveil jusqu’à votre coucher ou au moins 8 fois dans la journée. Le 3ème et le 4ème jour faites l’exercice n°2 au moins 5 fois dans la journée et le 5ème et 6èmejour, faites l’exercice n°3 au moins 3 fois dans la journée.

Exercice n° 1

Après une expiration normale, vous inspirez en gonflant le ventre comme s’il était un ballon, puis expirez lentement en rentrant légèrement le ventre. Recommencez 3 à 5 nouveaux cycles de respiration avant de respirer à nouveau normalement.

Exercice n° 2

Après une expiration normale, vous inspirez par le nez pendant 4 secondes environ. Retenez votre respiration 4 secondes, puis expirez 8 secondes. Recommencez 3 à 5 nouveaux cycles de respiration avant de respirer à nouveau normalement.

Exercice n° 3

Après une expiration normale, vous inspirez doucement par le nez en gonflant le ventre comme dans l’exercice n°1. Quand votre ventre est rempli, sans le dégonfler, continuez à inspirer en laissant la cage thoracique se remplir à son tour. Enfin, une fois la poitrine remplie d’air, continuez à inspirer et laissez les épaules aller vers le haut et légèrement vers l’arrière pour faire passer l’air aux sommets des poumons. Puis expirez lentement. Recommencez 3 à 5 nouveaux cycles de respiration avant de respirer à nouveau normalement.

Pour ces 3 exercices le sportif adopte, de préférence, la position assise ou debout. L’inspiration et l’expiration s’effectuent calmement sans forcer.

Sara : « Pour gérer mon stress, j’utilise un exercice de respiration en cohérence cardiaque : J’expire pendant 6 secondes et j’inspire pendant 4 secondes. Mon ventre se gonfle à l’inspiration et se dégonfle à l’expiration. Parfois j’utilise cette vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=bM3mWlq4M8E , je cale ma respiration dessus et je refais plusieurs fois l’exercice si nécessaire, généralement dans l’après-midi avant mon combat et juste avant de mettre ma combinaison. »

Sylvie a choisi de partager avec vous un exercice de respiration simple mais loin d’être simpliste pour autant ! : « Quand je demande à mes jeunes sportifs quels exercices ils utilisent le plus, ils me répondent à l’unanimité : « le Triangle ». Cet exercice répond à leurs besoins sur la concentration, la gestion du stress, la gestion des émotions… et trouve sa place à différents moments de leur compétition. »

L’exercice du triangle se pratique le temps nécessaire selon le moment de son utilisation :

–          Après un temps de détente musculaire, visualisez la forme d’un triangle.

–          Sur chacune des inspirations par le nez, suivez la partie montante du triangle, lentement en prenant conscience de l’air qui rentre.

–          Sur chacune des expirations (par la bouche ou le nez), dessinez la partie descendante du triangle.

–          Suspendez l’air sur sa base.

Voici quelques témoignages de jeunes sportifs suivis par Sylvie :

Marie, danseuse sur glace en couple, utilise l’exercice du triangle avant et/ou après son temps de détente et de visualisation de son programme et souvent juste avant d’entrer sur la glace (accompagné de ses mots ressources). Cela lui permet de se rendre disponible à 100 % et d’augmenter sa concentration et sa mémorisation.

Emilie, biathlète, utilise l’exercice du triangle essentiellement au moment des tirs. Lors de sa transition entre la partie endurance (fond) et la partie tir qui nécessite un retour au calme rapide et un temps d’extrême précision et de concentration.

Adrien, skieur alpin, lui, l’utilise juste avant de se lancer dans le parcours. Il utilise le triangle pour se concentrer, se mettre dans sa bulle, et bien préparer son départ. Puis il prend une profonde inspiration en serrant fortement ses poings sur ses bâtons, et relâche sur l’expiration, 3 ou 4 fois de suite pour l’énergie. Puis après une profonde inspiration, c’est parti pour le grand départ !

Une première pause s’impose, le temps de quelques respirations en conscience et c’est reparti !

La relaxation est associée à la capacité du sportif à ajuster son niveau d’activation, c’est-à-dire à se détendre ou se dynamiser physiquement et/ou mentalement en fonction des besoins. Les exercices proposés ci-après sont principalement inspirés des exercices spécifiques et de la relaxation dynamique du 1er degré.

Voici 2 exercices, qui après avoir été appris avec le sophrologue, sont à expérimenter par le sportif. La proposition de programmation de l’entrainement individuel pourrait-être la suivante :

Pendant les 6 prochains jours pratiquez l’exercice n°1 une ou deux fois dans la journée, si possible en début d’après-midi ou juste après votre entrainement sportif ou même avant de dormir. Pratiquez l’exercice n°2 deux fois dans la journée, de préférence le matin et juste avant votre entrainement sportif.

Exercice n° 1

Assis ou allongé sur le dos les bras le long du corps, les yeux fermés vous prenez conscience de votre respiration pendant 20 à 30 secondes. Puis vous prenez conscience de la forme et de la position de votre corps pendant 20 à 30 secondes. Ensuite, en inspirant de préférence par le nez et en expirant lentement, relâchez successivement pendant 20 secondes environ chacune des parties de votre corps :

–       Le visage (front, yeux, bouche, joues).

–       Le cou, les épaules, les bras et les mains.

–       Le dos et les lombaires (bas du dos).

–       Les pectoraux (poitrine) et l’abdomen (le ventre).

–       Le bassin (les fesses), les jambes et les pieds.

Puis restez ainsi 2 minutes et détendez-vous à l’écoute de votre corps.

Enfin, si vous ne pratiquez pas cet exercice juste avant de dormir, inspirez profondément par le nez et expirez par la bouche plusieurs fois. Ouvrez les yeux et placez-vous en position assise si vous étiez allongé. Bougez tout votre corps et après quelques secondes reprenez le cours de votre journée.

 

Exercice n°2

Debout, les yeux ouverts ou fermés de préférence, vous inspirez profondément pendant 4 secondes en amenant le bras droit, poing fermé, à l’horizontal devant vous. En rétention poumons pleins (apnée) pendant 8 secondes environ, vous effectuez plusieurs grands cercles vers l’avant avec votre bras. Puis vous expirez activement pendant 4 secondes et le bras retrouve lentement sa position de départ. Vous effectuez ce mouvement une à trois fois avec le bras droit puis le bras gauche et terminez avec les 2 bras. Accordez-vous une pause d’intégration (écoute de votre corps) de 5 à 10 secondes entre chaque répétition.

Fermez les yeux quelques secondes, relâchez votre front, vos mâchoires, vos épaules, l’entrainement continue !

 

L’imagerie mentale est associée à la capacité du sportif à créer une expérience dans sa tête avec un ou plusieurs de ses 5 sens. Les exercices proposés ci-après sont principalement inspirés des techniques spécifiques du 2ème et du 3ème degré de la Sophrologie.

Si le sportif ou la sportive se voit, se sent et se ressent, alors tout se passe comme si l’action était réellement vécue !

Voici 3 exercices, qui après avoir été appris avec le sophrologue, sont à expérimenter par le sportif. La proposition de programmation de l’entrainement individuel pourrait-être la suivante :

Pendant les 6 prochains jours :

–       Pratiquez l’exercice n°3 le matin et/ou avant votre séance de sport.

–       Pratiquez l’exercice n°2 le soir et/ou après votre séance de sport.

–       Pratiquez l’exercice n°1 un jour sur 2 après le repas de midi et/ou au moins 1 à 2 heures avant votre séance de sport ou même avant de dormir.

–       Pratiquez l’exercice n°4 au moins une fois pendant et/ou juste après votre séance de sport.

 

 

 

Exercice n° 1

Assis ou allongé sur le dos, les bras le long du corps, les yeux fermés, vous prenez conscience pendant 20 à 30 secondes de la forme et de la position de votre corps. Puis, concentrez-vous pendant 20 à 30 secondes sur votre respiration.

Ensuite, pendant 2 à 3 minutes, projetez sur votre écran mental un paysage agréable ou un lieu que vous appréciez tout particulièrement. Ce paysage, ou ce lieu, induit en vous détente et bien-être. Il est un endroit privilégié pour vous reposer, vous régénérer et vous recentrer. Vous dirigez votre concentration mentale sur les informations qui vous sont transmises par tous vos sens et vous accueillez tout le positif de ce lieu…

Enfin, si vous ne pratiquez pas cet exercice juste avant de dormir, inspirez profondément par le nez et expirez par la bouche plusieurs fois. Ouvrez les yeux et placez-vous en position assise si vous étiez allongé. Bougez tout votre corps et après quelques secondes reprenez le cours de votre journée.

Comment identifier et situer votre écran mental ?

C’est simple, il suffit de fermer vos yeux et d’imaginer un objet (une fleur, un fruit…). Vous placez alors votre index au centre de cet objet (le bras et l’index bougent réellement). Puis, votre index immobile, vous ouvrez les yeux et votre écran mental est alors situé.

Exercice n° 2

Le début et la fin de cet exercice sont les mêmes que l’exercice précédent.

Ensuite, pendant 1 à 3 minutes, projetez sur votre écran mental un ou plusieurs souvenirs agréables : des séquences d’entrainements et/ou de compétitions réussites où vous avez été particulièrement performant par exemple. Vous dirigez votre concentration mentale sur les informations qui vous sont transmises par tous vos sens et vous accueillez tout le positif de ce souvenir.

Exercice n° 3

Cet exercice se pratique assis. Le début et la fin de cet exercice sont les mêmes que l’exercice précédent.

Ensuite, pendant 1 à 3 minutes, projetez sur votre écran mental par anticipation la réussite d’un ou plusieurs objectifs : des séquences d’entrainements et/ou de compétitions futures réussites où vous êtes performant par exemple. Vous dirigez votre concentration mentale sur les informations qui vous sont transmises par tous vos sens et vous accueillez tout le positif de ces visualisations…

Exercice n° 4

Cet exercice se pratique assis ou debout. Le début et la fin de cet exercice sont les mêmes que l’exercice précédent.

Ensuite, pendant 1 à 2 minutes, répétez mentalement avec maitrise un ou plusieurs exercices spécifiques à votre spécialité sportive : des techniques, des enchainements, etc. développés à l’entrainement. Vous dirigez votre concentration mentale sur les informations qui vous sont transmises par tous vos sens et vous accueillez tout le positif de ces répétitions mentales.

Sara : « Pour gérer mon stress à l’entrainement ou en compétition, j’utilise des exercices de visualisation où je vois des images d’enchaînements qui touchent, des images positives. »

 

Allez, dernière partie de l’entrainement avant le retour au calme, restez concentré !

 

L’autosuggestion (discours ou dialogue interne) est associée à la capacité du sportif à gérer ses pensées (leur « forme ou leur nature » et leur nombre) par l’implantation d’une pensée en soi-même par soi-même. Habileté rencontrée principalement dans les exercices des techniques spécifiques du 1er et 2ème degré.

Après avoir amorcé la définition de formules intentionnelles personnelles avec le sophrologue, celles-ci doivent-être précisées et expérimentées par le sportif. La proposition de procédure d’entrainement individuel pourrait-être la suivante :

Pendant les 6 prochains jours :

1. Commencez par choisir les 3 formules intentionnelles (une phrase courte, précise et formulée positivement) de base :

–       Une à 3 phrases pour le matin (réveil) et/ou le début de l’entrainement.

Exemple 1 – Victor, animateur de Sophrogym® : « C’est une bonne journée qui commence, je serai calme et en forme tout au long de cette journée. »

Exemple 2 – Amine 16 ans, pratiquant de Savate boxe française : « Je serai précis et explosif pendant les assauts. »

 

–       Une à 3 phrases pour les moments de doute.

Exemple 1 – Roxanne, championne de trail : « T’inquiète pas ça va bien se passer ! »

Exemple 2 – Anne, compétitrice en tennis de table : « Mon corps et mon esprit sont en harmonie ». « J’ai confiance en moi ». « Je crois en la réalisation de mes projets futurs ».

 

–       Une à 3 phrases pour les réussites et/ou la fin de la journée.

Exemple 1 – Valérie 15 ans footballeuse : « Elle est belle cette passe ». « Il est bien cadré ce tir ». « J’assure, j’assure, j’assure ! ».

Exemple 2 – Thibault, compétiteur en escrime : « Toutes les réussites de la journée, même les plus petites, vont m’aider à progresser. »

 

2. Ensuite, répétez chaque formule intentionnelle au moins 5 fois pour vous, dans votre tête au moment pour lequel elle est destinée.

 

3. Enfin, à chaque fois que vous prenez conscience d’une pensée négative, imaginez un grand panneau STOP et dites-vous mentalement « STOP ». Vous choisissez alors une pensée positive de remplacement que vous vous répétez mentalement au moins 5 fois.

Ainsi par exemple pour Jade 13 ans, championne de Karaté, la pensée suivante « T’as fait de la m…e » Devient « Soit précise, touche la cible. »

 

Sara : « Pour gérer mon stress, je fais une liste de mes forces, pendant ma préparation, et je me les remémore dans les moments de doute. »

 

Bravo ! Votre séance se termine. Prenez le temps de soufflez et de boire un peu avant de poursuivre avec quelques conseils et un petit bilan en guise de retour au calme !

 

Bien sûr la liste, non exhaustive, d’exercices et de techniques qui vous sont présentés dans cet article et, que vous maitrisez sans doute pour la plupart, ne sont qu’un début, une entrée vers le développement des composantes mentales de la performance sportive.

De plus, le pratiquant pourra opportunément utiliser ces exercices dans le cadre de ses projets extra-sportifs dès qu’il en ressentira le besoin. Cela marquera d’ailleurs une forme d’appropriation et de maitrise technique.

Osez franchir les portes du club de sport ! N’attendez pas que le champion du monde vous appelle ! Proposez un ou plusieurs cycles de 6 à 12 séances collectives, jusqu’à 12 participants dans l’idéal. Non seulement l’accès à la sophrologie sera ainsi facilité (coût, temps, lieu) pour les sportifs, mais en plus cela sera de nature à développer votre activité (en séance individuelle notamment) dédié à ce public. Bien sûr cela sera également l’occasion de débuter une fructueuse collaboration avec les entraineurs qui sont bien souvent demandeur.

L’essentiel réside dans la pratique, le reste n’est que bavardage !

C’est pourquoi, avant de se quitter, je vous propose de fermer les yeux, de prendre conscience de votre respiration et de votre corps pendant quelques secondes. Ensuite, pendant 1 à 2 minutes, projetez sur votre écran mental, par anticipation, des séquences d’animation de séances collectives avec des sportifs ou vous vous voyez et vous vous sentez particulièrement légitime et efficace par exemple. Dirigez votre concentration mentale sur les informations qui vous sont transmises par tous vos sens et accueillez tout le positif de ces visualisations…

Je vous souhaite de belles aventures dans les contrées passionnantes du facteur mental de la performance sportive !

Victor Sebastiao, janvier 2020.

Victor SEBASTIAO est professeur de sport, conseiller à la préparation mentale des équipes de France de SAVATE boxe française. Il est également sophrologue, formateur, superviseur et auteur de plusieurs ouvrages pédagogiques.

 

Sylvie ESPELLET est sophrologue, conférencière, formatrice et auteur. Elle est riche de 10 ans d’expérience dans le monde du sport de haut niveau, notamment au sein du pôle espoir de Villard de Lans.

 

Sara TEBBAKH SURREL est Championne de France élite A et Championne d’Europe en Savate boxe française, Championne de France en Full contact, vainqueur de la coupe du monde WAKO.

« Une préparation mentale indispensable à Lens »

Pour Lensois.com, juillet 2014

Devant l’incertitude d’un avenir soit en Ligue 1, soit en Ligue 2, les joueurs du RC Lens vivent une préparation d’avant-saison psychologiquement difficile. Pour savoir comment faire face à cette situation inhabituelle, nous sommes allés à la rencontre de Nathalie Crépin, préparatrice mentale et responsable du CROPS (Centre ressources en optimisation de la performance et en psychologie du sportif) de Wattignies.

Lensois.com : Nathalie Crépin, un contexte pesant tourne quotidiennement autour du groupe Sang et Or. Comment parfaire sa préparation sans connaître le futur proche du club ?
Je pense que la priorité est de rester concentré sur cette préparation justement, qu’elle serve à évoluer en Ligue 1 ou en Ligue 2. Il ne faut penser qu’à être prêt pour le coup d’envoi de la saison, même si je le sais, il y a une grande différence entre l’élite et l’antichambre du football français. Se concentrer sur le terrain reste primordial, il est donc nécessaire de faire abstraction du contexte très particulier. C’est d’autant plus compliqué que l’attente des supporters est grande.

Justement, faire abstraction de l’actualité artésienne devient quasiment impossible…
En effet, c’est très difficile d’occulter ce qu’il se passe en ce moment car Lens reste partout dans les médias. Tout le monde est dans l’attente de la décision, d’autant plus les joueurs. Encore une fois, il est important de rester concentré sur la préparation. Les leaders du groupe ont un rôle encore plus grand car ils doivent être une sorte de pilier.

« Travailler le mental, ça fait peur ! »

Dans cette situation plus qu’une autre, un préparateur mental est-il indispensable ?
Quelque soit la situation d’un club, son contexte, un préparateur mental doit être davantage qu’un pompier de service ! Son rôle n’est pas celui-là mais d’optimiser la préparation des sportifs. Il n’y a qu’en France où il existe si peu de préparateurs mentaux dans les clubs professionnels. En Espagne ou en Angleterre, il y en a pléthore. Dans l’Hexagone, on ne se pose pas la question sur le besoin, ou non, d’un préparateur physique. Alors que le mental…

Pour quelles raisons ?
Cela fait peur, tout simplement. Travailler sur le mental reste peu mesurable dans les représentations. Mais nous, nous connaissons le bénéfice. Le mental est quelque chose un peu obscure, peu quantifiable et cela fait peur à l’entraîneur car selon lui, il connaît toutes les ficelles donc il s’occupe de cela. D’autres sports comme le handball ou le rugby ont compris que c’était nécessaire. Un préparateur mental ne sert pas uniquement qu’en situation de crise, c’est un travail à effectuer sur le long terme. Actuellement au Racing, c’est presque indispensable d’avoir une préparation mentale.

« Amener les joueurs à se questionner »

Comment travailleriez-vous sur l’effectif lensois ?
Les joueurs ont besoin de parler de cette situation très complexe. Il faut les amener à en discuter, à savoir comment ils peuvent en vivre. L’objectif est de se servir de la situation pour rebondir. La dynamique de groupe, la cohésion, doit en être renforcée et notre travail est de fédérer le groupe. Il ne faut pas être si affirmatif devant les joueurs en disant que Lens jouera en Ligue 1. Non, c’est complètement illusoire. Il est indispensable d’amener les joueurs à se questionner et leur dire qu’il est fort possible d’évoluer en Ligue 2 afin de les préparer au pire des cas.

L’absence d’Antoine Kombouaré, le coach du RCL, depuis la reprise est-elle un handicap supplémentaire pour les acteurs ?
C’est une autre incertitude. La place du coach doit être aux côtés de ses joueurs. Mais après, je ne peux pas me positionner sur la question puisque je ne connais pas Antoine Kombouaré. Pour le groupe, il faut se fixer des objectifs, rester concentré sur la préparation, sur le début du championnat. Cette expérience doit devenir une force. Après, il y a 2 possibilités face à ce genre d’événement. Soit nous regardons l’aspect négatif et nous restons sur l’échec, soit nous retournons la situation pour en faire une force.

Propos recueillis par Laurent Mazure en juillet 2014 pour « lensois.com »: http://www.lensois.com/articles/5248-une-preparation-mentale-indispensable-a-lens

Joueurs de caractère dans le football

Article écrit et propos recueillis pour « Slate.fr » par Jeremy Collado, publiés le 06.07.2014.

Source: http://www.slate.fr/story/88447/nasri-cantona-zlatan-caractere-conflit-ribery

Une équipe sans joueurs de caractère peut-elle gagner la Coupe du monde?

 

Sur le terrain comme dans le vestiaire ou les médias, certains joueurs aiment susciter le conflit. Avec des effets très variables sur l’équilibre de leur équipe.

C’est sans deux de ses figures charismatiques que l’équipe de France a atteint, et perdu, les quarts de finale de la Coupe du monde contre l’Allemagne: Franck Ribéry et Samir Nasri n’étaient pas là. Pendant la compétition, tout le monde a loué le collectif et l’état d’esprit qui se sont dégagés du groupe, mais il comptait aussi dans ses rangs des joueurs de caractère. Patrice Evra, le capitaine des Bleus lors de la déroute de 2010 et la fameuse grève de Knysna, n’avait plus le brassard mais a joué un rôle essentiel, presque indispensable, dans l’équipe.

 «Le rôle le plus important», a même souligné Loïc Rémy en conférence de presse avant le premier match contre le Honduras. Le rôle du «grand frère», mais aussi celui d’une grande gueule, prêt à motiver ses partenaires comme il le fit à la mi-temps de France-Biélorussie, en éliminatoires, en septembre dernier. Prêt à se mettre en avant, à aller au front, quitte à pratiquer l’outrance verbale, comme lors d’une conférence de presse avant le deuxième match:
«Je m’aime tout le temps! C’est un peu arrogant, mais que ce soit dans les moments difficiles ou les moments de joie, je n’aime pas critiquer ma personne.»

Nasri, leader négatif

Une équipe sans joueurs de caractères peut-elle gagner? Et peut-elle aller au bout d’une Coupe du monde exigeante, physiquement comme psychologiquement? Après l’annonce de la non-convocation de Nasri pour la Coupe du monde, chacun a dû se prononcer sur le débat politico-footballistique du moment: le meneur de jeu de Manchester City méritait-t-il d’être dans les 23? Il y avait le camp des pro et celui des anti-Nasri. Sportivement, il avait le niveau, c’est indéniable. Sa fin de saison a été très bonne et les Citizens lui doivent beaucoup dans l’obtention du titre de champion d’Angleterre. Mais mentalement?

«Samir Nasri symbolise cette dérive des joueurs ne pensant qu’à leur gueule. Au sein d’un groupe, il vient toujours appuyer là où ça fait mal et révèle la faille au lieu de la colmater».  Ces mots, ce sont ceux de Raymond Domenech, en 2012, dans Tout seul, son livre paru chez Flammarion. Nul doute que Didier Deschamps n’en pensait pas moins. Samir Nasri est un homme clivant. S’il est sur la touche, en retrait, il n’acceptera jamais de s’effacer et déstabilisera l’équipe. C’est son jeu, son tic, son caractère. Le sélectionneur français l’avait bien compris lorsqu’il a dévoilé sa liste:

«Les caractères, les personnalités sont des éléments à prendre en haute considération. Je ne vais pas prendre les vingt-trois meilleurs, mais les vingt-trois les plus aptes à aller loin ensemble dans ce Mondial.» Ensemble. C’était le mot-clé du discours de Didier Deschamps, lui même capitaine de l’équipe de France championne du monde en 1998. «Deschamps a toujours joué le rôle de leader positif. Il relayait le discours d’Aimé Jacquet à la mi-temps, motivait ses coéquipiers, explique Nathalie Crépin, psychologue du sport et professeure à l’Université Lille 2. Nasri, lui, à l’inverse, est un leader négatif. Ses conflits sont destructeurs. C’est la raison pour laquelle il faut écarter ces joueurs d’un groupe pour ne pas qu’ils déstabilisent l’ensemble».

Avant lui, Eric Cantona fut évincé de l’équipe de France avant l’Euro 96 avec ce même argument: le Mancunien était ingérable. Bastons avec un spectateur, suspensions successives en Angleterre, insultes envers les journalistes. Et même contre le sélectionneur Henri Michel, comparé à un «sac à merde». Cantona était grandiose mais pouvait péter un plomb à chaque instant.
Dans ce cas, le calcul est vite fait: se passer d’un joueur pareil, c’est s’assurer les faveurs des journalistes, chez qui Nasri n’est pas le plus populaire des Bleus depuis ses insultes à leur encontre à l’Euro 2012, et de l’opinion publique (au nom de la sacro-sainte «exemplarité»). Quitte à se priver de son talent.
Dans la même veine, Alejandro Sabella, le sélectionneur argentin, s’est passé des services de Carlos Tevez, pourtant auteur de 19 buts avec la Juventus cette saison. Trop d’humeurs, trop de concurrence, mais surtout trop de caractère et, au final, une mauvaise entente avec le technicien de l’Albiceleste. En définitive, s’il était plus rond, il serait dans les 23.
Les joueurs de caractère sont nécessaires.

Lucas Milosevic est éducateur sportif à l’ACBB en région parisienne. En tant que joueur, des équipes jeunes jusqu’aux seniors, il a toujours eu la réputation d’être en première ligne pendant les bagarres.
A son actif, beaucoup de cartons jaunes et presque autant de rouges. Un tempérament difficile à gérer pour les coachs. Lui même s’est longtemps occupé des équipes jeunes. Il raconte: «Dans un effectif, il faut avoir des gens de caractère pour booster l’équipe dans les moments difficiles. Cantona, c’était ce joueur qui n’aimait pas qu’on lui marche sur les pieds. Comme Van Bommel. Après, Nasri, c’est le genre de mec qui dans son caractère n’a rien de positif pour l’équipe.»
Tous les entraineurs craignent ce genre de joueur: imprévisibles, ils peuvent faire basculer le match du mauvais côté, mais sont une source de motivation pour leurs coéquipiers. Comment savoir si un joueur au caractère bien trempé sera éternellement cantonné au rôle de «leader négatif»?
Sur la touche, un remplaçant au sang chaud peut inciter les titulaires à se surpasser. Sur le terrain, un capitaine impulsif peut emmener ses partenaires vers les sommets. Tout dépend des hommes et des situations.

Roy Keane, violent capitaine courage
Roy Keane fut le capitaine du Manchester United de la grande époque. En sélection irlandaise, il était capable de quitter le groupe en grande pompe, critiquant les conditions de préparation.
En Premier League, c’est celui qui a mis fin à la carrière d’Alf-Inge Håland d’un tacle sur le genoux lors d’un derby mancunien, en 2001, lui crachant dessus pendant qu’il gémissait à terre. Keane écrira plus tard dans son autobiographie avoir volontairement blessé Håland pour le punir de s’être moqué de lui cinq ans plus tôt quand lui-même s’était blessé en faisant une faute sur le Norvégien.
Roy Keane est associé à ses frasques: bagarres dans les pubs, tacles assassins, déclarations fracassantes. Un vrai punk moderne.
Mais Sir Alex aurait-il gagné autant de titres sans ce fouteur d’embrouilles monumental? Fin 2013, Keane déclarait, en revenant sur son départ du club:
«Vous ne pouvez pas gagner des titres avec une équipe seulement composée d’enfants de chœur. Un vestiaire a besoin de grandes gueules et c’est ce qu’a oublié Ferguson à un moment donné.»

La tension est normale
Des coups de gueule qui provoquent une remise en question de l’entraîneur, beaucoup de joueurs en ont rêvé.
« En réalité, tout dépend de la nature du conflit, rationalise la psychologue Nathalie Crépin. Il est salvateur s’il est verbalisé et qu’il provoque des changements, si l’on passe du conflit à la cohésion autour d’un objectif.»
La tension est au cœur d’une équipe de football, surtout au niveau professionnel où le mental et la psychologie sont décisifs (50% de la victoire finale, selon certains psys). Les Anglo-Saxons ont bien compris en intégrant dans leur staff ce qu’on appelle des profilers destinés à apporter une expertise psychologique au coach. «On a vingt ans de retard sur eux», explique Nathalie Crépin.
L’entraîneur tout-puissant qui règle les problèmes d’une bonne gueulante à la mi-temps relève plus de la «pensée magique» que de la rationalité réelle. C’est ce que raconte Yvon Trotel, un des premiers psys à s’être infiltré dans ce milieu du football où règne la superstition:
«La bonne gueulante, ça ne marche pas plus qu’autre chose, sinon tous les clubs seraient champions de France

Méfiance vis-à-vis des psys
Mais voilà, intégrer des psys dans son effectif suscite la méfiance. Les joueurs seraient-ils faibles? L’entraîneur incapable de gérer les égos? En ayant recours à ces pratiques au sein de l’équipe de France, Laurent Blanc avait dû répondre aux critiques:
«On va y aller doucement, car dès qu’on parle de psychologie, de psychiatrie, ça fait peur. Mais ce n’est pas dangereux. Ne croyez pas qu’on s’est mis dans une pièce noire et qu’on s’est allongé sur un divan».
A quoi servent ces psys lorsqu’ils doivent gérer des conflits? Montrer des films motivants style Ben Hur? Faire des séances de câlins pour améliorer la cohésion? Des groupes de parole?
Dans une équipe, le psy peut apporter cette verbalisation, cette rationalisation du conflit nécessaire pour transformer un trop plein de violence en énergie positive.«Mais attention, il faut que le conflit soit antérieur à une grande compétition, comme la Coupe du monde par exemple, prévient Nathalie Crépin. Sinon, c’est l’explosion dans tous les sens, comme à Knysna, où le conflit a été dévastateur. Au contraire, pendant la Coupe du monde, on a besoin de calme, de sérénité…»
Voilà pourquoi le sélectionneur néerlandais Guus Hiddink, par exemple, avait décidé de virer le fantastique milieu Edgar Davids, qui s’en était pris à l’influence «malsaine des frères De Boer et de Bergkamp» pendant l’Euro 96. Davids n’avait fait son retour chez les Oranje qu’en 1998, pour le Mondial. Avant ou après, d’accord, mais pendant la compétition, pas de remous possibles.
Dernier exemple en date: l’exclusion des deux ghanéens Kevin-Prince Boateng et Sulley Muntari pour raisons disciplinaires, juste avant le match capital face au Portugal en phase de poules. Le premier a insulté puis s’en est pris physiquement au sélectionneur Kwesi Appiah à l’entraînement, tandis que le second s’est battu, lui, avec le délégué au ministre des Sports pour une histoire de primes non versées. Résultat: une défaite 2-1 face au Portugal et une élimination aux portes des huitièmes.

La tension Suarez
Reste un exemple qui dépasse tous les clivages: Luis Suarez. Le mordeur magnifique. Suspendu quatre mois pour avoir inscrit la marque de ses dents sur l’épaule de Giorgio Chiellini, l’attaquant a beaucoup manqué à l’Uruguay face à la Colombie en huitièmes de finale (0-2).
Inefficace devant, l’équipe manquait d’aplomb, de pressing, de tension. Tout ce qu’apporte d’habitude le joueur de Liverpool. Le seul match où il fut absent pendant la phase de poule, contre le Costa Rica, a aussi été perdu par la Celeste (1-3).
Suarez apporte une tension qui, au choix, peut déstabiliser son adversaire comme son équipe, qui le sait toujours sur le fil. Une chose est sûre en tout cas: l’Uruguay ne peut pas gagner sans lui, car c’est est un guerrier.
Et le conflit est inhérent au football, qui peut être vu et analysé comme une guerre symbolique entre tribus –en l’occurrence ici, des clubs ou des nations.
Après une Coupe du monde 2010 marquée par les dérapages verbaux d’Anelka et les caprices de Ribéry, Domenech raconte de Gourcuff qu’il avait «envie de [lui] mettre des gifles avec son air de garçon candide, de pauvre petit malheureux à qui on veut du mal, un meneur, c’est un guerrier, pas un suiveur, réveille-toi Yoann!». Et à la guerre, il y a des chefs.
Et Zlatan dans tout ça? Le capitaine occasionnel du PSG, dont il est le meilleur buteur depuis deux saisons, est un leader technique sur le terrain. Un guerrier. Il n’a pas hésité, à la mi-temps d’un match contre Troyes où son équipe ne menait que 1-0, à s’emporter contre ses partenaires:
«Même mes enfants jouent mieux que vous.»
Pas très motivant? Zlatan est impulsif, arrogant, bestial, mais il porte son équipe, dans ses silences comme dans ses provocations verbales. Verdict de la psychologue Nathalie Crépin: «Zlatan est un leader, c’est certain. De là à dire qu’il est un leader positif, je ne sais pas…»
Mystères de la psychologie humaine, donc.

 

Article écrit par Jérémy Collado pour Slate.fr

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«La préparation mentale du sportif, un domaine encore mal connu»

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[sws_divider_line]Article Voix du Nord 05 sept 2011

La préparation mentale du sportif est un domaine encore mal connu, abordé principalement dans le haut niveau, mais dont on parle de plus en plus. Des psychologues du sport de la métropole ont décidé de démocratiser cette discipline en créant une association : le CROPS. Sylvain Baert, habitant de Gruson et membre de ce Centre ressource en optimisation de la performance et en psychologie du sportif, nous en explique l’objectif.

PAR CÉDRIC GOUT
villeneuvedascq@lavoixdunord.fr

sylvain

Comme ses collègues du CROPS, Sylvain Baert est bardé de diplômes dont, le dernier, un doctorat de psychologie obtenu en juin dernier. Il est coach de cardio-training chez Domyos à Marc-en-Baroeul et dispense aussi de la relaxation. L’idée de créer le CROPS est venue à cette équipe de six psychologues du constat que dans la région existent des structures permettant de faire un bilan psychologique du sportif (notamment dans les centres médicosportifs), mais sans intervention proprement dite. Ils ont également constaté que l’optimisation de la performance profitait à un marché où l’éthique faisait souvent défaut. « Avec le CROPS, nous voulons donner un cadre à la préparation mentale, la légitimer dans le Nord – Pas-de-Calais, indique ce Grusonais de 31 ans. Nous voulons former des sportifs, des entraîneurs, des dirigeants de clubs à la préparation mentale, mais aussi des cadres de santé, médicaux ou paramédicaux, dans la partie bien-être de la personne. Nous proposons d’intervenir et d’effectuer des bilans psychologiques. Depuis un arrêté ministériel de 2004, les sportifs doivent faire un ou deux examens médicaux par an, dont un examen psychologique. »
Sylvain Baert sait pourtant que la psychologique du sportif et l’optimisation de la performance par la préparation mentale est encore un domaine mal connu. « Cela reste encore quelque chose d’assez difficile à cerner et le psy fait encore peur. » Dans sa thèse, il s’est penché sur l’accompagnement du sportif blessé, sur le travail psychologique pendant la rééducation et le retour à la compétition. Il évoque la notion d’imagerie mentale. « Des études récentes prouvent que les performances du sportif augmentent grâce à l’imagerie mentale. Des chercheurs, au Canada et aux États-Unis, explorent son utilisation dans la rééducation des sportifs blessés. On leur demande de s’imaginer dans un environnement où ils se sentent bien, de visualiser leur blessure et ensuite de s’imaginer dans l’appareil de rééducation. Plus simplement, ce travail sur l’imagerie mentale permet de traiter l’anxiété du retour à la compétition, favorise l’acceptation du programme médical et parfois même accélère la guérison. » Mais, si l’impact de l’imagerie mentale sur les performances techniques est reconnu d’un point de vue scientifique, on en est encore aux prémisses de la discipline. « Elle sera réellement populaire d’ici cinq à dix ans », indique Sylvain Baert.

La première mission du CROPS sera donc d’informer, de sensibiliser et de rendre une éthique à la préparation mentale. Installée dans des locaux du CREPS de Wattignies, l’équipe compte y organiser des formations (payantes) et est prête à répondre à toute demande d’informations via son site : www.preparationmentale.fr. Créée statutairement en janvier, l’association ouvre vraiment cette semaine, mais a déjà été sollicitée par la Société française de psychologie du sport pour organiser son congrès en 2012 à Wattignies.

CROPS : au CREPS, 11 rue de l’Yser, 59635 Wattignies. Contact : Nathalie Crépin au 06 83 01 58 82. Mail : crops@preparationmentale.fr.
Formation : 120 E pour 5 heures avec repas.

« Ce qui fait la différence en sport de haut niveau, c’est le mental »

Contact > Nos témoignages
[sws_divider_line]jeudi 26.04.2012, 05:02 – La Voix du Nord
nathalie crepin
Nathalie Crépin prépare mentalement certains sportifs aux Jeux Olympiques de Londres.
• LE VISAGE DE L’ACTUALITÉ NATHALIE CRÉPINPS

Le CREPS de Wattignies organise aujourd’hui et demain les journées nationales d’études 2012 de la Société française de la psychologie du sport. Organisé pour la première fois au nord de Paris, ce congrès va permettre aux professionnels de faire un état des lieux de la préparation psychologique à quelques mois des Jeux Olympiques de Londres. Nathalie Crépin, psychologue clinicienne et spécialiste de la préparation mentale, définit un des éléments majeurs de la réussite des sportifs de haut niveau.
PAR JEAN-FRANÇOIS SOLERI
seclin@lavoixdunord.fr

> À quoi va servir ce congrès ?
« Il va permettre aux entraîneurs, aux professionnels en psychologie du sport de faire un état des lieux : interventions, méthodes, démarches, facteurs psychologiques de performance. On assiste à un boum de la profession depuis cinq, six ans. Mais on est encore en retard de vingt ans sur les États-Unis. À titre d’exemple, l’équipe américaine d’athlétisme compte 17 préparateurs mentaux. La France, zéro. »

> Pourquoi la France est-elle en retard ?

« Il y a une méconnaissance de la préparation mentale. Il y a quarante ans, la préparation physique, c’était un OVNI. C’est un peu pareil aujourd’hui avec la préparation mentale. Souvent les entraîneurs ne connaissent pas et s’en méfient. D’autre part, certains professionnels font n’importe quoi et discréditent la profession. On pense par exemple à la préparatrice de Christine Arron qui travaillait sur les ondes du stade et qui a déposé de la poudre sur la ligne de départ. Ce n’est pas de la préparation mentale. »

> Comment se passe la relation avec le sportif ?

« On commence par un entretien, puis on analyse la spécificité du sport, l’enjeu, la relation avec l’entraîneur, les résultats. On réalise ensuite des tests spécifiques qui permettent de mesurer les habiletés mentales de base : confiance, engagement, concentration, stress. On a un certain nombre d’outils possibles mais on ne vient pas avec des recettes. On optimise les qualités mentales de chacun selon sa spécificité. »

> En quoi la préparation mentale est-elle importante pour un sportif de haut niveau ?

« Ce qui fait la différence sur le haut niveau, c’est le mental. Ce qui est paradoxal, c’est qu’on en parle beaucoup mais on ne le travaille pas. Les sportifs, dans 60 % des cas, nous approchent pour gérer le stress et les émotions. Ils ont souvent recours à nous quand il y a un problème. Rarement pour développer les capacités. »

> Sur quoi peut-on travailler ?

« L’imagerie par exemple permet de travailler sur des gestes très précis, répétitifs. Le lancer-franc, en basket. À l’entraînement, le taux de réussite est de 90 à 95 %. En match, il est nettement plus faible. Le penalty au foot. Au golf, c’est pareil. On travaille le switch, qui permet de faire le vide dans sa tête, comme le font les buteurs au rugby avant un coup de pied. Il y a toujours à travailler, même chez les sportifs qui ont une longue expérience du haut niveau. Regardez Zidane en 2006. Il y a des gens psychologiquement plus forts que d’autres mais ça peut se développer. Et puis, on travaille aussi beaucoup sur la récupération, sur la prévention des risques de blessure. » •

Des champions ont fait part de leur expérience en matière de préparation mentale

Interventions > La préparation mentale

Publié le 29/09/2012 – Mis à jour le 29/09/2012 à 03:20
La Voix du Nord

| À L’ARENA STADE COUVERT |

Mathieu Goubel

Jeudi dans l’amphi du stade couvert, la lutteuse Lise Legrand, le footballeur Franck Béria et le céiste Mathieu Goubel sont intervenus auprès de jeunes sportifs de haut niveau, invités à une représentation du spectacle Les Athlètes dans leur tête, à l’initiative du Crops* et de la Direction régionale de la Jeunesse et des sports.

– Comment avez-vous, dans votre parcours, géré le mental ?

« J’ai fait ma préparation mentale tout seul, au cours de mes études de prof de sport, j’ai appris les bases. Quelque fois, je rencontre Nathalie Crépin, psychologue du Creps de Wattignies. » – Utilisez-vous des techniques particulières, de la relaxation ?

« Pas de relaxation, mais des techniques de visualisation mentale. J’essaie de voir ce que je vais mettre en place pendant les courses, pour mieux me concentrer. J’ai 32 ans, ça fait quinze ans que je suis en équipe de France, cela m’a permis d’améliorer ma technique pour être performant à ce niveau-là.

Quand j’ai des doutes, j’ai des personnes autour de moi. Mon outil principal, c’est d’écrire mes objectifs et les moyens d’y arriver au début d’une olympiade, je me raccroche à ça. Comme je m’entraîne tout seul, ça pose des balises dans ma routine. Ça permet de se remobiliser. » – Est-ce plus simple selon vous de gérer son mental quand on pratique un sport individuel plutôt qu’un sport d’équipe ?

« Quand on est tout seul, c’est plus facile de se reconcentrer. En équipe, c’est une dynamique de groupe. J’ai du mal à comprendre, quand je vois chuter une équipe qui avait de bons résultats… Je fais moi aussi partie d’une équipe et le soutien des collègues est important. Faire en sorte qu’il y ait une bonne ambiance. » – Comment ça s’est passé aux JO ?

« J’étais dans ma bulle. Mais pas seul, mon équipier au club, Mathieu Beaumont, était là, et Marie Delattre, je n’étais pas paumé. On a eu des temps de discussion, de détente. Il faut passer au-delà de la pression pour vivre une compétition comme une autre, avec un enjeu derrière, mais ne pas être débordé par l’enjeu. » • PROPOS RECUEILLIS PAR G. CS.

PHOTO DELPHINE PINEAU

*Centre ressource en optimisation de la performance et en psychologie du sportif.

Retrouvez l’article: http://www.lavoixdunord.fr/region/des-champions-ont-fait-part-de-leur-experience-en-matiere-jna35b0n721383